Vols au détriment des parents : L’avènement des Arsène Lupin domestiques

Soutirer, subtiliser, prendre, prélever ou voler. Il n’est pas simple de qualifier cette manie d’enfants issus de familles argentées à disposer, frauduleusement, avec une ingéniosité précoce pour leur âge, de l’argent de leurs parents. Pour aller s’amuser.

Vols au détriment des parents : L’avènement des Arsène Lupin domestiques

Après le délit de violences à ascendant, il n’est pas farfelu de théoriser celui de vol commis sur ascendant. Le procès pour vol de M. Sarr, un adolescent de 15 ans et demi, mis en délibéré pour ce vendredi, remet au goût du jour le phénomène de l’argent thésaurisé à domicile et subtilisé par les enfants. Le fils indélicat de Tahirou Seydou Sarr a subtilisé 39 750 000 F Cfa à son père. Après deux nuitées au Radisson Blu, des téléphones Samsung S7 et motos de plage offerts à ses amis, l’adolescent et sa clique ont eu un accident avec une voiture prise en location. L’adolescent s’en est sorti avec une fracture, alors qu’un de ses amis est dans le coma.

Ces faits ne sont pourtant pas nouveaux, mais alimentent à chaque fois les discussions dans les chaumières. Ces Arsène Lupin des temps modernes sont plutôt jeunes, entre 15 et 25 ans, et ne souffrent à priori pas des affres d’appartenir à une ascendance pauvre. Leurs parents sont des millionnaires ou milliardaires qui se meuvent dans les milieux d’affaires ou tiennent de hautes fonctions politiques. A l’instar d’Abdoulaye Seck, le fils aîné d’Idrissa Seck ancien Premier ministre du Sénégal. Des larcins à répétition avaient poussé son maire de papa à déposer une plainte contre lui. A peine majeur, au moment des faits, il avait subtilisé 5 millions de francs dans la chambre à coucher paternelle. L’argent avait été confié à un certain Tapha Ndoye qui ne lui restitua que 3 200 000 F CFA.

Pour se venger, le fils de l’édile de Thiès avait vendu sa moto à Omar Bongo Guèye pour 1,5 million de francs. Mis au courant de la plainte de Ndoye par son père, le 28 décembre 2010, le jeune homme avait fugué de leur domicile de Saly à bord du véhicule paternel dans lequel se trouvaient 3 millions qui avaient servi à la location d’une voiture Range Rover et à des nuitées dans une suite du Radisson Blu où il avait été interpellé par la police. Un autre ponte du régime libéral, Madické Niang, chef de la diplomatie sénégalaise d’alors, avait aussi été éclaboussé par les larcins de ses rejetons. En août 2010, Massamba Niang, en plus d’avoir été cité dans l’agression d’un cambiste, avait fait voler en éclats les verrous du coffre-fort de son père, avant de disparaître avec des millions de F Cfa. L’argent volé n’a jamais été chiffré, mais la presse avait parlé de dizaines de millions de F Cfa. Un acte commis avec ses frères. Le Quotidien, qui avait traité de l’affaire, avait parlé ‘‘de semaines de vacances au Radisson Blu avec des prostituées’’.

Les privés aussi

Depuis l’avènement du nouveau régime, ces scandales semblent avoir changé de direction, puisque ce sont des privés qui sont ciblés par leurs fils. M. Kane, fille de Mamadou Ibra Kane, directeur de publication des quotidiens Stades et Sunu Lamb, a subtilisé, entre mars et décembre 2013, la rondelette somme de 9 millions F Cfa à son père. Une affaire qui a impliqué le fils de l’ancien ministre Serigne Mbacké Ndiaye. Au total, le préjudice est de l’ordre de 20 millions de francs CFA. L’argent a servi à la location d’appartements et de voitures de luxe et de virées dans les boîtes de nuit.

Des ponctions répétées, par chèque, sous la bienveillante complicité d’un banquier qui leur facilitait les retraits. Les ‘‘gosses’’ passeront trois jours en prison. L’amusement n’est pas la seule motivation, toutefois. L’amour, ce puissant moteur, véhicule aussi ces actes insensés. A l’image de F. Sarr qui, pour les beaux yeux de son petit ami, a dérobé à l’insu de son pater 16 millions de F Cfa, pour lui acheter un véhicule. Des ‘‘prélèvements’’ en espèces et par chèques variant entre 2 à 3 millions qui ont fait réagir le papa Alassane Sarr, à travers une plainte contre X. L’enquête aboutira à l’arrestation de Moussa Mbaye, le petit ami qui sera finalement condamné à 3 ans. F.S. Sarr en aura pour trois mois ferme.

Sanslimitesn.com

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