Waly Seck en colére contre ceux qui le voient comme un politicien .
Waly Seck: «Je ne suis pas dans la politique et je n’en fais point. Je suis un chanteur. … »
Comment va la musique, pour Wally Seck ?
Je dois dire que la musique fait partie de nous, c’est notre gagne-pain, à nous artistes. La musique évolue selon le bon vouloir de Dieu. Il est important de le noter. Alors, est-ce la musique se développe dans le bon sens ou dans l’autre ? En tout cas, pour ma part, ça marche.
Pensez-vous, alors, que la musique sénégalaise est tout aussi en bonne santé ?
Oui, je le pense, parce que je suis dans la musique sénégalaise, même si quelque part, je fais également dans l’afrobeat. Si, aujourd’hui on me connait, c’est grâce à cette musique de chez nous qui m’a donné les ailes pour évoluer sur l’espace national pour m’élever au plan international.
Qu’est-ce qu’on peut dire de votre père, Thione Seck, dont vous avez pris la relève au niveau de l’orchestre. Aujourd’hui, vous comparez-vous à lui ?
J’ai pris la relève en apportant ma touche. Je suis le digne héritier de Thione Seck. C’est un monument et, je veux le surpasser, dépasser ce qu’il a fait si possible.
Aujourd’hui, Wally Seck fait bouger tout le monde. Les enfants, les femmes courent après vous lors de vos apparitions et mêmes les hommes politiques sont tout aussi obligés de se réfugier derrière votre image pour se faire accepter. Comment vivez-vous ce succès ?
Le succès est comme de la moutarde. Si vous l’utilisez avec minutie, ça passe, mais dès lors que vous en êtes boulimique, ça vous plonge dans une grande agitation inconvenante. C’est cela le succès et c’est Dieu qui vous le donne. Alors, il faut l’accepter et y aller avec respect, avec tact. Sinon, vous avez la grosse tête et cela risque de vous faire mal.
Je suis le chouchou des sénégalais, le chouchou de la jeunesse sénégalaise. « Mann lë senegalé-yi bëgg »
Wally joue dans la prudence, alors ?
Oui, je me dis que je ne peux avoir un succès qui aveugle ou étonne les Sénégalais. Combien de gens l’ont eu avant moi, le succès… Donc, il faut le gérer le plus naturellement du monde tout en sachant que c’est votre ouvrage, avec l’appui de Dieu, qui a fait de vous ce que vous êtes. Je pense que cela fait que vous devez aller vers les gens avec humilité. Parce que la personne Wally Seck, sans la chanson avec le succès qui l’accompagne, n’intéresse pas les gens.
Vous aviez parlé des hommes politiques qui se réfugieraient derrière moi… Non, moi je ne vois pas ainsi. Je suis apolitique et je le redis encore… Je ne fais pas de la politique et je ne veux pas en faire. Mais, si les politiques viennent me voir parce qu’ils veulent faire plaisir à leur militants, ils ont fait le bon choix… Je suis le chouchou des Sénégalais, le chouchou de la jeunesse sénégalaise. « Mann lë senegalé-yi bëgg » ! Et ça, je n’ai pas besoin qu’on me le dise parce quand je sors dans la rue, je le vois, je le sens et, quand j’appelle, les Sénégalais me répondent. Combien sont-ils les gens, dont je ne connais l’existence et de loin plus nombreux que ceux que je connais, prient pour moi ? Ils sont innombrables. Pour vous dire…
Vous ne faites pas de la politique, certes. Mais, récemment les journaux ont fait mention de votre approche avec le Chef de l’Etat en disant, par exemple, que « Waly déclare sa flamme au Président de la République ». Alors, est-ce à dire, puisqu’on va vers une élection présidentielle, que vous êtes prêt à soutenir Macky Sall ?
