Réponse à Macron : « Imposer aux Africains trois enfants par couple… »

Imposer aux Africains trois enfants par couple n’est pas la bonne solution face au sous-développement du continent

Lors du sommet du G 20 qui s’est tenu à Hambourg en Allemagne les 7 et 8 juillet 2017, un journaliste ivoirien a posé la question suivante au président français Emmanuel Macron: À quand un plan Marshall pour l’Afrique pour l’aider à sortir de la pauvreté? Cette question est très légitime et pleine de bon sens pour plusieurs raisons. D’abord parce que depuis que le contact entre l’Europe et l’Afrique a eu lieu au 15e siècle, l’Europe avant et maintenant le monde occidental, n’ont cessé de commettre des torts inqualifiables à l’Afrique. Il s’agit en premier de la pratique de l’esclavage transatlantique qui en déportant des dizaines de millions d’Africains dans les Amériques, en les faisant travailler comme des bêtes de somme et en niant leur humanité et leur âme, a saigné la démographie du continent. Pour rappel, avant l’esclavage transatlantique, les démographes estiment que la population de l’Afrique noire équivalait à celle de la Chine. Au moment des indépendances africaines survenues majoritairement dans les années 1960, (c’est-à-dire 400 après ce contact) l’Afrique accusait un retard démographique de 300 millions d’habitants par rapport à la Chine. Ensuite, les puissances coloniales et le nouveau Monde (les Amériques) ont profité d’une main d’œuvre qui a viabilisé les terres en cultivant le coton, la canne à sucre, le riz, l’indigo ou en se servant des esclaves comme domestiques dans les maisons. Ce capital amassé sur la force et la sueur des Africains par les propriétaires des esclaves a permis de financer la révolution industrielle du 19e siècle. Lorsque les Révolution industrielle s’est mise en route et que la machine est devenue plus rentable que l’homme, on commença à développer des discours abolitionnistes plus hypocrites que sincères parce que les Noirs vont désormais être utilisés dans les armées des puissances européennes pour l’extension des territoires à conquérir. Après avoir donné leur sueur et leur force, les Noirs vont maintenant avec l’impérialisme montant donner leur sang dans les terrains de batailles partout dans régions où les puissances européennes sont engagées. C’est un fait historique que personne ne peut effacer. Puis il y a la colonisation de l’Afrique qui fut partage entre les puissances européennes sans qu’aucun Africain ne suit consulté. c’est le fameux Scramble for Africa. À la veille de la Première Guerre Mondiale, pratiquement toute l’Afrique est conquise par les puissances européennes. Commence alors l’entreprise coloniale: exploitation des sols (en remplaçant les cultures vivrières africaines par des cultures industrielles), confiscation de terres, destruction de sociétés, de civilisations et des cultures plusieurs fois millénaires. La présence européenne en Afrique que de la tyrannie, des abus et un génocide sociale, économique et culturel des peuples africains pacifiques et moins armés que les agresseurs européens. Le sous sol africain aussi fut à son tour exploité. Tout ce qui est utile dans le sol et le sous-sol africain appartenait dès lors aux dominateurs, qui en ont profité pour développer leur pays et construire les villes et métropoles. La France par exemple n’a pas un centimètre carré d’uranium dans son sous-sol mais elle a les meilleures routes goudronnées du monde. Où a-telle pris l’uranium? Cet exemple n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Les hommes et femmes africains furent également exploités. Les hommes jeunes et robustes furent utilisés dans les armées pour permettre aux puissances coloniales d’agrandir leurs territoires outre-mer et leurs zones d’influences politique, économique et culturelle dans le monde, les autres individus obligeaient de payer les impôts en argent ou en nature (rendement agricole) qui devait être envoyé dans les métropoles européennes. Les femmes n’étaient pas épargnées, elles devaient fournir des vivres aux administrateurs, aux colons et aux