Contribution – Musique sénégalaise: on confond souvent course de vitesse et course de fond… par Amadou Lamine MBAYE

Contribution: Musique sénégalaise: Nivellement vers le bas ou quand la quantité prime sur la qualité Au Sénégal, dans tous les domaines, on confond souvent course de vitesse et course de fond. Ce constat est beaucoup plus vérifié dans le milieu du showbiz et surtout de la musique où les acteurs confondent vitesse et précipitation. Il y’a quelques années au Sénégal, pour percer dans la musique, il fallait faire des sacrifices dans toute l’acception du terme et à tous les niveaux pour espérer nourrir son rêve.

A leurs débuts dans les années 70,Omar Pène et le Super Diamono en plus de leurs ateliers chez Baylo Diagne consacrait la majeure partie de leurs temps à faire des recherches. Plus tard, ils ont même investi la brousse et les profondeurs du Sénégal à Kaolack et en Casamance à la découverte de sonorités exotiques. Pareil pour Yousou Ndour et le super Etoile, le Xalam, le Lemzo Diamono et toutes ces formations musicales mythiques dont les albums sont restés intemporels et continuent toujours de faire danser bon nombre de Sénégalais. « Nila » (Omar Pene) , Ndigeul (Xalam), « Seven Seconds » (Youssou Ndour) , « Firnin Fouta » (Baaba Mal) , « Nela Thias » (Cheikh Lo) , « Adiana »(Coumba Gawlo) ou encore « Adouna »(Ndongo Lo) resteront à jamais des chefs d’oeuvres qui défieront le temps. Avec cette jeune génération sans personnaliser le débat, cet effort de recherche n’existe plus.

Cette quête de la perfection n’en parlons pas. L’informatisation et le numérique ont entraîné les acteurs actuels de la musique dans une culture de la paresse. Là où les Thione Seck, Oumar Pène, Youssou Ndour, Baba Maal etc… mettait des années à concocter un album. Maintenant, la quête du buzz et le sensationnel tuent la musique à petits feux. La quantité a pris le dessus sur la qualité. Bref, il n y a plus ce respect pour les mélomanes qui consomment à tout va ce qu’on leur propose.

La musique a laissé la place au bruit et au tintamarre avec un Mbalakh frénétique qui à la limite bousille les tympans. Résultat des courses, ce style musical que les Youssou Ndour Omar Pène Baba Maal, Toure Kounda etc… ont pu imposer et vendre dans les quatre coins du globe, n’attire plus à quelques exceptions près. Remplir des salles mythiques comme Bercy, Zénith, ou faire guichets fermés dans les plus grands festivals de musique du monde n’était pas un miracle pour certains d’entre eux. Ce qui n’est pas le cas pour leurs cadets ou leurs prétendus successeurs qui ont du mal à suivre la cadence. Une introspection et une remise en question s’imposent dès lors pour ceux qui sont censés prendre la relève et porter le flambeau de la musique Sénégalaise. Ce n’est que l’humble avis d’un simple observateur passionné de musique. Objectivement.

Amadou Lamine MBAYE journaliste, spécialiste en communication

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