Je pense que vous ne m’avez pas écouté. Je ne suis pas dans la politique et n’en fais point. Je suis un chanteur. Le président, on lui doit respect. Ce que j’ai dit au Président, c’est sincère en moi. Il est le père, comme on dit, de toute la nation ? Quand je regarde le Président Macky Sall, je vois aussi en lui son fils, Amadou Sall, un jeune qui fréquente tous les Sénégalais de tout bord, il fraternise avec toute personne et est courtois avec tout le monde. Il ne pose aucun acte qui montre qu’il est fils de président. Donc, pour ce qui est de Macky Sall, il faut respecter le choix populaire, le verdict divin qui a fait qu’il est là, aujourd’hui, en tant que Chef de l’Etat.
Quelle appréciation faites-vous de son travail ?
Je ne peux faire de jugement, parce que je n’ai pas d’outil pour jauger dans un sens comme dans un autre. Je laisse cela aux experts et aux politiciens. Mais, je peux dire que quand j’ai été à l’aéroport de Diass, j’ai été joyeux de ce nouveau bijou de notre pays. Pour cela, je suis fier d’être sénégalais. Je le félicite pour ça.
Quand on regarde votre parcours, on sait que vous avez fait des pas de géant. Que répondez-vous à ceux qui disent que Waly est trop ambitieux ?
J’ai toujours répondu naturellement. C’est ça mon vœu, c’est ça que je veux : dépasser tous les monuments sénégalais. Je n’épargne personne, avec tout le respect que je leur dois. J’ai vous ai déjà dit que je veux surpasser mon propre père. Puisque j’ai commencé par lui, vous voyez bien que je n’écarte personne. Youssou Ndour, c’est mon « père » que j’estime et respecte beaucoup. C’est un grand homme, mais je veux le dépasser. J’ai conscience que tous ces monuments de notre culture ont beaucoup fait pour mettre notre musique sur la sellette, et je leur tire mon chapeau pour ça. Franchement, nous sommes fiers pour ce qu’ils ont bâti pour notre pays. Mais moi, j’ai également le droit de dire aux Sénégalais que je veux leur apporter plus, je veux faire plus.
C’est une ambition, certes. Mais, d’aucuns disent pour la chanson « daxaar gi si yonu maarèn… »
Non, « bayil daxar gi »… Et avant de répondre à cette question, je veux revenir sur un point. J’ai été nommé ambassadeur du Village Sos, j’ai déclaré à la télé que je m’attèlerai à y apporter ma contribution. Et dans la presse, j’ai lu que Macky Sall avait fait un apport de 50 millions. Que Dieu le gratifie pour cela. Car, tout ce qu’une personne fera pour ces enfants, il n’y a que Dieu qui peut rétribuer son acte noble. Je tenais à le dire, parce je suis là pour la jeunesse et surtout pour les enfants. Et je demande aux gens de faire autant, pour ces enfants du Village Sos, mais aussi pour tous les autres, qu’ils soient de l’Empire des enfants… C’est de ça qu’il faut parler et laissez tomber « daxaar gi ».
« Youssou a été tout le temps le roi du mbalax, mais ce n’est pas être roi qui m’intéresse »
Ah non, on ne peut laisser tomber cette question parce que « daxaar gi », dans la conscience de beaucoup de Sénégalais, est vu comme une défiance à Youssou Ndour ?
Déjà, je n’ai pas dit « daxar gi », j’ai plutôt dit « guyy daxar ». Dans mon village, il y a un arbre appelé « guy daxaar »… et j’ai chanté autre chose. Je n’ai déclamé que je ce que j’ai vu.
Que pensez-vous alors de cette polémique autour de tout cela ?
Mais, entre nous, je n’ai aucun commentaire à faire. Je ne vais pas verser dans la polémique. Sincèrement.
Waly, pour vous, qui est le roi du mbalax, actuellement ?
C’est le Mbalax.
Qui est son souverain ?
Une personne ambitieuse… N’est-ce pas qu’un roi est toujours remplacé par un autre, chez nous les humains. Alors, je pense que le véritable roi, c’est Dieu.
Mais, revenons sur terre, qui porte alors la couronne du roi de la musique mbalax ?
Ah oui, vous parlez de celui qui porte la couronne, mais, c’est Youssou Ndour.
