Sac au dos, bavette sur uniforme, les élèves en classe d’examen ont répondu massivement à la décision du ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, qui a ordonné la réouverture des écoles, le jeudi 25 juin dernier, afin d’éviter la sentence d’une année blanche ou invalide.
Apprenants et enseignants ont ainsi repris la craie et la route des écoles. Mais acclimatés durant plus de 03 mois à toutes formes de distractions, les candidats aux différents examens semblent ne pas vouloir se débarrasser de leurs téléphones portables pour relever un défi plus que jamais difficile. À cela s’ajoute, « l’incivisme » des certains apprenants qui s’entêtent à ne pas respecter les gestes barrières. Dans la même mouvance, le volume horaire indiqué par le ministère de la tutelle déchante certains acteurs de l’éducation au même titre que la nouvelle couture du programme scolaire.
En vérité, l’école ouvre ses portes mais sommeille encore… Reportage Malgré plusieurs mois de vacances obligées, l’État n’a jamais voulu ni d’une année blanche, encore moins d’une année invalide. De suite, la réouverture des écoles avait été ordonnée, le jeudi 25 juin dernier, en dépit du fiasco du 02 juin 2020. Ainsi, élèves et enseignants ont rejoint les temples du savoir pour annihiler le risque d’une année scolaire stérile. Seule inquiétude, certains élèves, si ce n’est la majorité, semblent avoir du mal à se concentrer, à adopter de nouveau le rythme des cours.
«C’est difficile pour moi de suivre les cours. Au début de la rentrée, j’ai rangé mon téléphone portable afin de me déconnecter des réseaux sociaux. Mais avec les 03 mois passés à la maison, j’ai rallumé mon portable et difficile pour moi de quitter la toile», déclare Zeynabou Sy, élève en classe de 3e au Collège d’enseignement moyen (Cem) Hlm Grand Yoff. En effet, Facebook, Whatsapp, Instagram, Tik Tok, entre autres, ont fini de s’emparer du moindre espace de temps chez les apprenants pour qui le défi de s’en libérer est plus que jamais grand et ardu. C’est d’ailleurs ce que révèle cette candidate au diplôme du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem).
«J’ai des amis sur Facebook, Instagram, Whatsapp, qui veulent discuter avec moi tout le temps. Même si je suis obligé d’éteindre mon téléphone, mes pensées sont focalisées sur mes messages. Je fais de mon mieux pour me passer de mon téléphone mais franchement c’est difficile», at-elle expliqué. Et d’ajouter : «il y a beaucoup de notions que j’ai oubliées, alors que c’est une continuité. J’ai du mal à comprendre les professeurs mais ces derniers sont pressés de terminer le chapitre compte tenu du nouveau calendrier scolaire». Dans la même dynamique, plusieurs enseignants dénoncent «la passivité» et «un état d’esprit de distraction chez les élèves». Aux Cours secondaires des Parcelles Assainies, Abou Bathily, professeur de Mathématiques est dépité et dépassé par des élèves dont les téléphones portables ne cessent de vibrer et qui se livrent à toutes formes de distraction pour perturber le bon déroulement de son cours.
«La tâche qu’implique cette reprise est déjà fastidieuse mais certains élèves récalcitrants viennent la rendre encore plus difficile. Ils ne cessent de bavarder, de manipuler en cachette leurs portables, de demander de façon répétée des permissions pour aller aux toilettes dans le seul but de passer un appel ou de poster rapidement un statut sur les réseaux sociaux C’est du n’importe quoi», lâche-t-il. Avertissant qu’a «cette allure, la majorité des élèves ne peuvent pas réussir aux examens prévus pour très bientôt».
Réagissant dans la même veine, sa collègue professeur de philosophie explique que «les élèves sont encore immergés dans cette période «d’avant reprise des cours» où ils avaient les réseaux sociaux comme fidèles compagnies, les distractions de tous genres. Aussi cette période correspond à celle des vacances, donc difficile pour ces derniers de s’acclimater». Ceci étant, Coumba Adji Bèye indique que «la responsabilité de recadrer les enfants incombe aux parents d’élèves. Il faut que les parents d’élèves jouent leur rôle en conscientisant les apprenants sur les enjeux. C’est à eux de reprendre les téléphones portables, de contrôler s’ils apprennent les cours ou pas et de veiller à ce qu’ils soient disciplinés». Mais malheureusement, poursuit elle «plusieurs parents d’élèves abandonnent les élèves à leur sort. Ces derniers recopient à peine les cours et trouvent mille moyens pour pouvoir manipuler leur téléphone portable en plein cours. Triste !»
VOLUME HORAIRE PREJUDICIABLE
Par ailleurs, l’autre équation qui mine la face déjà hideuse de cette rentrée est le volume horaire. «Les cours démarrent à 09 heures et les élèves terminent au plus tard à 14 heures, y compris la pause. Vous avez moins de 04 heures de cours par jour, contre plus de 06 heures dans un régime normal. Je pense que malgré la suppression de plusieurs chapitres des programmes, les enseignants auront du mal à terminer le programme en respectant tous les contours que cela implique afin que les élèves puissent bien comprendre », martèle Moussa Sène, directeur du Groupe scolaire « Les Génies ».
Dénonçant « l’incivisme » des élèves, le patron de cet établissement scolaire logé au cœur du Scat-Urbam résume le portrait de la banalisation des gestes barrières par les apprenants et avertit du danger en gestation. «Les élèves font semblant de porter les masques. Dès qu’ils aperçoivent le surveillant, ils essaient de remettre leurs bavettes. Mais, une fois hors de l’établissement ou en absence d’une autorité de l’école, ils s’en débarrassent comme un sale torchon». Et de poursuivre : «le pis, ces derniers forment des groupuscules qui ne respectent aucunement la distanciation physique indiquée par les autorités sanitaires. Bras dessus dessous, des jeux de contacts rapprochés. Avec une telle conduite, les cas de contaminations sont à la porte des écoles»