L’enfant Becaye finalement décede après l’amputation de sa jambe

Dans notre édition d’avant-hier, lundi 20 février 2017, nous vous relations les déboires médicaux de Bécaye Cissé, un gamin de 6 ans.  L’enfant, victime d’une ‘‘fracture fermée au pied’’, après un accident routier, a été mal plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, infecté de tétanos, selon ses parents,  avant d’être amputé de la jambe droite le 21 janvier  dernier à l’Hôpital général de grand Yoff. Si nous en reparlons aujourd’hui, c’est que le môme est finalement décédé hier. Et c’est avec consternation qu’EnQuête a appris cette triste nouvelle. Et en la  circonstance, nous publions de nouveau l’article qui a été consacré au malheur du défunt enfant.

BECAYE CISSE (6 ANS) SOUFFRE LE MARTYRE APRES UNE AMPUTATION

Ses parents dénoncent une bourde médicale

Bécaye Cissé, victime d’une ‘‘fracture fermée’’ en tentant d’éviter une voiture, a été ‘‘plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, doublement amputé, et infecté d’un tétanos’’, à l’Hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), selon ses parents.

“Un jour viendra où le principal avantage d’apprendre la médecine sera de se protéger contre les médecins”, disait le journaliste écrivain canadien Jacques Ferron dans son œuvre ‘‘Le Saint Elias’’. La mésaventure du petit Bécaye Cissé, 6 ans, à  l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), a tendance à accréditer cet aphorisme. L’histoire est une consternante succession de mésaventures médicales, d’après la version des parents. L’enfant, victime d’une ‘‘fracture fermée au pied’’ après un accident routier, a été mal plâtré, déplâtré, replâtré, opéré, infecté de tétanos, avant d’être amputé de la jambe droite. Une succession d’erreurs médicales que le menu gamin porte sur son frêle corps endolori, alité dans une chambre du service de réanimation à Hoggy. Rien que des enflures sur sa petite personne dont la plus visible reste la langue qui est constamment exposée hors de la cavité buccale, les lèvres boursoufflées. ‘‘Aujourd’hui (mercredi 8 février 2017  Ndlr) vous l’avez trouvé en bonne forme’’, se réjouit sa mère Aby Ndiaye. La dame est peut-être soulagée de voir les premiers signes d’une amélioration depuis bientôt un mois, depuis cette date fatidique du 11 janvier 2017, jour de l’accident, mais le gamin souffre tellement que ce sont de légers couinements qui s’échappent en réaction aux cajoleries maternelles.

Moussa Cissé le papa, qui s’active dans le commerce, vêtu d’un Lacoste blanc, semble plus à même de relater le film des évènements du mercredi 11 janvier qui ont conduit à cette révoltante situation. ‘‘Il revenait de l’école coranique et devait rentrer chez nous à Castors, près du marché. C’est là qu’on m’a appelé pour me dire qu’une voiture l’a touché, aux environs de 13 heures, au Front de terre en face de la gendarmerie. A l’accueil de l’Hoggy, on nous a dit que c’est une fracture. Quand la radiographie l’a confirmée, les médecins ont dit qu’ils devaient plâtrer sa jambe. Aux abords de 18 heures, ils lui ont fait un plâtre. Le supérieur a dit au médecin que c’était mal fait en lui montrant le cliché. Il s’est exécuté à nouveau et son chef lui a fait la même observation. On voyait qu’il était exaspéré par ces remarques. C’est au troisième essai, au crépuscule, qu’ils nous ont libérés pour nous demander de revenir le lendemain. Le jeudi 12, ils ont enlevé tout ce qu’ils avaient fait la veille pour replâtrer la jambe du petit. ‘‘Cette fois, c’est la bonne. Revenez le 31 janvier ’’, nous ont-ils dit.

