Au Zimbabwe, le président Robert Mugabe, 93 ans dont 36 passés au pouvoir, fête officiellement son anniversaire, ce samedi 25 février, après l’avoir célébré, le mardi 21 février. Le plus vieux dirigeant en exercice de la planète fait les choses avec faste. Il organise un banquet géant pour célébrer son jour de naissance, au coût exorbitant pour un pays en ruine. Ses détracteurs dénoncent aussi le lieu choisi pour les festivités, théâtre d’un massacre historique de l’opposition.
Viande d’éléphant ou de buffle, gâteaux géants… Robert Mugabe a du goût mais pas celui de la mesure. L’année dernière, il y avait un gâteau de 92 kilos pour ses 92 ans.
Cette année, Robert Mugabe n’a pas dérogé à la règle de l’extravagance. L’un des gâteaux est sorti du lot, il représentait une des Mercedes du président.
Le festin gargantuesque qu’il a organisé, ce samedi, a sans aucun doute réjoui le palais de son millier de convives. Il a aussi et surtout fait grincer les dents de tous les autres habitants du pays. Le coût des festivités a été estimé à un million de dollars dans un pays en faillite et où 90% de la population n’a pas d’emploi formel.
Autre pomme de discorde, celle du lieu choisi pour les agapes. Le parc national des Monts Matobo se trouve à proximité d’un ossuaire où reposent les restes des victimes de l’un des plus importants massacres d’opposants au régime en place, le massacre de Gukurahundi. En 1982, deux ans après l’accession au pouvoir de Robert Mugabe, sa fameuse 5e brigade, une unité spéciale de l’armée, avait tué 20 000 partisans de Joshua Nkomo, ancien allié de Mugabe devenu son rival.
Mbuso Fuzwayo, le porte-parole d’Ibhetshu Likazulu, un groupe de pression au Zimbabwe, estime que le choix du lieu est « inhumain ». « Beaucoup de gens ont été jetés dans des puits de mines et ont été retrouvées mortes dans cette zone. C’est irresponsable de sa part de fêter ça dans un endroit où on sait qu’il y a des ossements de personnes qui ont été tuées. Pour nous, c’est inhumain de faire une fête ici dans une zone où les gens sont toujours en train de pleurer, où les ossements sont toujours dispersés. Mugabe ne montre pas un visage humain. Si c’était le cas, il ferait cela autre part. Cela montre bien que le gouvernement s’en fiche. »
Mais pas de quoi gâcher la fête d’anniversaire du président zimbabwéen dont les 93 ans sont une nouvelle occasion, pour lui, d’afficher son ambition de briguer un nouveau mandat présidentiel, l’année prochaine, avec un argument limpide délivré en début de semaine. « La majorité des gens pense qu’il n’y a personne pour me remplacer », a-t-il assuré.