RAPPORT DE L’INSPECTION GÉNÉRALE DES FINANCES SUR LA P

Silence, on se partage un « butin » de la République dans les couloirs du Prodac. Ce programme qui constitue le fer de lance de la politique d’emploi des jeunes du président de la république vit des heures sombres avec son lot de détournements de fonds, d’objectifs, de surfacturation, de concussion et de clientélisme. Un rapport de l’inspection générale des finances en dresse un tableau qui met à nu un crime financier unique dans l’histoire du Sénégal. Les détails d’un scandale sans précédent dans l’article ci-dessous.

En février 2017, une mission de l’inspection générale des finances débarque au Prodac, à la cité Keur Gorgui, pour débusquer les fissures de la gestion financière douteuse de ce programme initié par Macky Sall pour booster l’emploi des jeunes en milieu rural à travers l’aménagement de 30 000 hectares de terres répartis sur 10 terroirs à travers le pays et l’enrôlement de 300 000 jeunes dans les Domaines Agricoles Communautaires (DAC). On parle bien d’agriculture, alors le rattachement du programme au ministère de l’Emploi et non à celui de l’Agriculture devient une hérésie. Mais l’objectif stratégique de création massive d’emplois pour les jeunes est brandi pour justifier ce choix institutionnel.

Dès lors, le ministre Mame Mbaye Niang se retrouve avec un gros fromage dans son département. Jean Pierre Senghor est nommé Coordonnateur du Programme avec un plan de mise en œuvre validé par le chef de l’Etat pour un démarrage avec 4 DAC à Séfa (région de Sédhiou), Keur Samba Kâne (Diourbel), Keur Momar Sarr (Louga) et à Itato (Kédougou) pour un coût global de 29 milliards 600 millions de FCFA.

Forcing et errements au démarrage

Les dirigeants du Prodac, pressés par on ne sait quel enjeu financier, signent un contrat par entente directe avec la compagnie israélienne Green 2000 sans au préalable avoir le quitus de la Direction Centrale des Marchés Publics (DCMP) et sans pouvoir justifier que Green 2000 est la société ayant l’exclusivité du développement du concept des DAC. L’injonction de la DCMP faite au Prodac de bloquer le marché et de lancer un appel d’offres international n’y fera rien. Les techniciens du Prodac seront mis sur la touche et Daniel Pinhassi, patron de Green 2000, dira aux enquêteurs lors de son audition en mars 2017 que ses seuls interlocuteurs étaient le coordonnateur Jean Pierre Senghor et le ministre Mame Mbaye Niang. Ainsi, sans la moindre police d’assurance, ni caution, Green 2000 empoche la rondelette somme de 5 milliards 920 millions 107 mille 200 cents FCFA en guise d’avance et ce suite à des pressions exercées sur LOCAFRIQUE.

Quid de LOCAFRIQUE !

LOCAFRIQUE est la compagnie ouest africaine de crédit-bail. L’Etat du Sénégal a conclu avec elle un contrat de financement du programme des Domaines Agricoles Communautaires pour un montant de 29 600 536 000 FCFA. Les dirigeants de LOCAFRIQUE vivront l’enfer avec cette affaire puisque le contrat n’a été notifié que le 25 juillet 2016 et pourtant (sic) le ministre Mame Mbaye Niang, assurant la tutelle du Prodac, avait déjà émis cinq mois auparavant l’ordre de service de démarrage n°0151/MJECC/SG/CAB/SP du 24 mars 2016.

Ceci tendrait à prouver la volonté de faire bénéficier à Green 2000 de l’avance de démarrage. Pourquoi le ministre défend-il la compagnie israélienne et non les intérêts de l’Etat du Sénégal ? Une attitude suspecte surtout que Green 2000 a omis de payer le montant de garantie de bonne exécution fixé à 5% du montant du marché augmenté ou diminué. Le Directeur Général de LOCAFRIQUE dira aux enquêteurs que « l’Etat, au regard des nombreux manquements notés dans le cadre de ce projet, a tout intérêt à faire preuve davantage de prudence » !

