Ayant vu le jour au milieu du 19ème siècle, Seydi El Hadj Malick Sy – appelé affectueusement Mawdo- est de la race de ces intellectuels dont le destin aura marqué d’une trace indélébile la destinée de tout un peuple, au-delà de ses contemporains. La rectitude de son parcours de vie est une référence que le temps ne parvient guère à altérer plus d’un siècle après son rappel à Dieu : Ethique, intégrité morale, humilité, altruisme, piété, courage. Quête perpétuelle de savoirs, passion de livres, patience… Portrait.
Né le 25 février 1855 à Deuw Fall près de Gaya, (département de Dagana) Seydi Hadj Malick Sy est le fils de Sokhna Fawade Wélé et de Ousmane Sy. El Malick s’est initié très top à l’apprentissage par sa propre famille en l’occurrence son oncle maternel Alfa Mayoro, et puis par son homonyme Thierno Malick Sow.
En 1863, à l’âge de 8 ans, il s’installe à Sagatta (Djoloff) avec son oncle paternel Amadou Sy. Dès son retour, il est confié ensuite à d’autres maîtres. Et chacun l’initie dans sa discipline (droit, grammaire, tajwiid, etc.) jusqu’à 1873, lorsqu’il a achevé le coran à l’âge de 18 ans. Il retourne alors chez lui et reçoit le Wird et le Hiddiaza (Grand Maître de l’Ordre Tidiane) des mains de son oncle maternel Alpha Mayoro. Il poursuit alors la recherche du savoir en étudiant d’abord le Fikh chez lui et puis chez Serigne Mour Sine Kane. Après le Fikh, il entame les études de la jurisprudence à Bokhal au Walo chez Serigne Moussé Ndiaye, à Keur Codé dans le Diambour, Chez Serigne Modou et à keur Taïba Sèye Chez Serigne Mour Kale Sèye. Après l’étude du Rassila, alors qu’il avait 25 ans, il part pour Ndar (Saint Louis), de 1880 à 1882 chez Serigne Ahmadou Ndiaye. Il retourne ensuite au Ndiambour pour parachever ses études juridiques pour les finir l’année suivante à Mbakol, dans le Cayor, chez Serigne Masylla.
Après cette longue pérégrination auprès des maîtres les plus réputés de l’époque, El hadj Malick s’installe à Ngabou Thieulé afin de cultiver la terre et enseigner le savoir. En 1889, il effectue le pèlerinage à la Mecque. De retour de la Mecque, il édifie la zawiya de Ndar (Saint Louis) en 1892. Il séjourne et crée des écoles au Djolof puis retourne au Walo. Ses nombreux déplacements, l’affluence des fidèles qu’il réunissait afin de leur dispenser des enseignements, les prières et Wazifa dans la ‘Zawiya’ et dans sa concession ont attiré l’attention des colons, qui ont assimilé ses invocations d’Allah à des mots de passe politique et des consignes de guerre, bref une idéologie qui menacerait l’avenir des colons dans le pays. Ils soupçonnent en outre le chef religieux de détenir des armes. C’est ainsi qu’il a été plusieurs fois convoqué devant le bureau politique du gouvernement du Sénégal de 1893 à 1905. A chaque fois, Maodo ne variait guère dans ses propos : « Dieu nous a ordonné, à vous et moi, de l’adorer, de prier. Vous avez refusé et moi j’obéis ; voila ce que mes fidèles et moi faisons chaque jour… concernant les armes, j’en ai une et une seule : mon chapelet avec lequel je me battrais jusqu’à ce que l’islam et la tidjanya atteignent les coins les plus reculés du monde. »
Des témoignages des plus grands érudits de l’époque et les différents rapports des services secrets français consignés dans les archives nationales confirment que l’administration française était convaincue que « El Hadj Malick Sy était le marabout le plus instruit, le plus cultivé, le plus pédagogue de son époque ».
Source : Tiossane