Dakar by night : Dans la fièvre du samedi soir

Les jours se suivent et se ressemblent à Dakar. Au moment où une bonne partie de la population tire le diable par la queue, certains se payent le luxe de gaspiller des fortunes, le temps d’une petite nuit. Je me suis promené dans Dakar.

Les jours se suivent et se ressemblent à Dakar. Au moment où une bonne partie de la population tire le diable par la queue, certains se payent le luxe de gaspiller des fortunes, le temps d’une petite nuit. Je me suis promené dans Dakar.

Des bars, des dancings, des restaurants et clubs aux lumières éblouissantes et attirantes vous donnent envie d’entrer et d’apprécier. Mais ceux qui faute de moyens suffisants scrutent de l’extérieur, se rendent compte que ça ne désemplit pas. Des hommes, des femmes de tous âges et de toutes origines s’y croisent comme dans les grandes foires internationales. C’est la belle vie et l’essentiel est de savoir jouir de ce qu’on a.

22h57mn, je suis devant un club de jazz célèbre de la ville. Le parking est plein. Au guichet on essaye de se procurer un billet d’entrée. Le rendez-vous de ce soir se justifie : « Aujourd’hui c’est Youssou Ndour, Ismaël  Lô, Cheikh Lô qui sont les invités d’Omar Pène qui rend hommage au défunt artiste Moussa Ngom et je suis sûre que toutes les places sont déjà occupées » me laisse entendre une jeune femme apparemment très impatiente de composter son billet. Elle ne tient plus sur ses pieds. Surexcitée sans doute qu’elle est.
Quant à votre fidèle serviteur, il n’a pas pu avoir le « visa » de cette grande soirée. Son bosse, malgré ses nombreuses relations n’a pas non plus réussi à procurer la passe. Je ne lui en veux pas. J’ai donc vécu cette soirée à l’extérieur de plusieurs endroits prisés. Pendant que les premières notes du Super Diamono me parvenaient aux oreilles, je me suis dit que je n’avais pas sommeil et que cela pouvait aussi faire un sujet pour Senegal7. C’est décidé !

Des filles de joie tapies à l’ombre

L’avenue Cheikh Anta Diop jadis bouillonnant de voitures la journée, se décongestionnait. A quelques centaines de mètres de là, le On the run (espaces de restauration logés dans une station d’essence) attire du beau monde. Il manque de la place et beaucoup font la queue. C’est une clientèle majoritairement maghrébine et orientale. Dans ses alentours immédiats déambulent de jeunes filles dans l’obscurité. Bien nippées, elles s’offrent aux plus généreux.

Vers minuit, devant un autre club de jazz du Point E, des airs de salsa percent les murs. En face, ça entre et ça sort d’un restaurant thaïlandais. De charmantes jeunes filles habillées avec goût se font remarquer, bras-dessus, bras-dessous, en compagnie d’hommes d’âge mur. Ils sortent du restaurant avec des sachets remplis. Je m’imagine qu’il s’agit de bonnes choses à déguster en intimité…
Sur le chemin du retour vers ma lointaine banlieue, ça roupillait à cette heure tardive, dans les quartiers populeux de Colobane, Fass…Cela se comprend : c’est le fief de ces nombreux goorgorlus (débrouillards) qui, chaque jour, se lèvent au petit matin à la recherche de quoi entretenir leur famille. Dans ces quartiers, au crépuscule, on fait la queue devant la vendeuse de bouillie de mil du coin pour le repas du soir. D’autres préfèrent une tasse de café avec une miche de pain tartinée au niébé. C’est ça aussi l’autre facette de la capitale sénégalaise… Un Dakar à deux vitesses. 
Senegal7

 

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