Youssou N’dour : « Je suis convaincu que depuis +Egypt+ (en 2004), +Africa Rekk+, c’est l’album le plus abouti »

youssouAprès quelques années où il s’est principalement activé dans la politique et les affaires, la star sénégalaise Youssou N’dour célèbre son « retour » comme chanteur avec un nouvel album et une série de concerts la semaine prochaine à Paris, à la Philharmonie et au Bataclan.

Youssou N’dour retrouve avec ce nouveau disque « Africa Rekk », récemment sorti, une inspiration qui l’avait un peu abandonné. Le précédent, « Dakar-Kingston », avec des reprises de classiques du reggae, avait laissé une impression mitigée.

A cette époque, en 2010, le « businessman » (dans la production et dans les médias) avait alors pris le pas sur le musicien, et le « politique » allait bientôt prendre le relais avec des postes dans le gouvernement sénégalais. « Je suis arrivé dans la politique d’abord par accident, lorsque je me suis engagé en 2011 contre le changement de la constitution, comme une grande majorité des Sénégalais », se justifie-t-il.

Le chanteur populaire annonçait en février 2012 sa candidature à la présidence, finalement invalidée, puis soutenait la campagne de Macky Sall, l’actuel président qui lui a confié le portefeuille de la Culture puis du Tourisme.

Désormais ministre conseiller du président, il a pu prendre un peu de distance avec la politique et se concentrer à nouveau sur sa musique.

« Je pense que depuis +Egypt+ (en 2004), c’est l’album le plus abouti », estime l’enfant de la Médina, le quartier au coeur de Dakar où il a grandi, au sujet de son nouveau disque caractérisé selon lui par « la diversité ».

« Afrika Rekk » montre toutes les facettes du talent et de la personnalité de Youssou Ndour: mbalax (musique populaire sénégalaise) ouvert à la pop internationale qui rappelle les anciennes collaborations du chanteur avec Peter Gabriel dans « Jeegel Nu », mbalax plus traditionnel avec « Serin Fallu », la pulsation reggae de « Conquer the World » pour un duo avec le rappeur américano-sénégalais Akon, l’art de la ballade avec « Oumar Foutiyou Tall »…

Des premières notes colorées de l’harmonica de Vincent Bucher sur « Gorée », en ouverture, jusqu’à la touche finale vintage de « Money Money », une chanson afro-cubano-calypso qui clôt l’album et rappelle l’âge d’or de la musique ouest-africaine, le disque est jalonné de belles surprises.

– L’Afrique d’aujourd’hui –

Deux chansons sont des tubes en puissance: « Be Careful », un mbalax sautillant aux accents latinos où roulent les tambours d’aisselle et tricote la guitare électrique, avec un refrain entêtant et un mélange de wolof, de français et d’anglais. Quant à « Ben La », cette rumba congolaise interprétée en duo avec Fally Ipupa, la nouvelle star kinoise, donne des fourmis dans les jambes.

« Afrika Rekk » (« L’Afrique seulement ») a aussi pour ambition de témoigner de l’Afrique contemporaine.

« Ce disque, c’est un voyage un peu partout en Afrique, des rencontres », raconte Youssou N’dour. « J’ai beaucoup collaboré avec le reste du monde, Peter Gabriel, Ryuichi Sakamoto, la musique anglo-saxonne. Je me suis dit que j’avais +sauté+ un peu le continent (africain), et j’y retourne ».

« J’ai envie de dire aux gens d’ici (en Europe, ndlr): venez voir ce qui se passe à Dakar, Abidjan, Brazza », poursuit ce fils d’une mère griote et d’un père menuisier.

« Afrika Rekk » a été enregistré par son petit frère dans les studios que possède Youssou N’dour à Dakar.

Youssou N’dour, 57 ans, musulman pratiquant, en profite aussi pour chanter l’espoir, la solidarité ou dénoncer la violence faite aux femmes. De bonnes vibrations qu’il va diffuser la semaine prochaine à la Philharmonie de Paris (mardi) puis au Bataclan (les 18 et 19 novembre), une salle qu’il connaît bien pour s’y être produit plusieurs fois.

« C’était important d’être là pour qu’ils (les 90 morts de l’attaque jihadiste dans cette salle le 13 novembre 2015, ndlr) ne soient pas oubliés, et je pense qu’avec la musique, je pourrai apporter cette vie dont a besoin Le Bataclan. La musique va pouvoir parler, mon discours, il est dans ma musique.

Par Christophe CHEYNIER (AFP) 

 

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