L’OBS – Elle a fait le Buzz et affolé la toile… Depuis la publication de la vidéo mettant en scène sa conversion à l’Islam, devant une foule en admiration et un guide religieux (Papa Macky Ibrahima Niasse) attendri. Jusque-là, rien de bien palpitant… Toutefois, d’après les sites en ligne qui ont partagé le «film» tourné dans la nuit du samedi au dimanche, la jeune femme qui se fait appeler Jasmine, était déjà musulmane et se nomme Yacine Ly. Elle n’en serait pas à son premier coup et ne cracherait pour rien au monde sur les sous des fidèles touchés par ses «fausses apostasies»…
Emmitouflée dans un «Meulfeu», elle écoute scrupuleusement les recommandations du guide. Avalant presque ses mots. Lorsque celui-ci (Papa Macky Ibrahima Niasse) proclame sa conversion à la religion musulmane et la baptise Fatoumata Zakhra, elle pâlit. De l’émotion ou une soudaine prise de conscience ? Quid de ses larmes qui n’ont pas manqué de faire leur effet sur l’assistance. Une nouvelle vie semble ainsi s’ouvrir à la jeune fille, une conversion vers la lumière. Seulement, cette séquence d’émotion ne serait en réalité qu’une mise en scène, une parfaite arnaque. Du moins, selon les informations relayées par la presse en ligne, avant-hier. Publiant la vidéo de la jeune fille se convertissant à l’Islam, dans la nuit du samedi au dimanche, au cours d’une cérémonie religieuse, les sites en question ne se sont pas gênés pour déballer sur sa vie. Elle serait, en réalité, ni plus ni moins, qu’une comédienne hors-pair. Adepte de la belle-vie, la donzelle se serait spécialisée dans les «fausses conversions à l’Islam, pour gagner de l’argent facilement. Comme le démontre le «film» de quelques minutes, elle reçoit en cadeau, de l’argent des fidèles. Beaucoup se sont précipités à ses pieds, lui donnant les sous qu’ils avaient en poche, comme recommandé par leur vénéré guide. D’autres lui ont tout simplement promis des habits.
Mannequin, ancienne actrice dans la série Double vie
«Ancienne mannequin, habituée des night-clubs et des virées bien arrosées, elle était déjà musulmane, au moment de sa conversion. Elle se faisait appeler Jasmine, alors qu’à l’état civil, elle se nomme Yacine Ly», révèle catégorique, le site Dakarswagg.net. Les commentaires allant bon train sur la toile, Jasmine ou Yacine est dépeinte comme maîtrisant l’art de la mystification, au point d’en faire sa marque de fabrique. D’après une source anonyme, «c’est son penchant pour la mythomanie qui a précipité son départ de la série Double vie». Prise pour un rôle devant s’inscrire dans la durée, elle a finalement été renvoyée au bout de deux épisodes. «Jasmine avait menti sur son identité et ses origines, prétendant qu’elle était née aux Usa et qu’elle ne parlait pas Wolof». Fantaisiste, elle se complaît dans un monde virtuel où l’illusion côtoie la réalité. Vérification faite, elle a vu le jour et fait ses humanités dans la cité du rail (Thiès), fille de Mamadou Ly et Sonia Lucia Jamal. Ce qu’elle confirmera (voir par ailleurs) dans un entretien. La suite se passe de commentaires…
YACINE LY ALIAS JASMINE, LA MISE EN CAUSE
«J’ai été musulmane non pratiquante jusqu’à mes 17 ans, avant de devenir chrétienne, puis de me reconvertir»
Au cœur du scandale qui enfle sur les réseaux sociaux, nous avons réussi à dénicher Yacine Ly alias Jasmine. A la cité Mixta, domicile d’une de ses cousines où elle reçoit, c’est avec un sang froid, malgré la tempête d’insanités qui s’est abattue sur elle, qu’elle nous donne sa version des faits. Des déclarations spontanées, parfois alambiquées qui font écho à la sordide vie qu’elle a menée jusque-là…
«Mon vrai nom est Yacine Ly, mais depuis peu, j’ai pris le nom de Fatoumata Zahra Niasse. Depuis samedi dernier, je me suis convertie à la religion musulmane et j’ai choisi de devenir une fervente disciple de Baye Niasse. C’est bien moi que l’on voit sur la fameuse vidéo qui circule sur Internet et que l’on traite d’escroc, d’arnaqueuse, d’épicurienne et de dévergondée. Mais tout cela n’est que mensonge. Tout je ne suis pas une fille vivant de «fausses apostasies» et qui profiterait des sous de fidèles musulmans. C’est bien la première fois que je me convertis à la religion musulmane et c’est une démarche de foi, à laquelle que j’ai mûrement réfléchi.
