Wade reçoit Kara et ses disciples ‘toubab’…Il s’écrie : « Quel est, donc, le mystère qui attire chez l’homme ? »

Wade reçoit Kara et ses disciples ‘toubab’…Il s’écrie : « Quel est, donc, le mystère qui attire chez l’homme ? »

« Cheikh Ahmadou Kara MBACKÉ ou simplement KARA, comme nous aimons l’appeler affectueusement, est connu pour être l’une des personnalités les plus populaires du monde mouride.
Sa notoriété vient non seulement de son appartenance à la famille du Fondateur, mais surtout qu’il est plus connu pour sa grande intelligence, sa vivacité d’esprit, sa vaste culture, en même temps que son engagement permanent en politique.
Personnage atypique très courageux, voire téméraire, tout en respectant scrupuleusement la hiérarchie mouride, il n’hésite pas à prendre des positions pouvant ne pas paraître orthodoxes par rapport à la hiérarchie temporelle de la Muridya. Il ne faudrait cependant pas le considérer comme indiscipliné. Au contraire, il respecte toujours le « Ndigël ». Sa singularité vient de ce qu’il se donne la liberté de faire tout ce qui n’est pas interdit.
Ses nombreux disciples, malgré ses 60 ans qui en font cependant un des ‘jeunes’ de la Muridya, sont de tous les pays : États-Unis, France, Espagne, Italie, entre autres.
L’autre jour, je l’ai reçu à Versailles, accompagné d’une forte délégation de français blancs qui se comportaient avec lui comme le font les talibés de la Confrérie.
Quel est, donc, le mystère qui attire chez l’homme ? Une certaine Lumière …, disent ses disciples.
Nul ne doute que l’homme est attirant, toujours habillé avec élégance, raffinement et originalité, aussi.
Certains voient dans sa réussite la main de son épouse Sokhna DIENG, célèbre journaliste-femme, l’une des rares de l’époque. Aujourd’hui, elle et son mari, forment un brillant couple dont la complicité n’est plus un secret.
En feuilletant, d’abord, le livre de Kara, puis en le lisant et relisant après, j’ai mieux découvert l’homme qui a toujours été pourtant mon proche. J’ai beaucoup lu de livres sur Cheikh Ahmadou Bamba, d’auteurs français, surtout de l’époque coloniale et celle de la décolonisation, des thèses américaines comme celle de Mlle Phylis DEAN, en 1967, que son Université m’avait envoyée pour appréciation des articles de fond de grands journalistes reporters, des thèses plus récentes de jeunes qui multiplient les biographies, non seulement de Cheikh Ahmadou Bamba, mais de ses compagnons dont certains furent ses frères.
Sa connaissance de la vie du Fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba et sa Pensée, est celle d’un chirurgien qui a observé le détail et, aujourd’hui, dissèque et observe avec une singulière et rare minutie, sans se répéter. Il suit le Saint Homme depuis son enfance jusqu’à son affirmation et son affrontement avec le colonisateur qui lui reproche sa popularité et le considère comme une menace à la paix sociale. Il le suit au cours de son procès, sa déportation, son séjour à l’île de Mayombé, au Gabon, dans une nature sauvage et hostile pendant sept années, sa rencontre spirituelle avec le Roi, Samory TOURÉ, lui aussi déporté dans le même environnement géographique, sa vie avec ses gardiens, les administrateurs français ainsi qu’avec les populations autochtones, jusqu’à son retour. Il le suit dans son nouvel exil en Mauritanie, puis ses différentes assignations à résidence au Sénégal.
Le récit avance lentement mais sûrement car, une fois encore, Kara domine la matière de façon tout à fait extraordinaire.
Au bout du compte, le lecteur que je suis, a eu l’impression de voir Cheikh Ahmadou Bamba avec son front d’apparence métallique comme s’il était d’acier, reflétant sa magnifique volonté fondée sur une foi difficilement imaginable.
Kara m’a beaucoup appris sur l’Homme que j’ai choisi comme Intercesseur vers Notre Prophète Muhammad (P.S.L.), renforçant encore ma dévotion.
Le premier chapitre consacré à la vie du Saint-Homme devrait être détaché en fascicule à mettre à la disposition des jeunes dans les écoles publiques et des étudiants.
Le livre ne serait pas intitulé «La Vie et la Pensée politique» s’il ne s’était arrêté à la biographie du Saint-Homme.
Cheikh Kara a réservé à la Pensée politique de Cheikh Ahmadou Bamba, une section qui mériterait elle, aussi, de faire l’objet d’un enseignement à l’Université.
Œuvre d’universitaire, le livre est un exposé d’une rare précision de la Muridya dans ses fondements religieux à sa doctrine sociale.
L’auteur définit la politique comme un moyen de transformation sociale qui passe par la transformation économique et la gouvernance locale, le tout à travers les principes de la Muridya enseignés par le Saint-Homme.
Le chapitre sur la Muridya permet au lecteur de mieux comprendre la gouvernance mouride qui est une Organisation sans contrainte, hiérarchisée, disciplinée, soumise à une évolution dynamique.
On pourrait dire la même chose que pour le chapitre 1, en faire une brochure.
Monsieur MBACKÉ se penche, ensuite, sur la Cité sainte de TOUBA, terre mystique bénie, capitale de la Muridya. Il lui veut un destin comme j’avais rêvé de le faire.
Mais, on sent entre Kara et Touba un lien mystique et c’est un exposé de la gouvernance d’un État inspiré par les principes de la Muridya. Les attributions de chaque ministère sont détaillées, pour en faire une branche dynamique de l’arbre-porteur.
C’est dans le but de réaliser tout cela que Monsieur Ahmadou Kara MBACKÉ lance l’idée de ce qu’il appelle « la Coalition du Siècle », afin de conquérir le pouvoir politique et façonner notre cher Sénégal.
Un vaste programme dont l’ambition est sans bornes. Mais, on sait que l’ambition saine est une excellente chose, bien différente de la prétention. Il s’agirait, en fait, d’un parti ou mouvement.
Il est sans nul doute qu’à la sortie du livre, ce thème fera l’objet d’un débat passionné pour le plus grand profit d’un peuple naturellement tolérant qui accepte la différence, mais … dans l’harmonie.
C’est avec enthousiasme qu’il prit connaissance du projet que j’avais soumis au Khalife Général, feu Serigne Saliou MBACKÉ, puis à l’actuel Khalife qui en est très enchanté. Mais, nous en reparlerons. Je gage que la réalisation concrète sera marquée par la personnalité de KARA … car il m’a exprimé combien il a bien ressenti le projet.
C’est seulement en ce moment que l’auteur reprend une synthèse remarquable de la philosophie politique, sociale et culturelle de la Pensée de Cheikh Ahmadou Bamba.
Toutes mes félicitations à Cheikh Ahmadou KARA MBACKÉ Noreyni, ou plus affectueusement… KARA. »
Préface de Monsieur Abdoulaye WADE,
ancien Président de la République du Sénégal

 

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