Le secrétaire d’Etat américain a débuté par le Tchad sa tournée africaine. Cela, dans un contexte où le torchon brûle entre Idriss Déby et Donald Trump. Pour mémoire, la brouille entre les deux pays est née, en septembre 2017, du décret migratoire interdisant de façon permanente aux ressortissants tchadiens d’entrer aux États-Unis.
Quelque temps après, en novembre dernier, le responsable d’une ONG basée à Hong-Kong et en Virginie, dans l’Est des Etats-Unis, ainsi que Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, ont été inculpés par la justice américaine dans une affaire de corruption présumée de hauts responsables au Tchad. Le Président Deby était alors principalement visé.
Réponse du berger à la bergère ! Par la voix de son porte-parole, la ministre de la communication, Madame Madeleine Alingué, Ndjamena a rejeté toutes les accusations, s’insurgeant « contre l’attitude du gouvernement américain et certaines officines qui visent à ternir l’image du Tchad et de son président ».
Il faut dire que l’Afrique est le théâtre d’une âpre « guerre froide » entre les Etats-Unis et la Chine. Les mises en garde émises, ce jeudi en Ethiopie, par le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, recommandant aux pays africains de faire preuve de prudence dans leurs relations commerciales avec les entreprises de l’Empire du Milieu, sont emblématiques de cette atmosphère de méfiance entre ces deux puissances.
Ainsi, ceux qui pensent que Cheikh Tidiane Gadio est la victime collatérale du jeu complexe des relations internationales seront assez servis quand cette visite de Tillerson au Tchad livrera tous ses secrets.
Ce retrait éventuel du pays de Deby de la liste des « Etats parias » interviendrait également au lendemain de la visite, au mois de décembre 2017, d‘une délégation de l’Administration Trump à Ndjamena pour discuter, avec le Premier ministre Pahimi Padacket Albert, de la sécurité des passeports, et partant, de la levée du « Travel ban », décidé par Donald Trump à l’endroit des ressortissants tchadiens.
Mieux, le dossier de Cheikh Tidiane Gadio a connu des développements depuis ce début de réchauffement, puisque selon les sources de notre confrère Libération, aux dernières nouvelles, l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise n’est pas encore formellement mis en examen alors que son complice, Patrick Ho, est emprisonné à la Metropolitan Correctionnal Center.
En son temps, Dakaractu avait posé la question de savoir si l’Amérique n’avait pas retourné Gadio contre Déby. En réalité, il s’agit d’un dégel entre Washington et Ndjamena. Décrispation qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur les relations entre la Chine et le Tchad. En somme, nous n’avions pas tort d’écrire que cette décision concernant Gadio faisait suite à un intense lobbying.