militaires ou passer des jours et des semaines à piller le mil comme en 1914 lors de la Guerre que les femmes africaines désignent sous le nom de l’année de pillage de mil. Bref on ne peut pas lister ici les nombreux abus et exactions des Européennes envers les Africains, sinon on passerait des heures et des heures, voir des jours et des jours. Arrivent par la suite les indépendances qui sont acquises non par la générosité des puissances coloniales mais du fait des deux guerres mondiales qui ont réduit les forces de la vieille Europe et permis à de nouvelles superpuissances comme les États-Unis et l’ancienne URSS de devenir les deux géants de la planète. Voulant eux aussi (É.U et URSS) leur part dans le partage de ce monde, ces superpuissances ont incité les colonies à se révolter pour devenir autonomes. Ceci permettrait aux Américains et Soviétiques de se repositionner sur la scène internationale. D’autres facteurs que nous n’allons pas mentionner ici ont également favorisé le déclenchement du mouvement des indépendances en Afrique. Si celles-ci ont suscité beaucoup d’espoir en Afrique, les Africains allaient vite désenchanter en réalisant que le système d’exploitation, de domination, loin de disparaître s’est renforcée. On commença alors à parler de néo-colonialisme qui consistait à se retirer du continent physiquement mais en mettant en place des stratégies et méthodes d’exploitation aussi violentes et injustes que les premières et parfois encore plus. Durant ces 500 ans de contact en l’Afrique et l’Europe, notre continent n’a cessé de souffrir, les Africains n’ont cessé de subir des humiliations, des traitements inhumains. Cinq cent ans de domination européenne sans parler de plus de mille ans d’esclavagisme et d’exaction des arabo-musulmans, l’Afrique est devenue un continent bouleversée, un continent qui finit par abdiquer. Voilà donc le plus ancien peuple du monde, le plus beau peuple du monde accepte et intériorise ce qu’on lui a dit: un peuple laid, incapable et sans civilisation. Cette longue et douloureuse histoire a fait de l’Afrique un peuple méprisé par tous les non Africains et ce mépris a été transmis aux Africains entre eux. Tout est donc à refaire et les responsables doivent assumer leurs torts et corriger leurs actes. C’est pour cela que la question des réparations à la fois morale, politique et économique est très fondée et justifiée, d’autant plus que d’autres peuples qui ont subi des torts certes, mais de loin minimes comparés à ceux que les Africains enduré, ont obtenu des réparations de la part de leurs dominateurs de jadis. Citons-n quelques uns: les Juifs ont obtenu des réparations considérables suite à ce qui s’est passé dans les camps de concentration, les Japonais font des réparations aux Chinois parce qu’ils ont occupé la Mandchourie en 1931 et brutalisé les populations de cette région chinoise. Les Amérindiens aux États-Unis et surtout au Canada sont en train d’obtenir des réparations de taille (reconnaissance culturelle, langue, construction de conseil scolaires autochtones, promotions sociales et politiques, etc.) pour les torts commis envers les communautés de la part des immigrants européens plus armés. L’Europe après avoir été complètement anéantie lors de la Seconde Guerre Mondiale a acquis de fortes réparations financières à travers le plan Marshall (France, Grande-Bretagne, Allemagne). C’est tout ce que l’Afrique réclame aujourd’hui parce que son retard et son sous-développement contrairement à ce qu’on veut nous faire croire dans les livres, les médias et discours politiques en Occident ne sont pas dus à une démographie galopante ou à une incapacité des Africains qui seraient moins intelligents que les autres, mais au contraire à cette longue et étouffante agression qui mis le continent à terre. Voilà ce que nos dirigeants devaient dire au président français. Mais, au lieu de répondre à cette question très pertinente et juste d’un journaliste africain, le président français en grand manipulateur et irrespectueux des Africains a choisi d’amener le débat sur un autre terrain pour donner