ncien responsable de la communication de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), sous Nafi Ngom Keïta, Mody Niang connait bien le dossier du Coud qui était au menu de la conférence de presse du procureur de la République. Dans cet entretien avec Seneweb, il en révèle quelques bribes en reprochant au maître des poursuites de vouloir enterrer l’affaire.
Comment analysez-vous la position du procureur sur les supposés manquements dans la gestion du Coud révélés dans un rapport de l’Ofnac ?
Pour ce qui est de la conférence de presse du procureur, je l’ai entendue comme tous les Sénégalais. La conférence de presse était attendue- il aurait était saisi. Il a attendu cette conférence de presse pour faire le point sur beaucoup de choses, en particulier il a abordé les dossiers de l’Ofnac. Si vous avez retenu, il a déclaré lui- même avoir reçu de l’Ofnac 17 dossiers depuis…, disons 2016. Trois ans après, il en choisit un, le dossier qui concerne le public. Et voilà, il considère que ce dossier est émaillé de faiblesses et de dysfonctionnements; en particulier ce qu’il appelle « le droit à la contradiction » n’a pas été respecté. Et il a dit même avoir renvoyé le dossier à l’Ofnac pour précisions. Il le dit à ceux qui n’ont pas suivi le dossier et qui ne comprennent pas. Je précise qu’il a renvoyé le dossier, mais il n’a pas précisé que l’Ofnac a répondu. Et je précise aussi que l’Ofnac est organisé par une loi, cette loi ne prévoit pas un rapport contradictoire.
Les personnes ciblées par l’Ofnac n’ont donc aucun moyen de se défendre ?
Cette affaire de rapports contradictoires est un faux problème. L’Ofnac mène une enquête, entend les gens sur procès-verbal que les gens signent eux-mêmes. C’est eux-mêmes qui écrivent leurs réponses aux questions qui leur sont posées. Donc, il n’y a pas d’amalgames possibles. Il n’y a pas de rapport contradictoire au niveau de l’Ofnac, la loi ne le prévoit pas. L’Ofnac ne fait pas des audits, l’Ofnac mène des enquêtes sur la base de dénonciations qui lui ont été faites. C’est différent de l’Ige qui va voir ce qui se passe dans un service déterminé. L’Ofnac va avec des questions bien déterminées.
Sur le dossier du Coud, comment s’est déroulée la procédure ?
Après avoir enquêté, l’OFNAC a estimé que les faits incriminés étaient avérés et qu’ils étaient suffisamment graves pour faire l’objet d’un dossier. Un dossier a été fait dans les règles de l’art, par des personnes compétentes en la manière, et ça passe au dernier moment à l’assemblée générale de l’OFNAC qui comprend les 12 membres nommés par le président de la République et présidée par la président de l’OFNAC à l’époque (Nafi Ngom Keïta, Ndlr). Si tous les membres estiment que ce dossier doit être transmis au procureur de la République, le dossier est transmis au procureur de la République. Voilà comment ça se passe. Il n’y a pas de questions auxquelles il faut répondre par ce que les agents sont interrogés sur la base de questions écrites placées sous leurs yeux. Ces personnes-là répondent par écrit, sous procès verbal.
« Les missionnaires de l’Ofnac se sont rendu compte que des choses beaucoup plus graves que les faits dénoncés se sont passées au Coud. Lorsque que Nafi Ngom Keïta a envoyé une deuxième mission, les problèmes ont commencé pour elle. Elle a été relevée de ses fonctions. »
Qu’avez-vous découvert de grave au Coud ?
Durant leurs investigations, les missionnaires de l’Ofnac se sont rendu compte que des choses beaucoup plus graves que les faits dénoncés se sont passées au Coud. Ils ont saisi la présidente de l’Ofnac à l’époque. Celle-ci de leur dire de se limiter aux faits qui sont dénoncés. Après traitement de ces faits-là, elle enverra une seconde mission. Elle a envoyé une autre mission pour enquêter sur les autres faits que les gens ont décelés au cours de leurs investigations. C’est à ce moment-là que les problèmes ont commencé pour la présidente et elle a été relevée de ses fonctions. Donc, la seconde mission n’a pas pu aller à son terme.
Est-il vrai que le Dg du Coud n’avait pas été entendu ?
Il a été entendu. Ses agents ont été entendus par écrit. Je le répète et je le confirme : le directeur général et ses agents ont été entendus par écrit sur procès-verbal. Ils ont signé et ces procès-verbaux ont été joints au dossier puis envoyés au procureur de la République. En un moment donné, il (le directeur du Coud) a eu peur et il a intimé l’ordre à ses agents de ne pas répondre. Il a fallu que la mission de l’Ofnac fasse appel à un huissier pour qu’ils se remettent à répondre aux questions de l’Ofnac. Ça, le procureur de la République le sait. Et puis, même sur les éléments qu’il a donnés…, il a banalisé : « 132 millions par-ci, 82 millions par-là ». Il parle de 89 millions dépensés au Coud pendant la visite du président de la République, lors de l’inauguration de pavillons : 100 costumes, 100 cravates, 100 chaussures et des tenues pour des soi-disant hôtesses pour recevoir le président de la République à l’arrivée.
Ces dépenses n’étaient pas effectives ?
Après la manifestation, quand les agents de l’Ofnac se sont présentés, il n’y a pas eu d’engagement, il n’y a pas eu de bon de livraison et quand le film de la cérémonie a été passé en revue, il n’y a pas eu un seul costume, on n’a pas vu une seule tenue pour hôtesse. Ce sont des dépenses injustifiées. L’argent a été détourné. Et puis, il y a eu 459 millions de subventions entre 2014 et 2015 attribués parfois dans des conditions rocambolesques. Le procureur n’a pas fait état de ça et d’autres faits extrêmement graves. Il veut clôturer le dossier de l’Ofnac. Les enquêteurs de l’Ofnac ce sont des gens sérieux, des colonels de la gendarmerie, des commissaires divisionnaires, des magistrats, des inspecteurs des domaines, etc