«J’étais une fille peu recommandable. Je buvais et fréquentais les boîtes de nuit»
Il est vrai que j’étais une fille peu recommandable, j’écumais les boîtes de nuit. Je buvais de l’alcool et passait mon temps à me battre. Mon habillement frisait même l’indécence. Toutefois, je le dis solennellement et je le jure : cette vie fait partie de mon passé. Pour rien au monde, je ne retournerai à mes anciennes amours. Je suis née à Thiès, il y a 20 ans et y ai fait mes humanités. Je suis étudiante en Médecine, ancienne mannequin. Mon père s’appelle Mamadou Ly, ma mère Sonia Lucia Jamal, d’origine libérienne. J’ai d’ailleurs vécu au Libéria, avant de revenir au Sénégal, il y a 1 an. Mes parents ayant divorcé, quand j’avais 16 ans, j’avais rejoint ma mère à Monrovia. Je teins à préciser que je suis née musulmane et que mon père m’a baptisée Yacine Ly. Cependant, je n’ai jamais vraiment pratiqué ma religion. Je ne priais pas et n’observais aucun précepte de l’Islam. Après le divorce de mes parents, ma mère m’a prise sous sa tutelle, ainsi que mes deux jeunes frères, j’avais à peine 17 ans. J’étais donc une mineure et ne dépendais que d’elle. Issues d’une grande famille catholique pratiquante, ma mère et ma grand-mère étaient connues des lieux de culte au Libéria. Une fois là-bas, j’ai été inscrite dans une école privée catholique. Tous les mercredis et vendredis, le Principal nous obligeait à prendre part aux messes qu’on y célébrait, qu’on soit musulman ou catholique. J’en ai parlé à ma mère qui m’a fait comprendre que nous avions tous le même Dieu. Ma grand-mère me conseilla d’aller tous les jours à la messe. Je lui ai alors obéi et j’ai fini par y prendre goût. Au bout de quelques temps, le Pasteur m’a bénie et convertie au Christianisme. On m’a donné le nom de Jasmine. Depuis, on m’appelait ainsi. Mes frères aussi n’y échapperont pas et se nomment maintenant, Melvin et Kelvin. Mis au courant, mon père m’en a voulu et a coupé toute relation avec nous.
