Voilà ce que disait la défunte Adja Aida Ndiaye Bada Lo

Bousculade à la Mecque: Sokhna Aïda Ndiaye Badara Lô fait partie des victimes…

 

Voilà ce que disait la défunte Adja Aida Ndiaye Bada Lo (Que Dieu lui accorde le paradis céleste). C’était lors d’une interview à batons rompus pour le quotidien « Le PAYS » qu’elle m’avait spontanément accordé dans sa boutique nichée à l’époque sur la rue 25 de la Médina. En plein coeur du marché Tilène. Ce jour-là « ma maman à moi seul » comme je surnommais affectueusement Adja Aida Ndiaye Bada Lo avait accepté un tour d’horizons sur elle, ses débuts, entre autres activités commerciales.

 

Mon parti politique? Celui de Mame Diarra! »

Telle est l’intime conviction d’Aïda Ndiaye Bada Lô, opératrice économique de renommée internationale, connue pour son horreur de la langue de bois. Elle dit tout haut ce qu’elle pense dans son for intérieur, sans fioritures. Une caractéristique maîtresse qu’elle a, certainement, héritée de son défunt époux, feu Bada Lô. C’est révéler un secret de polichinelle, d’affirmer qu’entre Aïda Ndiaye et son regretté mari, s’étaient tissées des relations d’une intensité particulière. On peut dire sans risque de se tromper que leurs traits de caractères reste similaires en beaucoup de points. « Bada, c’était plus qu’un mari, il fut mon alter ego, nos idées convergeaient, bref, notre complicité dépassait l’entendement (…) », se remémore- t-elle nostalgique, sept ans après le rappel à Dieu de son ex-mari d’homme d’affaires. Dame de poigne, dotée d’un sens inné de flairer les bonnes affaires, Aïda Ndiaye Bada Lô est, à n’en point douter, au nombre des femmes autodidactes qui ont compris que le salut et l’émancipation réside dans le travail, celles-là qui jouent un rôle moteur dans le développement économique et social de leur pays. « Mais, nous sommes pour la plupart marginalisées, notamment dans l’octroi des marchés, entre autres », déplore-t-elle. Dans cet entretien, celle qui n’a d’yeux et d’oreilles que pour Sokhna Mariama Bousso, plus connue sous le pseudonyme de Mame Diarra, lève un coin de voile sur l’intrusion des commerçants chinois sous nos latitudes, ses relations avec Abdou Diouf, son successeur au gouvernail du Sénégal, Farba Senghor, Diouma Diakhaté, pour ne citer que ceux-là, entre autres appréciations et propositions.
Pouvez-vous nous retracer vos débuts dans le business ?
Je commencerais d’abord par rendre grâce à Dieu, son prophète Seydina Mouhamed (P.s.l), Sokhna Diarra Bousso, mère de l’illustre Cheikh Ahmadou Bamba. J’ai vu le jour à Dakar, plus précisément à Niayes Thioker, quartier où est j’ai grandi. Je n’ai pas fait les bancs, comme on dit, mais j’ai été au « Daraa » (ndlr : école coranique). Après avoir acquis le minimum des arcanes du saint Coran, je me suis lancée dans l’apprentissage de la vie. En effet, j’ai beaucoup appris de la vie. Et je dois dire que je n’envie pas ceux qui ont des diplômes de l’école française, car je gère convenablement mes affaires. S’agissant de mes débuts dans le négoce, ce sont mes parents qui m’y ont initié. J’ai reçu une éducation rigoureuse. Je dois avouer que mon défunt mari m’a énormément épaulée. Bada m’a inculqué le goût du travail. Qu’Allah l’accueille dans son paradis céleste !
Au fait, pourquoi Aïda Ndiaye Bada Lô ?
On m’a greffé le patronyme de mon défunt époux, pour faire le distinguo à la maison, car je partage mon prénom avec plusieurs membres de ma famille. Et puis, Bada c’était plus qu’un mari, il fut mon alter ego, nos idées convergeaient, bref, notre complicité, connue de tous dépassait l’entendement. Et pourtant, j’étais sa quatrième femme. D’ailleurs, l’une de ses filles porte mon nom. Que la terre lui soit légère!
Qu’est-ce qui vous lie à Porokhane ?
Moi, je suis née Mouride « Sadikh » et « I’am be proud ! » (ndlr : j’en suis fière) comme disent les Anglais. Et je voue un attachement indescriptible envers la cité qui a vu naître la vénérée Sokhna Mariama Bousso, personnage historique auquel je me suis toujours identifié, c’est-à-dire mon guide spirituel. Ma vie se confond pratiquement avec Porokhane, et je n’ai d’yeux et d’oreilles que pour Sokhna Diarryatoulahi. D’ailleurs, toutes mes entreprises, aussi bien au Sénégal qu’à l’extérieur, portent le nom de « Porokhane Keur Mame Diarra ».