Mais, à vous entendre parler, on dirait que vous vous mettez déjà à sa place ?
Non, Youssou Ndour a tout le temps été le roi du mbalax. Moi, je vous le dis, ce n’est pas le roi qui m’intéresse… Mais, Yalla baaxna !
Alors, votre succès, l’engouement des jeunes et des femmes autour de tout cela, comment votre épouse, Sokhna, vit-elle cela ?
Ma femme, je prie toujours pour elle. Que Dieu la préserve et l’assiste ! Elle est vraiment pieuse et je pense qu’elle est forte et sait dépasser tout cela. Avouons-le, nous savons tous que toutes les femmes sont jalouses. Alors, ce qui est important, c’est qu’on doit respect et assistance à son épouse. La femme doit être respectée.
Wally, on sent qu’il y a aujourd’hui de la maturité sur le plan de votre style, quand vous communiquez… Qu’est-ce qui est à l’origine ou derrière ce changement ?
Non, vraiment il n’y a personne derrière. Il y a juste le bon Dieu. C’est lui qui est devant et derrière tout ce que vous appelez un changement. Je dois vous avouer, par ailleurs, que, par exemple, pour mes chansons, je ne les ai jamais écrites, et personne d’autre n’a jamais rédigé des chansons pour moi. Jamais, Billahi, Walahi, Walkitabi !
Je ne provoque personne, mais « kuma xulli, ma xulli Lë »!
Alors, l’inspiration, elle vous vient d’où ?
Je mets un casque et, c’est parti. Demandez à Awadi et tous ceux qui me fréquentent en studio, ils savent que personne, ni père, ni oncle, ni ami n’est intervenu pour me noter une chanson, même pour mes singles. Oui, je considère que tout ça ne provient de moi. C’est Dieu qui m’aide et m’assiste. Qu’est-ce qu’on peut devenir sans Lui, sans Son Soutien ? Je ne suis pas si extraordinaire pour que les gens m’écoutent, me suivent, m’adorent… Non, pour les chansons, l’éloquence, le succès etc., c’est vraiment l’intervention du Divin qui est à magnifier. Franchement, je n’ai rien de spécial à part « sama jomm » (mon honneur) que j’essaie de préserver « ak fullë ak fayda ». Je respecte tout le monde et je veux aussi qu’on me respecte. Je ne provoque personne, mais « kuma xulli, ma xulli Lë »! Je ne demande à personne, je ne tends la main à personne. Je peux même dire que je suis un « griot » qui ne demande pas des étrennes.
Mais, il y a des gens qui te donnent de l’argent et autres cadeaux ?
Oui, sur scène, cela existe. Quand je chante et que les gens qui apprécient ce que je fais me donnent de l’argent, je ne crache pas dessus. Serigne Fallou n’a-t-il pas dit : « Wayy, mayé ». Personne ne peut dire m’avoir vu en train de faire du « woyaan » !
Waly, Bercy est déjà passé. Il nous semble que vous lancez d’autres défis. C’est quoi la prochaine étape pour vous ?
Je veux U Arena. Mais, je dois vous dire que je fais encore « Bercy » à Genève, le 08 septembre prochain.
Vous avez une idée pour U Arena que vous voulez faire ?
Oui, c’est pour un avenir tout proche. Mais qu’on me laisse le faire (rires).
Mais pourquoi dites-vous cela ?
Nous sommes tous des Sénégalais, nous avons nos réalités, nos us et coutumes. Quand je décidé que je vais faire Bercy en 2018, par exemple, mon « père » Youssou Ndour, ou Pape Diouf, n’avait pas encore annoncé leur projet. Et quand, j’ai entendu des gens l’annoncer, j’ai reculé. Parce que je sais que nous sommes tous des Sénégalais. Si tout le monde veut avoir son « Bercy », cela donne l’image d’une concurrence. Si un Sénégalais réussit son spectacle à Bercy, c’est franchement à l’honneur de tous les Sénégalais. Pour ma part, je lance un appel à tous les Sénégalais, Gambiens et Africains d’ici et de la diaspora, de retenir la date du 08 septembre 2018 à Genève. Mais, en octobre, que tous aillent au grand spectacle, de mon parent et grand-frère Pape Diouf en France. C’est une fête nationale.
