«Si je perds, j’arrête la politique» : une promesse à la mode, mais rarement tenue

LE SCAN POLITIQUE – François Hollande a confié son intention de ne pas briguer de nouveau mandat en cas d’échec à la présidentielle de 2017. Comme d’autres l’ont fait avant lui, sans toujours respecter leur engagement…

figarofr: Nicolas Sarkozy et François Hollande, en 2013.© ELMOND JIYANE/AFP Nicolas Sarkozy et François Hollande, en 2013.

S’il perd, il raccrochera les gants. Dans ses confidences au Figaro, François Hollande a confié son intention de se retirer de la vie politique active en cas de défaite à la présidentielle de 2017. «Être battu exige une retraite, un retrait, a-t-il expliqué. Ça me paraît impossible de repartir, de se présenter à telle élection législative. Je ne me vois pas briguer un mandat. Giscard, quand il avait terminé son mandat, avait 55 ans. Moi, j’aurai près de 63 ans… Ce qui ne veut pas dire ne plus s’intéresser à la politique ou même parler politique, intervenir dans le débat politique. Mais briguer un nouveau mandat ou redevenir premier secrétaire du PS, ça non…»

Une annonce stratégique, puisqu’elle permet au chef de l’État d’afficher une posture d’humilité et de sortir de la position du président sortant candidat de droit divin… Et de glisser au passage un petit tacle à Nicolas Sarkozy, revenu aux commandes des Républicains après sa sortie de l’Élysée. En promettant de ne pas s’accrocher à un mandat en cas de défaite, François Hollande s’offre l’image d’un politique au service du pays, comptable de ses échecs. Probablement y a-t-il dans cette promesse une part de sincérité, tant il semble complexe pour un homme ayant goûté à la fonction suprême de replonger dans les eaux tumultueuses de la vie de parti et des batailles parlementaires.

La «tentation de Venise» n’est souvent que temporaire

Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et il en va des politiques comme des gros fumeurs, qui finissent toujours par replonger. L’exemple le plus marquant reste bien sûr celui de Nicolas Sarkozy, qui avait promis en 2012 de se retirer de la vie politique en cas d’échec. «J’ai 56 ans, je fais de la politique depuis 35 ans, j’ai un métier, je changerai complètement de vie, vous n’entendrez plus parler de moi si je suis battu», confiait-il lors d’un déplacement en Guyane, fin janvier. On connaît la suite de l’histoire…

Lionel Jospin, qui avait annoncé son retrait de la vie politique au soir du 21 avril 2002, a pour sa part tenté de revenir avant la présidentielle de 2007. N’excluant pas d’être candidat s’il apparaissait comme «le mieux placé pour rassembler», l’ancien premier ministre avait été rapidement contraint de renoncer, faute de soutiens.

À croire que la «tentation de Venise» n’est souvent que temporaire et relève surtout de la posture. Ainsi, Arnaud Montebourg, qui annonçait fin 2014, après son départ du gouvernement, que «le moment est venu pour (lui) de (s)e retirer de la vie publique professionnelle», est-il en train de préparer son retour en vue de la primaire de la gauche. Et François Fillon, qui a promis de se quitter la vie politique nationale en cas de défaite à la primaire de la droite, n’a pas abandonné l’idée de briguer à nouveau la 2e circonscription de Paris lors des prochaines législatives.

Quant à Alain Juppé, déjà auteur d’un spectaculaire «come-back» après sa traversée du désert entre 2004 et 2006, il a annoncé son intention d’arrêter la politique nationale tout en poursuivant son engagement local en tant que maire de Bordeaux.

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