Quels sont vos centres d’intérêt ?
Je fais de l’import/export. Je monnaye du tout. Tout ce qui est licite, bien évidemment. Mais, je suis connue pour la commercialisation des porcelaines. Comme vous le voyez, l’échoppe est remplie, « machallah », d’accessoires en porcelaines importées des Etats-Unis. Malheureusement, les choses sont au ralenti depuis l’invasion des négociants Chinois. Pour preuve, aucun client n’est entré dans la boutique, ne serait-ce que pour faire du lèche-vitrine. Tout ça à cause des Chinois…
Justement, ne pensez-vous pas que les marchands chinois sont une aubaine pour le Sénégal, d’autant que le citoyen lambda …
(Elle coupe) Ecoutez Ndiaye, je vous ai dit tantôt que je vends des articles en porcelaine, et du cristal. Et je vous assure que ce sont des produits authentiques que j’ai payés chez mon fournisseur américain, avec à la clé des frais de dédouanements, entre autres charges. Je paye la location, les impôts etc… Or, tel n’est pas le cas, pour les Chinois. Ils ne s’acquittent que du loyer. Ils ont emmené avec eux leurs subsistances dont des tonnes de pâtes. Pire, les Chinois expédient journellement leurs revenus chez eux. Ils ont mis à genoux notre économie, et je pèse bien mes mots. Personnellement, j’ai eu l’occasion de séjourner en Chine, et il m’a été donné de visiter leurs fabriques. Ils sont les maîtres de la contrefaçon sur terre. Leur modus operandi consiste à acheter un échantillon d’un produit authentique qu’ils envoient chez eux pour en confectionner l’à peu près. Dès qu’ils ont débarqué au Sénégal, j’ai aussitôt fermé mes dépôts parce que je croyais mordicus que les « chine ases » allaient faire un crochet chez nous, c’est-à-dire qu’ils voulaient juste écouler leurs surproductions appelées « fin de série » dans le jargon commercial. C’était sans compter avec leur détermination à investir le marché sénégalais.
Ne pensez-vous pas que l’Etat reste le principal responsable de leur intrusion au Sénégal ?
Je ne peux pas faire porter le chapeau à l’Etat. Nous sommes un pays démocratique. C’est connu, le Sénégalais cultive le sens de la mesure, à savoir la patience et la tolérance. Je me dis que nos gouvernants ont été, peut-être, abusés par les Chinois. En tout état de cause, l’Etat qui a commis l’erreur de leur octroyer des visas, gagnerait à bouter ces parasites (ndlr : elle fait allusion aux commerçants chinois) hors du Sénégal. Par ailleurs, comment comprendre qu’un ressortissant américain ne débourse aucun rond pour l’obtention d’un permis d’entrée chez nous, alors que le Sénégalais casque pas moins de soixante (60.000) mille francs Cfa (non remboursable) rien que pour le dépôt d’un dossier à leur ambassade ? Et pourtant, ils (ndlr : les Américains) sont plein aux as. Idem pour les Chinois, les Français etc.
Mais, vous tirez à boulets rouges sur les Américains, alors qu’il paraît que vous avez la nationalité américaine ?
No comment !
Etes-vous d’avis que l’afflux noté dans les boutiques chinoises, est dû à l’accessibilité de leurs produits, contrairement aux prix que vous affichez ?
Non, je ne partage pas cet avis. « Rôy dou nourou piir !» Ceux qui préfèrent les porcelaines authentiques, jetteront leur dévolu sur ceux de l’Ets « Porokhane ». N’empêche, d’autres adeptes du toc, qui est naturellement moins cher, feront un tour à « China town », chez les marchands chinois.
Mais quelle solution préconisez-vous face à ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire des Chinois» ?
C’est très simple, comme bonjour ! Que Wade, Président de tous les Sénégalais, chasse les chinois, lesquels restent nuisibles à notre économie. Ce, avant qu’il ne soit trop tard. S’il continue de faire la sourde oreille, je vous assure que bon nombre de commerces font fermer boutique. D’ailleurs, tel est, actuellement, le cas. Pour ma part, je suis en train de liquider mon stock ; et je compte retourner à Porokhane auprès de ma progéniture.
Actualité oblige, quelle lecture faites-vous concernant la recrudescence de l’émigration clandestine ?