Oui, je suis jeune et dès lors que je pense que je peux me faire légalement et loyalement de l’argent dans un secteur, j’essaie d’en tirer profit.
Waly Seck est-il riche ?
Maa gi sant Yallah, Alhamdoulilah !
Quel est votre rapport avec l’argent ?
L’argent me connaît.
Qu’est-ce vous entendez par là ?
L’argent, on doit s’en servir et non être au service de l’argent, voilà pourquoi je dis qu’il me connait. Parce, je ne laisse pas l’argent m’indiquer ma conduite, m’imposer son dictat. Quand on en a, on le donne aux gens, on leur vient en aide. C’est ce à quoi doit servir l’argent. L’aubaine est dans la main de celui qui sait donner. Serigne Fallou disait : « Si tu fais quelque chose pour les gens et leur donne de quoi se mettre sous la dent, les mauvaises langues ne peuvent rien contre toi ». C’est cela la vie, il faut avoir un côté social prononcé, tout en étant réaliste. Il y a dix ans, je ne pouvais rien, sans la contribution des autres. Alors, qu’est-ce j’ai fait entre-temps pour que Dieu m’offre un certain standing de vie, dîtes le moi ? Il faut avoir les pieds sur terre. Il y a des gens qui travaillent plus que moi, des conférenciers, des intellectuels, des savants… Si des personnes comme moi n’aident pas les gens, qu’est-ce qu’elles vont espérer du Bon Dieu ? Par exemple, ce que Serigne Bamba a prescrit, je sais que ne suis pas un mouride Sadikh, je ne lis pas tout le temps des « khassida », alors, il faut s’atteler à être généreux.
« J’ai laissé tomber les sacs à mains, maintenant, je prends le sac à dos »
Mais wally, on ne vous voit plus avec un sac à main ?
Wouh ! J’ai laissé tomber les sacs à main. Non, maintenant je porte des sacs à dos.
Et pourquoi donc ?
Parce quand vous faites une chose, les malintentionnés en font une autre interprétation et poussent tout le monde dans ce sillage. Et les commentaires sont parfois blessants et dérangeants, pour votre entourage, votre famille, vos amis, vos fans… Non, c’est pénible pour eux. Je ne veux plus les faire souffrir pour une quelconque histoire de ce genre. Non, ça suffit.
Est-ce à dire que vous le regrettez ?
Non, c’est celui qui fait du mal qui regrette son acte. Moi, je n’en ai pas fait. Je descendais d’un avion après un voyage, quelqu’un m’a pris en photo avec un sac à main. Et voilà. Mais, c’était un sac de voyage. Vous ne m’avez jamais vu avec un sac dans la ville, ou ailleurs. Qui ne voyage pas avec un sac à main ? J’en ai beaucoup à la maison… Non, maintenant quand je voyage, je prends un sac à dos.
Vous aviez commencé avec l’orchestre Raam Daan, ensuite Jimy Mbaye est venu vous rejoindre. Quelle influence ce guitariste a-t-il eu sur votre musique ?
Le Raam Daam est toujours là, Jimy Mbaye a apporté son savoir-faire particulier et chacun a joué sa partition.
« J’ai l’ambition d’ouvrir une télé culturelle »
Vous avez l’ambition de faire une télé ?
C’est dans mes projets et je veux en faire une réalité. Vous savez une personne doit être ambitieux. Pendant qu’on y est, pourquoi pas je ne travaille dans le vœu d’avoir des jets privés ? C’est possible.
Votre dernier mot ?
Je vous remercie tous de m’avoir donné l’occasion de parler au sénégalais. Maa gi sant Yallah Sunu Borom, Al Hamdoulilah ! Que chacun donne le meilleur de lui-même pour le développement de notre pays. Je demande à la jeunesse de notre pays de resté zen et positif.
Source: La Cloche Quotidien