Enlèvements et massacres des enfants : Le silence étant coupable, le temps de la rigueur n’est-il pas venu ?

Une fois de plus, la classe politique se défoule sur le débat du parrainage, de la réduction da la caution, de qui peut être candidat et qui ne peut l’être. Ce débat est conduit à coups d’affirmations péremptoires et laisse de côté les principes moraux les plus essentiels. Alors que le seul débat qui vaille est celui qui pose la clairvoyance d’une stratégie à long terme dont le point de départ serait l’Enfant et la finalité l’Homme.

Tous les jours, nos enfants sont emportés comme dans un ouragan par ces vagues d’enlèvements et de massacres qu’aucune finalité terrestre ne saurait expliquer au même moment où l’Etat voir plus généralement la classe politique se perd dans un débat électoraliste.

Pour comprendre la portée plus sépulcrale de ces enlèvements et massacres ne faut-il pas plutôt le lire comme l’expression du profond affaiblissement symbolique de l’Etat et de ses représentants ou de l’élite politique ?

Le fond de ma préoccupation est que je ne peux m’expliquer le silence assourdissant qui ne fait que refléter le sérieux discrédit des élites politiques et qui nourrit la légitimité nouvelle de tous ceux qui déclarent, sans mandats particuliers, parler pour le peuple au risque de verser dans l’émotion.

Face à cette montée de l’émotionnel, les politiques choisissent de plus en plus souvent de répondre par du suivisme. En illustrent l’épisode de l’incendie du Daara à la médina (il y a cinq ans, 9 talibés périssaient, calcinés le 3 mars 2013), le naufrage des femmes de Bettenty (21 femmes sont mortes dans ce naufrage le 24 avril 2017), la tuerie de Boffa Bayotte (14 bûcherons devaient mourir le 6 janvier 2018), le crash de l’hélicoptère de l’armée à Missirah (8 morts et 13 blessés il y’a juste un mois le 14 mars passé). Tous ces douloureux événements avaient tous ameuté la classe politique et sont restés sans suite, ou pire, de la surenchère politique. Aussi ne peut-on pas s’inquiéter de la banalisation faite des enlèvements, tortures, viols, meurtres d’enfants quotidiennement et qui pourraient expliquer cet affaiblissement de la valeur accordée à la raison pour décider, diriger et être rigoureux dans la gestion du pays.

Il est clair que les mesures prises sous le coup de l’émotion sont rarement les bonnes : l’enfer, on le sait, est pavé de bonnes intentions et les effets pervers viennent souvent ruiner les objectifs affichés des mesures trop hâtives. On peut sérieusement craindre qu’il en soit ainsi pour la grosse campagne annoncée à grande pompe pour le retrait des enfants de la rue. Une telle mesure n’a-t-elle pas prospéré à cause de forces occultes et peu scrupuleuses ? La suite on l’a tous vu : Que nenni, c’est relou et rimbou !

Alors, comment croire aux convictions de ceux qui cèdent si facilement au moindre mouvement d’humeur de telle ou telle catégorie sociale ou de ses représentants ? Une autre voie est de croire à la fermeté des convictions, à l’explication rationnelle des politiques envisagées et de leurs effets collectifs possibles, aux vertus pédagogiques du débat contradictoire sur les programmes, et finalement à la sanction du suffrage universel, bref de croire à la politique (saine) celle là qui s’occupe des véritables préoccupations du peuple.

Suivre l’opinion qui s’approprie les vrais sujets est-il le meilleur moyen de revaloriser la politique ? Ou considérer que les parents soient-ils pour autant démissionnaires et légitimer tout bonnement et ignorer que le silence pourrait-il être coupable ?
Quoi qu’il en soit, le temps de la rigueur n’est-il pas venu, pour éviter le pilori, de devoir réduire notre déficit sécuritaire, au risque de transformer un silence relativement modéré en véritable chambardement.

Nous pouvons très bien faire une relance sécuritaire aujourd’hui (grande campagne d’opération de coup de poing réunissant nos forces de défenses et de sécurité), mais nous devons simultanément mettre en place l’antidote et prendre dès maintenant les mesures qui permettront d’éliminer notre déficit de sécurité sur le long terme (grand programme de surveillance et de contrôle intelligent).

Thierno THIOUNE
Maître de Conférences Titulaire
Directeur des Etudes du CREFDES

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