En réaction à l’attentat de Barcelone, Trump raconte encore n’importe quoi

Ce jeudi, quelques heures après l’attaque à Barcelone qui a tué au moins 13 personnes et blessé 100 autres, Donald Trump a d’abord sorti la carte de l’union. « Les Etats-Unis condamnent l’attentat terroriste à Barcelone et feront tout ce qui est nécessaire pour aider l’Espagne. » Il écrivait aux Espagnols de rester « forts ». « Nous vous aimons. » Quarante-cinq minutes plus tard, Trump a changé de ton. « Regardez ce que le général Pershing des Etats-Unis faisait aux terroristes lorsqu’ils étaient capturés. Il n’y a plus eu d’islamisme radical pendant 35 ans! »

Donald Trump fait référence à une légende urbaine qui veut qu’en 1911, durant la guerre hispano-américaine, le général Pershing avait forcé un groupe de six rebelles musulmans à regarder mourir six autres de leurs camarades. On leur aurait tiré dessus avec des balles trempées dans de la graisse de porc et leurs cadavres auraient été enveloppés dans de la peau et des entrailles de porc, une profanation puisque la consommation de porc est interdite dans l’islam.

Trump avait déjà évoqué cette histoire le 19 février 2016. Il avait gonflé le nombre de musulmans tués (49 selon lui), transformant la graisse de porc en sang, et assurant qu’un seul avait été laissé en vie pour « avertir son peuple ».

Selon le site Snopes, spécialisé dans la vérification des légendes urbaines et des faits, cette version de l’histoire est fausse. Aucune biographie du général Pershing ne fait référence à cette histoire. PoliFact note cependant que dans ses mémoires « My Life Before The World War », Pershing racontait qu’un autre commandant présent aux Philippines durant la guerre avait enterré « au moins un » musulman avec un cochon mort. « Ce n’est pas agréable de prendre de telles mesures mais la perspective d’aller en enfer à la place du paradis a parfois dissuadé de futurs assassins », écrivait-il. Il y a donc bien eu une histoire de cochon mais on ne parle pas de balles trempées dans de la graisse ou du sang et Pershing n’a rien fait de ce type.

Pour les historiens, l’histoire racontée par Trump est « une fabrication » et a « longtemps été discréditée ». Enfin, puisqu’on n’est pas à une incohérence près, dans sa première version de l’histoire en 2016, Tump assurait que le général Pershing avait mis fin à l’islamisme radical « pendant 25 ans » grâce à son action. Désormais, il parle de 35 ans. A l’époque déjà, beaucoup lui avaient signalé qu’il avait propagé une légende urbaine mais il avait refusé de se rétracter. On suppose qu’il ne le fera pas plus aujourd’hui.

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