LOCAFRIQUE déplorera par la suite la surfacturation de Green 2000 qui voulait empocher une avance TTC de 5 920 107 200 FCFA en lieu et place des 5 016 383 928 FCFA effectivement payés. Aucune des autorités sénégalaises impliquées dans la gestion de ce dossier n’a alors défendu les intérêts du Sénégal. C’était le temps de la parfaite entente entre Jean Pierre Senghor et Mame Mbaye Niang. Le clash survenu entre les deux hommes mit le premier hors course au profit d’une administration aux ordres du ministre avec un officier des Eaux et Forêts devenu directeur des opérations du Prodac (et ami du ministre). un transhumant à qui il sera confié la gestion d’un fonds de 47 milliards (toujours ami du ministre) et des fournisseurs choisis un peu particuliers…car ils seraient des parents des décideurs.

Autre incongruité dans cette affaire : entre mai et août 2016, Green 2000 a bénéficié de virements de l’ordre de 2 311 568 854 FCFA sans au préalable avoir versé les frais d’enregistrement de son contrat. C’est précisément le 23 août 2016 que la société israélienne s’acquittera du versement d’un montant de 250 984 000 FCFA au Centre des services fiscaux de Grand- Dakar et ceci vaudra une demande d’explication servie à Jean Pierre Senghor par le ministre Mame Mbaye Niang.

Si le comportement de LOCAFRIQUE dans ce dossier est à saluer, plus tard, un autre dossier lié au Prodac prouvera que la compagnie finira par accepter de manger à la table des loups. Toujours est-il que LOCAFRIQUE se devait de s’assurer du respect des modalités de paiement avant de libérer les fonds requis par le Prodac et Green 2000. Jean Pierre Senghor cautionna le payement d’une avance de 3.762.287.946 FCFA et son successeur Mamina Daffé celui de 1.254.095.982 FCFA.

Les sordides prestations connexes

Le recrutement de bureaux de contrôle ne changera rien à la gabegie au sein du Prodac. Le cabinet SOTERCO soulignera dans son rapport de février dernier que «à ce jour, aucun décompte ou facture n’a été transmis à la mission de contrôle… Le bureau de contrôle n’est pas en mesure de faire une corrélation entre les travaux effectués ou restant par rapport au décompte». Pire, pour la communication et le transit, le coordonnateur Mamina Daffé a fait, selon les enquêteurs, «preuve de légèreté ayant entrainé un préjudice financier important contre l’Etat».

La société TIDA retenue pour la prise en charge des frais de dédouanement et de transport des équipements livrés par Green 2000 du port de Dakar aux sites de destination finale est spécialisée d’après son NINEA en «commerce de détail hors magasin» ! Ce choix du coordonnateur Mamina Daffé surprend l’ancien coordonnateur Jean Pierre Senghor qui confiera aux enquêteurs « être étonné par le procédé puisque le patron de TIDA, Ibrahima Cissé, est un proche du ministre Mame Mbaye Niang.

Sur le volet communication, le cabinet 3 M Universel sera recruté par le Prodac pour assurer une visibilité au Programme des Domaines Agricoles Communautaires et conseil pour un montant de 63 950 000 FCFA. La gérante dudit cabinet, entendue sur procès-verbal le 20 février 2017, a soutenu avoir été mise en contact avec LOCAFRIQUE par le ministre de la Jeunesse Mame Mbaye Niang. Les enquêteurs attendent jusqu’ici les éléments justificatifs de l’effectivité des prestations prétendument réalisées…

2 Commentaires

  1. on peut réécouter les interventions de Mame Mbaye Niang sur l’affaire Khalifa sall avec ses leçons qu’il donnait sur la bonne gouvernance

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