La vie et l’œuvre d’Ahmadoul Moukhtar Mbacké (Serigne Afia)

Cheikh Ahmadoul Moukhtar plus connu sous le nom de Serigne Afia Mbacké était un chef religieux soufi et mouride, frère cadet de son guide spirituel Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme.

Fils de la brave et vertueuse Sokhna Anta Ndiaye Mbacké et du grand savant juriste Serigne Mame Mor Anta Saly Mbacké. Serigne Afia est né en 1871 à Porokhane dans la région du Saloum (Kaolack) au Sénégal. Son père lui a donné le nom de son cousin et ami Cheikh Ahmadou Moukhtar Niang appelé Serigne Afia ce qui signifie: Le marabout de Afia.

Il fut initié au Coran par son père jusqu’à ce qu’il ait assimilé 45 des 60 hisbs qui composent le Coran. À l’époque la Madrassa de Serigne Mor était l’une des plus grands établissements scolaires de ce pays et des étudiants y affiliaient de partout. Il donna Serigne Afia à Serigne Ndame Abdou Rahmane qui était à ce moment étudiant dans la Madrassa. C’est dans les mains de ce dernier qu’il ai mémorisé le coran dés l’âge de 10 ans. Son père l’a ensuite confié à son grand frère Serigne Mame Mor Diarra pour qu’il l’enseigne le Tajwid. Serigne Mame Mor Diarra l’écoutait réciter le Mushaf chaque soir durant 100 jours. Son père le reprend et commença à lui enseigner les Sciences Religieuses avec les œuvres de son frère aîné Cheikh Ahmadou Bamba. Il était le premier à étudier les œuvres de Cheikh Ahmadou Bamba (Mawahibu Khoudoss).

Il fut aussi élève de Serigne Mbacké Bousso l’un des plus grands érudits de sa génération.

En 1882 Sokhna Anta Ndiaye avait entendu Mame Mor Anta Saly faire l’allégeance à son fils, Cheikh Ahmadou Bamba. C’est ainsi qu’elle avait recommandé elle aussi à ses autres fils (Serigne Afia et Mame cheikh Anta) de faire eux aussi l’allégeance à Cheikh Ahmadou Bamba. Après le rappel à dieu de son père, Serigne Afia restait toujours au côté de son frère Cheikh Ahmadou Bamba.

Quand les autorités coloniales ont décidé d’envoyer Serigne Touba en exil au Gabon le Cheikh lui avait ordonné d’aller à Darou Salam près de sa mère Sokhna Anta Ndiaye Mbacké et Mame Cheikh Anta Mbacké (son frère germain) et d’enseignait le Coran.

Il était soumis à l’instar de tous les grands disciples et lui vouer une obéissance totale. Son désaffection aux biens mondains et sa passion à l’adoration de Dieu faisaient que Cheikh Ahmadou Bamba voulait toujours qu’il soit près de lui. Il était son proche compagnon et confident.

En 1902 quand il fut exilé de nouveau en Mauritanie, c’est Serigne Afia qui avait dirigé la délégation des disciples qui l’accompagnaient. Dans ce voyage, le Cheikh ne voulait pas que n’importe qui  l’accompagne. Il a juste choisi ceux qui avaient un niveau scolaire avancé et savaient bien supporter des difficultés avec une patience forte.

Cheikh Ahmadou Bamba lui ordonnait de diriger là-bas les prières surérogatoires (Nafila).

Le coran qu’il récitait au moment de la prière était bien rythmé avec sa belle voix. Ce qui poussait les maures à demander au Cheikh qu’il lui vende son esclave. Cheikh Ahmadou Bamba de leur répondre qu’il n’est pas son esclave mais plutôt son petit frère de même sang. Serigne Afia prit une corde pour l’attacher à son cou avant de dire au Cheikh: « je suis ton esclave, tu peux me vendre ».

A leur retour, Serigne Touba était mis en résidence surveillée à Diourbel par les autorités coloniales française. Serigne Afia venait lui rendre visite régulièrement. Et à chaque fois que le Cheikh eût besoin de lui, il faisait appel à lui jusqu’à un bon jour où il lui dit: « viens près de moi, j’adore le Seigneur. Sois mon témoin car toute action a besoin d’être témoignée ». Cette affirmation, Serigne Khass l’avait rapporté de Serigne Afia. Le Cheikh lui donna une maison près de chez lui et fît de lui son vice-Imam (Na’ib) à la mosquée. Serigne Afia venait prier derrière lui à chaque appel du muezzin, en plus il était un savant et était pieux. C’est la raison pour laquelle le Cheikh a fait de lui son vice Imam. Il était parmi les rares privilégiés avec lesquels le Cheikh discutait.

Le Cheikh logeait aussi ses hôtes de marque chez Serigne Afia. Selon El hadji Abdou Diop, ex chef de village de Keur Gou Mag, c’est chez Serigne Afia qu’il voyait beaucoup de dignitaires. Il n’y avait que lui qui avait l’autorisation d’entrer dans l’appartement des femmes du Cheikh. Serigne Touba avait mis un gardien à la porte et ce dernier interdisait l’accès à toute personne non autorisée. Selon Sokhna Ndiakhate Sylla, la femme du Cheikh, à chaque fois qu’elles (les femmes du Cheikh) voyaient Serigne Afia venir chez elles, elles étaient sûres que ce dernier rapporter un message de Cheikh Ahmadou Bamba (ordre ou nouvelle etc…).

Après la disparition de Serigne Touba, c’est Serigne Afia qui s’occupait de leurs ravitaillements alimentaires jusqu’à la fin de ses jours. Ses fils (Serigne Modou Farmata, Serigne Khassim ainsi que Serigne Abdou Lakram). De même que son petit fils, Serigne Moustapha Lakram.

Il entretenait de bonnes relations avec tous ses frères. Serigne Abdoul Khouddoss, fils de Mame Thierno, a raconté à Serigne Moustapha Afia que Serigne Afia effectuait, à chaque année au jour du Achoura, une visite annuelle chez Mame Thierno Birahim. Il ajoute que son père ordonnait, pour l’honneur de l’hôte, que l’on étale des pagnes depuis l’entrée du village.

Serigne Afia a aussi eu l’honneur d’être la dernière personne à recevoir un ordre venant du Cheikh. En faite Serigne Touba à dit à Serigne Cheikh Tacko Diop: « que Serigne Afia dirige les prières et le Maouloud. Ce sont les derniers mots du Cheikh. Après son rappel à Dieu, c’est Serigne Afia qui l’a remplacé à la mosquée. Il consacra sa vie à l’adoration de Dieu et aux actions pieuses. Un chemin qu’il va suivre jusqu’à son dernier souffle. C’est en pleine prière, à la dernière tashahhud, qu’il a rendu l’âme, le mardi 31 décembre 1940, à Darou Salam chez son frère aîné Mame Cheikh Anta Mbacké.

Ces successeurs (khalifs) étaient:

Serigne Modou Farmata de 1940 à 1957 (17ans),

Ensuite Serigne Khassim 1957-1983 (26ans),

Et Serigne Abdou Lakram 1983-1996 (13ans),

Serigne Guédé 1996- 2013 (17ans),

Serigne Modou Abdoulahi 2013-2016 (3 ans),

Et son actuel khalif est Serigne Saliou Mbacké. Que dieu l’accorde une très longue vie.

Serigne Khadim Bousso (Senarabe TV)

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