moins d’importance à une question centrale dans l’histoire de l’humanité. Nombreux sont les intellectuels africains et les citoyens du continent qui se sont dits indignés par les propos du président français selon qui si l’Afrique est pauvre c’est parce qu’elle a « problème civilisationnel » et une démographie galopante. Non Mr Macron, l’Afrique est loin d’être la seule responsable de sa situation actuelle. Soit tu es ignorant ou de mauvaise foi ou c’est parce que tu n’as aucun respect envers l’Africain qui est pourtant ton ancêtre lointain vu que les premiers hommes sur terre sont des Noirs et tous les humains viennent de l’Afrique. Ne serait-ce que pour cette raison tu devrais respecter l’Afrique et les Africains. Le pire dans cette affaire est que E. Macron oublie que les femmes européennes faisaient aussi elles aussi jusque dans les années 1940 plusieurs enfants (7 à 8 enfants par couple) et que les Canadiens-Français pour survivre face l’invasion des Britanniques en Amérique du Nord n’avaient autre choix que de faire 15 à 17 enfants par femme, le taux de fécondité le plus élevé au monde. Ça aussi c’est l’histoire, on n’invente rien. C’est seulement les deux guerres mondiales qui ont changé la situation. Quand des hommes sont partis combattre au front en Europe et ailleurs ou surveiller les frontières des pays, les femmes les ont remplacées dans les usines, dans les bureaux et dans beaucoup d’autres domaines. Revenus de la guerre, les hommes ont voulu reprendre leur place et renvoyer les femmes dans les foyers, c’était trop tard, parce que les femmes avaient décidé de mettre fin à cette domination masculine et elle se mirent à réclamer leurs droits politiques, civiques, une égalité parfaite etc. D’où l’origine des mouvements féministes en Occident comme les Suffragettes, le mouvement des cinq femmes au Canada ou Simone Veil et son mouvement d’émancipation des femmes en France, etc. Voilà comment les femmes occidentales sont passées de statut de femmes au foyer avec 7 à 8 enfants en moyenne à des femmes libres avec un taux de fécondité très faible de enfants de 1 à 2 en moyenne. Désormais il est impossible de forcer aucune femme occidentale à faire beaucoup d’enfants dans la mesure où elle a atteint un statut qu’on lui a toujours refusé depuis des millénaires. Elle tient de plus à son autonomie, à son indépendance à son corps, qu’à rester à la maison s’occuper des enfants. C’est pourquoi, malgré tous les budgets alloués aux familles nombreuses pour inciter les femmes à faire plus d’enfants, aucun résultat concret ne se produit car les femmes occidentales ont définitivement tourné cette page. Aujourd’hui, tous les pays occidentaux et pays développés ont le même problème, un énorme déficit démographique qu’ils ont pu ou qu’ils espèrent encore compenser par l’immigration venue justement de ces pays à « démographie galopante ». Bref, rien de nouveau sous le soleil et tout cela est connu. Le manque de respect, les déclarations irrespectueuses et bourrées de préjugés, les images et stéréotypes négatifs sur les Africains ainsi que les études manipulatoires et mensongères envers l’Afrique et les Africains ne datent pas d’aujourd’hui. Les propos de Macron sont donc à mettre dans ce vaste fleuve d’ordures de tout genre. En revanche, ce que nous ne comprenons pas, ce qui nous choque le plus, c’est l’attitude des dirigeants africains face à ce manque de respect dont nous sommes victimes, face à ces humiliations incessantes envers les Africains. Si nos dirigeants n’ont pas le courage de rappeler le président français à l’ordre et à la raison en lui donnant des arguments historiques et des faits documentés, ils devraient au moins se taire et faire profil bas en laissant aux intellectuels et universitaires africains le soin de répondre comme ils l’ont fait à travers un ouvrage L’Afrique répond à Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier a prononcé son discours raciste, nauséabonde et irrespectueux envers les Africains à l’université de Dakar. Mais se retrouver dans des hôtels cinq étoiles au Burkina-Faso pour rédiger des