La fédération des daaras et maîtres coraniques du Sénégal enfonce Mohamed Abibou Gueye, arrêté pour viol sur mineur à Ouakam. « Ce n’est pas un maître coranique mais un charlatan », accuse Adama Seck, Secrétaire général de la fédération. Très en verve, ce dernier annonce qu’ils comptent se constituer partie civile dans le procès d’un présumé violeur. Les membres de la fédération ont fait face à la presse, ce mardi, 18 février.
« D’après nos investigations, et nos propres enquêtes, ce type-là n’est pas un maître coranique digne de ce nom. Nous ne pouvons pas cautionner l’acte de ce charlatan-là », martèle Seck. Qui déclare que la fédération a commis un pool d’avocats pour mener le combat. Quoi qu’il en soit, nous prendrons toutes nos responsabilités pour que lumière soit faite ».
Pour les cas de meurtre de talibés répertoriés dernièrement, ils invitent « la justice à faire son travail », dénonçant, à côté, « des arrestations arbitraires » de certains de leurs membres notamment à l’intérieur du pays.
Face à cette situation de confusion totale, ils ont interpellé également l’État du Sénégal sur la loi pour la réglementation des daaras. Laquelle doit être votée à l’Assemblée nationale.
Les cas se sont multipliés ces derniers mois
En novembre 2019, 6 personnes ont été placées sous mandat de dépôt, dans le cadre d’une affaire de maltraitance d’élèves au Daara de Ndiagne, à Louga. Ces derniers ont été enchaînés par leur maître coranique, Oustaz Cheikhouna Guèye. Lui, le soudeur métallique qui avait fabriqué les chaines et 4 parents d’élèves, étaient poursuivis pour « maltraitance d’enfants ». Ils bénéficieront du sursis en décembre après le verdict rendu par le juge du tribunal de Grande instance de Louga.
Un autre talibé, Fallou Diop, 11 ans, a, lui, été battu à mort par le surveillant du daara, Maguette Diop, 15 ans, à Linguère, pour n’avoir pas mémorisé sa leçon du jour. Le drame s’est produit, le 28 janvier, au village de Rawdou, situé à 20 km de Thiél, dans le département de Linguère.
Avant la mort de Fallou Diop, Human right watch (HRW) a répertorié 16 autres cas dans les régions de Saint-Louis, Diourbel, et Thiès. Les victimes sont âgées entre 5 et 15 ans. 3 sont mortes des suites de coups violents, 4 dans des incendies de daaras, 5 dans des accidents de la route alors qu’ils mendiaient, 4 de maladies non traitées. 9 de ces décès ont eu lieu en 2018 dont 2 des suites d’un passage à tabac, respectivement à Touba, en avril et à Mpal, en mai.
Pour le cas de Fallou Diop, 2 personnes ont été mises aux arrêts : Maguette Diop, le bourreau de 15 ans, et assistant du maître coranique et le responsable du Daara.