C’est un phénomène regrettable. Dieu sait que ça me fait vraiment mal. En fait, je trouve que ces jeunes qui prennent le large par les embarcations de fortune sont tout simplement désespérés. Ils sont pessimistes, parce que voyant leur avenir se rétrécir au Sénégal ; alors qu’un croyant doit rester optimiste. Quelles que soient les circonstances. Même s’ils sont pour la plupart des soutiens de famille, je crois qu’il ne faut pour rien au monde se sacrifier comme ça. D’autre part, au lieu d’emprisonner les malheureux migrants clandestins, l’Etat ferait mieux d’instaurer des centres d’accueil, avec une équipe de psychologues qui les orienteront parce que ces jeunes sont déboussolés. Ils ne savent plus à quelle… autorité se vouer.
Absorbée par vos activités, arrivez-vous à trouver un moment de libre à consacrer à votre famille ?
Il est vrai que j’ai un emploi du temps hyper chargé, mais j’arrive tant bien que mal à m’épanouir en compagnie de ma progéniture. Je suis une maman poule, et j’adore la compagnie des enfants.
D’aucuns vous dépeignent comme une âme « bouillante », pour ne pas dire impulsive ? Certains soutiennent même que vous avez constamment un revolver dans votre sac à main ?
(Rires) En tout cas, il vaut mieux prévenir que guérir. Je vais vous raconter une anecdote : on m’avait, une fois, volé mes fauteuils. Lorsque le voleur a su qu’il venait de dépouiller Aïda Ndiaye Bada Lô, il a rappliqué dare-dare avec les fauteuils. Il fallait voir sa façon vraiment rigolote de s’amender. Moi-même, je me marrais.
Quel sens revêt pour vous la violence politique sous nos cieux ?
Ecoutez, il est vrai qu’aucune information ne m’échappe, en tant que citoyenne mais je préfère ne pas m’aventurer dans le terrain glissant de la politique. N’empêche, j’entretiens de solides relations avec certains acteurs politiques.
Comme qui par exemple ?
« Yow sop nga lôôl!» Je préfère taire leurs noms.
Militez-vous dans une formation politique ?
Je ne milite que dans le parti de Sokhna Diarra Bousso, et n’agit que sous le « ndiguel » de Serigne Moustapha Bassirou.
Supposons que vous soyez la Présidente de la République , que changeriez-vous à priori au Sénégal ?
Sans hésiter, je vais bouter les commerçants chinois dehors.
Comment jugez vous l’alternance après six ans ?
Je trouve que le bilan du régime de Wade est globalement satisfaisant. Regardez tout autour de vous. Force est de reconnaître que le pays est en chantier. Certes, il y a du chemin à parcourir. Mais, nous avons un Président qui a de grandes idées. Croisons les doigts que la santé et les moyens suivent. C’est l’essentiel.
Avis sur…
Abdou Diouf
J’entretenais de bons rapports avec l’ex- Président de la République. C ‘est un grand homme d’Etat. Le charme avec Abdou, c’est qu’il a toujours cultivé le sens de la mesure, à savoir : patience et tolérance. Vous vous rappelez le fameux évènement avec nos voisins Mauritaniens. « Euy, sougnou guerrôôn ! »…
Abdoulaye Wade
Comme je vous le disais tantôt, Me Wade a de grandes idées. C’est un homme épris de paix, généreux. Ce qui m’a le plus impressionnée chez notre Chef de l’Etat, c’est qu’il n’est pas rancunier. Me Wade, c’est une chance pour le Sénégal.
Diouma Diakhaté
Celle-là, c’est une amie de longue date. Une véritable baroudeuse au travail. Je la respecte beaucoup, et elle me le rend bien .Diouma fait partie, sans conteste, des illustres ambassadrices du Sénégal. J’apprécie beaucoup ce qu’elle fait. Et puis, sa générosité dépasse l’entendement. Pour preuve, elle a investi toutes ses économies dans un centre de santé, singulièrement pour apporter sa pierre à l’édification d’un Sénégal émergent. Idem pour Adja Dior Diop.
Farba Senghor
Celui-là, c’est mon fils. D’ailleurs, il m’appelle affectueusement « maman ». Nous nous sommes connus depuis longtemps. Notre compagnonnage date de Mathusalem, durant les moments de vaches maigres, comme on dit. Voilà un infatigable bosseur, sur qui le Sénégal peut compter. Un homme d’une probité incontestable, qui mérite la confiance du Chef de l’Etat.
Youssou Ndour
Je dois à la vérité d’avouer que nous ne sommes pas familiers, mais j’apprécie son abnégation au travail. J’ai beaucoup d’estime pour ce gosse.
Dame Ndiaye (Unacois)
C’est un grand Monsieur, qui aime son pays d’un amour qui arrache les larmes, comme disait feu Lamine Guèye.

Mamadou Ndiaye
Edouard  « Le Pays » au quotidien

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