Un récit placide qui cache bien sa douleur paternelle qui s’exprime dans les quelques jurons qu’il laisse échapper de temps à autre. Poursuivant sa narration, il fait savoir que de retour à la maison, l’enfant s’est mis à pleurer toutes les larmes de son corps. Devant la douleur et un pied qui s’enflait à vue d’œil, il n’a pas attendu le 31 pour se rendre à l’hôpital. ‘‘Dans la matinée du mardi 17 janvier, nous nous sommes rendus à Hoggy de nouveau et avons retrouvé le même groupe de soigneurs du premier jour. Ils ont décidé de déplâtrer encore une fois, et du liquide purulent a giclé de la plaie. Le pied de Bécaye avait complètement noirci. Je les ai entendu dire : ‘‘C’est grave hein !’’ Après des conciliabules à voix basses, ils m’ont dit qu’ils allaient devoir l’hospitaliser. Pendant qu’on cherchait une salle, l’enfant pleurait toujours. On nous a mis dans une espèce de débarras où se trouvait toute sorte de matériel. Il y a passé la nuit alors que son cas devait être diligenté’’, continue Moussa Cissé.

‘‘Ils ont dit ‘‘wagni Thieur’’. Il n’y a pas mille interprétations. Ça signifie amputation !’’

Sur le grand lit où il s’agite faiblement par intermittence, Bécaye a le corps innervé de fils qui servent aux perfusions. Un qui part du nez se perd sous la couverture blanche qui lui cache le bas du corps. Trois électrodes collent à son frêle buste. Les parents du petit Bécaye ne sont pourtant pas au bout de leurs désagréables surprises comme le montre la suite d’un éprouvant récit. ‘‘Le lendemain, mercredi (18 janvier), ils sont venus me dire qu’on doit lui amputer la jambe. ‘‘Mais ça va pas non ? Vous plâtrez, déplâtrez comme ça vous chante et maintenant, c’est l’amputation. Mon gosse ne sera pas amputé !’’ lui ai-je rétorqué. ‘‘Quand je suis sorti dans l’après-midi pour acheter des médicaments, ils l’ont amené au bloc opératoire à mon insu, mais ma femme m’a appelé vers 18 heures pour me le dire. Je suis intervenu à temps en m’agrippant au lit et y opposant un niet catégorique. Ils m’ont dit que je n’avais pas le droit d’entrer dans le bloc. Je leur ai dit que celui qui s’aventurait à amputer le pied de mon fils verrait avec moi. J’en suis même venu aux mains avec l’un des médecins. Quand on nous a séparés, j’ai exigé que mon fils sorte du  bloc. Nous avons discuté plus calmement par la suite et je lui ai suggéré une opération avec une pose de fer et de soigner l’infection par la même occasion’’, dit-il.

Moussa Cissé de poursuivre : ‘’Ce n’était qu’une fracture fermée à la base. Quand je suis allé raconter cela aux sapeurs, ils m’ont dit que c’était impossible qu’on en soit arrivé à envisager une amputation. Les médecins sont allés jusqu’à dire à un de mes beaux-parents que c’est moi qui ai dû mal comprendre car ils parlent d’opération et non d’amputation. Mais moi je sais bien ce que j’ai entendu, ils ont dit ‘‘wagni thieur’’. Il n’y a pas mille interprétations. ‘‘Wagni Thieur’’ veut bien dire amputation. Finalement ils l’ont opéré, lui ont posé des fers pour immobiliser l’os. Mais il n’y a pas eu de suivi’’.

Négligence médicale ? Le pater répond par l’affirmative puisque d’après lui, c’est à la suite de cette pose que son fils a contracté le tétanos. Furax, il dit : ‘‘La nuit du mercredi au jeudi, le gosse a été laissé à lui seul, pas  un médecin de garde qui soit venu s’enquérir de sa situation alors qu’il saignait abondamment. Le lendemain, le médecin s’est étonné de ce saignement. Le pied du gamin avait complètement noirci. C’est justement après la pose de ces fers qu’il a contracté le tétanos avec des tremblements sur tout le corps. Le soigneur a dit que ce n’était pas un bon signe.’’

‘‘Quand l’urologue a voulu savoir qui a monté la sonde, ils se sont mis à se regarder’’

 

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