Cheikh Niang et Ousmane Konté, qui comparaissaient hier devant la Chambre criminelle de Dakar, risquent la prison à vie, si le tribunal suit le réquisitoire du procureur Ramatoulaye Ly. Cheikh Niang a voulu se venger de la prostituée Coumba Diop, qui a commandité son agression par le passé. De concert avec son acolyte Ousmane Konté, ils ont assassiné la dame dans sa chambre, la nuit du 5 au 6 janvier 2011. Ils seront fixés sur leur sort le 4 juillet 2017.
Le 8 janvier 2011, le délégué de quartier de l’Unité 20 des Parcelles Assainies a informé les éléments enquêteurs de cette localité de la découverte d’un corps sans vie d’une dame à moitié nue, et en état de putréfaction très avancée. Un transport sur les lieux a permis de faire le constat des faits. L’examen médical du docteur Mendez de l’hôpital de Grand-Yoff a permis de constater de très graves blessures sur le côté gauche du cou, auquel est attaché un mouchoir qui s’enfonce dans les chairs à cause de la dégradation du cadavre.
Interrogé, Cheikh Lo, le propriétaire de la maison où la victime a été trouvée, a révélé aux enquêteurs que cette dernière s’est présentée à lui comme une restauratrice. Ce qui n’est pas le cas, car elle était une belle de nuit. Selon le sieur Lo, elle ne sortait que le soir et ne revenait que tardivement la nuit, toujours dans le même taxi clando. C’est une odeur nauséabonde provenant de la chambre de la locataire qui a attiré Cheikh Lô. C’est sur ses entrefaites qu’il est allé solliciter l’aide du chef de quartier, avec qui il a découvert le drame.
Les investigations ont permis d’interpeller en premier lieu le chauffeur de taxi clando Ousmane Konté. Entendu une première fois, il dit l’avoir vue pour la dernière fois lorsqu’il l’a ramenée chez elle la nuit du 5 au 6 janvier. Mais après, il est revenu sur ses déclarations et avoué que le jour du meurtre, il a transporté la dame chez elle. Elle était accompagnée d’un autre homme de teint clair. Et quand ils sont arrivés dans la chambre, l’homme l’a violée avant de la poignarder. C’est pour cela qu’il a pris la fuite.
Ibrahima Ndir, un témoin, entendu à la police, a juré avoir vu Ousmane Konté le soir du meurtre, avec la dame vers les coups de 2 heures jusqu’à 3 heures du matin, avec son clando garé devant la maison.
Les réquisitions de la Sonatel vont confirmer les propos du témoin. Il s’est avéré qu’Ousmane Konté était en perpétuel contact téléphonique avec Coumba, la nuit de l’assassinat, c’est-à-dire la nuit du 5 au 6 janvier 2011 jusqu’à 22 heures.
Une autre prostituée a fait un témoignage qui sera déterminant. Elle s’est rendue à la police sous l’anonymat et révélé avoir rencontré un homme dénommé Cheikh Niang, qui lui a confié qu’il ne remettrait plus les pieds aux Parcelles assainies afin de ne pas être épinglé, vu qu’il est recherché.
Selon elle, Cheikh Niang lui a révélé qu’il est l’auteur de l’assassinat de la prostituée.
Après des recherches qui ont duré 1 mois, Cheikh Niang est arrêté.
A l’enquête préliminaire, Cheikh Niang avait reconnu avoir étranglé jusqu’à tuer la victime Coumba Diop. Car cette dernière a commandité son agression par le passé. Et qu’il était touché dans son honneur, c’est pour cela qu’il l’a appâtée avec des billets de banque afin de l’entrainer dans son piège et de la tuer dans sa chambre. Il a déclaré avoir connu la victime, dont il est le client, 7 mois auparavant et qu’ils avaient eu à entretenir des rapports sexuels à maintes reprises.
C’est ainsi que Cheikh Niang et Ousmane Konté ont été emprisonnés pour viol, assassinat et vol commis la nuit avec violences ayant entrainé la mort pour le premier et complicité de ces chefs pour le second.
A la barre de la Chambre criminelle 6 ans après, ils ont essayé de nier. Commerçant de son état, Niang a déclaré : «Je n’ai pas tué cette dame, je ne la connais même pas. Je le jure que je dis la vérité en cette période de Ramadan». Ce sont les mêmes dénégations qu’on entend chez son co-accusé Ousmane Konté. «Je ne connais pas Cheikh Niang et je n’ai assassiné personne. Je n’ai pas participé à ce meurtre. Toutes ces déclarations à la police, je les ai tenues sous d’intenses tortures que j’ai subies», a-t-il pesté.
Très remontée, le ministère public Ramatoulaye Ly atteste que les accusés veulent juste se soustraire au glaive de la justice, ce qui ne saurait prospérer devant les éléments objectifs de ce dossier. Aussi, le maitre des poursuites a requis les travaux forcés à perpétuité à leur encontre. Indigné par ce réquisitoire, Me Boubacar Dramé demande que le tribunal acquitte Cheikh Niang. Selon la robe noire, le PV d’enquête préliminaire ne sert qu’à titre de simples renseignements. Et aussi aucun élément impliquant son client n’a été trouvé et rapporté à la barre. C’est le même souhait qu’a laissé entendre Me Adnan Yakhya, constitué pour Ousmane Konté. Le conseil affirme que Ousmane n’a pas apporté d’aide ni d’assistance dans cette affaire. Le délibéré sera vidé le 4 juillet 2017.
Fatou Diouf (Stagiaire)
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