Les femmes « kagnalène » (yaradal en wolof) du département de Bignona ne comptent plus se laisser abattre par la modernité qui constitue une menace réelle pour la promotion de certaines pratiques traditionnelles. Depuis 2016, elles ont décidé de prendre leur destin en main. Un premier forum avait été tenu avec des résultats très satisfaisants. La deuxième édition a eu lieu les 29 et 30 Avril dernier. A travers ce forum, les initiateurs veulent accompagner les femmes Kagnalène vers l’entreprenariat culturel et économique. Une manière de coller le statut de femme kagnalène au contexte actuel. Comme pour dire culture oui mais épanouissement économique aussi.
QU’EST-CE QUE LA FEMME « KAGNALENE » ?
Dans un passé très lointain, le titre « Kagnalène » était plutôt très redouté, il hantait les esprits des jeunes femmes mariées. En effet, quatre catégories de femmes étaient enclines à porter ce titre :
- La femme qui n’arrive pas à procréer
- La femme dont le bébé mourrait toujours après quelques temps d’existence
- La femme dont l’espacement des naissances est énorme
- La femme qui ne procréé qu’un seul sexe
Chaque peuple d’Afrique Noire lui avait concédé un nom et chacun d’eux avait ses propres pratiques. Les pensionnaires du « kagnalène » étaient soumises à des épreuves très rigoureuses et contraignantes par un collège de femmes expertes en la matière. Par ses prérogatives et son statut la femme « kagnalène » est en réalité un cordon ombilical entre d’abord les membres d’une même communauté mais aussi entre des communautés différentes. Elle est à la fois poète, artiste et conseillère et est au service de toute la communauté
RÔLE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA FEMME KAGNALENE
Il apparaît donc clair que sur le plan social, la kagnalène joue un rôle de catalyseur et de médiateur. Elle a souvent cette capacité d’identifier les sources de conflits et de les circonscrire ou alors en parler à une tierce personne de confiance. Sa présence régulière au sein de presque toutes les concessions lui permet de vivre à équidistance entre les membres de sa communauté. La femme kagnalène est aussi une éducatrice universelle pour sa collectivité.
Sur le plan économique, les potentialités sont réelles même si elles ne sont pas encore exploitées. On peut concevoir une véritable industrie à partir de l’accoutrement de la kagnalène. En effet, quand une kagnalène apparaît avec un habillement de cérémonie traditionnelle, les parties les plus remarquées sont : la tête, le thorax, le bassin et les membres. Au niveau de la tête, elle porte une coiffure particulière, la petite calebasse tissée de perles rares bénites qui sont ordonnées avec une dextérité extraordinaire. Les oreilles portent également des boucles bien enfilées. La femme kagnalène ne porte donc rien par hasard et tout ce qu’il y a sur elle a une signification traditionnelle, une valeur culturelle et économique.
Vu que le phénomène de femme kagnalène baisse progressivement au fur des années à cause de plusieurs facteurs, les initiateurs du forum vise la revitalisation de cet aspect important de la culture, un trait d’union entre plusieurs ethnies qui ont en commun cette pratique à la fois thérapeutique, culturelle et économique. Pour cela, les femmes kagnalène seront organisées au niveau de chaque commune avec une coordination au niveau département.
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