documents demandant aux familles africaines de faire aux maximum trois enfants. C’est indigne et c’est malheureux. Quelle honte pour un peuple méprisé, un peuple abandonné, un peuple qui a tant souffert et qui cherche à se reconstruit. Le mal de l’Afrique, comme le disait le tonitruant chanteur ivoirien Alpha Blondy vient d’abord des élites africains qu’ils qualifiait d’imbéciles dans une célèbre chanson: tout change, tout évolue seuls les imbéciles ne changent pas. Ces élites traitres, incapables de parler d’une seule voix, incapables de comprendre les logiques de ce monde et voir la réalité en face, incapables de mettre l’intérêt général des populations au-dessus de toute autre considération personnelle, partisane ou communautaire sont donc les premiers ennemis de l’Afrique et des populations africaines. En plus, la décision que les parlementaires de l’Afrique de l’Ouest ont pris pour imposer à chaque couple en Afrique d’avoir au maximum trois enfants est à mon avis techniquement irréalisable et financièrement impossible. Aucun pays africain ne peut imposer un nombre d’enfants à une famille africaine aujourd’hui. C’est une perte de temps et de l’argent mis dans la poubelle. Ce qu’il faut faire pour aider les Africains à sortir de la pauvreté c’est de leur donner une bonne instruction qui doit être obligatoire et généralisée pour tout le monde jusqu’à l’âge de 18 ans. Ensuite aider les jeunes à se professionnaliser dans des domaines qui génèrent de l’emploi en Afrique pour qu’ils puissent vivre dignement chez eux sans aller quémander leur existence ailleurs où ils seront victimes de racisme, de discrimination et de regards haineux quotidiennement. Quand ils auront ces deux choses (une éducation de qualité et un travail rentable et durable), ils pourront eux-mêmes réduire le nombre d’enfants par couple sans que personne ne les impose quoi que ce soit; parce qu’ils seront comme tous les autres citoyens des pays de la terre, ils aspirent à vivre heureux, dans la paix et dans la sécurité. Quand l’Afrique aura mis en place un système éducatif fiable et généralisé, quand elle aura réussi à créer des collèges pour professionnaliser tous les métiers de l’informel et donner du travail aux jeunes filles comme aux jeunes garçons, la vie de tous va changer et le taux de fécondité finira par baisser si c’est cela qu’on veut. Quand la femme est instruite et autonome, qu’elle soit bissau-guinéenne ou suédoise, elle accordera plus d’importance à sa santé, à son corps et donc les familles nombreuses ne seront plus une priorité. Chacun vivra sans dépendre de l’autre et sa vie aura du sens. Voilà ce que les Africains attendent de leurs dirigeants, mais pas voir nos présidents soumis, inféodés à la France ou à l’Occident et prêts à leur donner toutes nos ressources naturelles (pétrole pour ELF, uranium pour Areva, cacao pour les Suisses et les Belges, etc.) dans le seul but de trouver des soutiens extérieurs qui les arment et les aident à se maintenir au pouvoir pour encore profiter plus de nos ressources. C’est une honte pour tout Africain de voir cette situation perdurer sans marquer son opposition. Pour finir, si nos dirigeants veulent aider la jeunesse et sauver l’Afrique des agressions de ce monde, ils doivent instruire tous les enfants sans exception et à un niveau très élevé qui leur permettra de comprendre les véritables enjeux de ce monde et leur inculquer la fierté d’être Africain, la fierté d’être noir et aimer l’Afrique et accepter d’y vivre pour toujours. L’Africanité et le changement de discours et de vocabulaire doivent être les maîtres mots en ce XXIe siècle. Sinon les Africains auront toujours les yeux rivés sur l’étranger et prêts à tout pour y aller alors que l’étranger c’est un mythe et l’Africain demeure confiné au bas de l’échelle dans ce monde partout où il vivra sauf en Afrique. Le travail est colossal, mais il doit commencer en Afrique, par les Africains et pour les Africains. Aucune autre nation, personne d’autre ne viendra aider l’Afrique à la place des Africains.

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