«J’ai choisi d’être une disciple de Baye Niasse. Je ne rate pas les prières et je m’initie au Coran»
Entre-temps, j’avais entamé ma première année de Médecine et je suis revenue au Sénégal en vacances (il y a un an). Mais depuis, je ne suis pas retournée, car j’avais égaré mon passeport libérien (elle dit avoir la nationalité sénégalaise et libérienne). J’étais dans les démarches pour me faire délivrer un passeport sénégalais, mais il y avait quelques blocages. J’ai alors décidé de poursuivre mes études au Sénégal. J’ai cherché à m’inscrire dans une école de sages-femmes, cela n’a pas abouti. Mon père avait démissionné de son poste et n’avait plus beaucoup de moyens. Pis, il avait toujours une dent contre moi. Livrée à moi-même, je faisais ce que bon me semblait. J’ai tout fait dans ma vie, les lieux de débauche de la capitale et même d’ailleurs n’ont pas de secrets pour moi. Actuellement, je vis avec ma sœur et son époux à Guédiawaye, mais je suis assidue au domicile de ma cousine, à la cité Mixta où je vous reçois. Je sortais toutes les nuits, mais je n’ai jamais été pour autant une prostituée ou une dévergondée. Ce sont des contrevérités inventées par mes ennemis tapis dans l’ombre. Je ne suis pas non plus une voleuse sans scrupules. La somme qu’on m’a donnée à la cérémonie que l’on montre sur la vidéo, s’élève à un peu plus de 300.000 FCfa. Je l’ai encore en ma possession et je n’en ai utilisé qu’une infime partie pour sortir de l’aumône et acheter un tissu à mon marabout. Franchement, si je voulais de l’argent facile, j’aurais eu recours à d’autres moyens. 300.000 FCfa, ce n’est pas grand-chose à mes yeux et je n’aurais aucun mal à les trouver, si le besoin se présentait. Je ne suis pas démunie à ce point. Si j’ai décidé de me convertir à l’Islam, c’est parce que j’ai pris conscience que mon ancienne vie ne menait à rien. Je me suis résolue à changer, ce qui, pour moi, passait forcément par ma conversion à l’Islam. C’est faux de dire que j’étais motivée par des considérations pécuniaires. Mes sœurs en sont témoins, j’ai toujours été attirée par la confrérie des «Niassènes». C’est sincère. Dieu a mis sur ma route, un ami, Hassan, de la famille proche de Baye Niasse. Une aubaine pour moi que j’ai saisie sans hésiter. Il m’a introduite auprès des siens et c’est comme ça que j’ai été présentée au fils de Baye Niasse qui m’a convertie, Papa Macky Ibrahima Niasse. Depuis, je ne rate aucune des cinq prières quotidienne, je m’initie au Saint Coran. J’ai regagné la confiance de mon père. Fier, il m’a appelée au téléphone et m’a manifestée toute sa joie (ndlr : elle nous fait écouter l’enregistrement sonore, dans lequel un homme qu’elle appelle papa, lui témoigne de sa gratitude et formule des prières pour elle). J’ai aussi reçu le coup de fil de mon marabout, Papa Macky Ibrahima Niasse, lui-même. Il m’a rassurée et invitée à ne plus renouer avec mon ancienne vie.»
ZEIN MOUHABIDOUNE NIASSE, PETIT-FILS DE BAYE NIASSE
«Plutôt que de la vouer aux gémonies, Yacine doit être soutenue»
Il est de ceux qui ont soutenu la jeune fille, dans sa conversion à l’Islam. Petit-fils direct de Baye Niasse, Zein Mouhabidoune prend fait et cause pour Yacine Ly, que la vindicte populaire a fini de déclarer indésirable dans la confrérie «Niassène».
«Je suis le fils de Mouhamad Niasse, 6e fils de Baye Niasse. Celui qui a converti cette femme (Papa Macky Ibrahima Niasse) est le frère de mon père. Nous sommes des descendants directs de Baye Niasse. On s’est juste connu il y a deux semaines, par l’intermédiaire de Hassan (fils d’une épouse de Baye Niasse). C’est à partir de ce moment qu’elle a émis le souhait de se convertir à la religion musulmane et on lui a recommandé d’attendre un peu. Pendant deux semaines, on la fréquentait assidûment. Nous ne séparions que lorsque nous la ramenions chez elle, le soir. On aurait pu la convertir le jour même où elle en avait émis le souhait, mais il y a des jours qui sont très propices à la conversion. Nous avons appelé nos aînés qui nous ont recommandé d’attendre le jour du Gamou. En ce jour, notre guide aime à convertir les fidèles qui le souhaitent ou leur donner le wird tidjane. Ce jour-là, j’ai fait part à mon père du vœu de Jasmine de se convertir, mais que ses parents s’y opposaient. Notre père nous a recommandé de l’assister de notre mieux. C’est ainsi qu’elle a pu être convertie à la religion musulmane, le samedi 16 avril dernier. Nous avons récolté l’argent que nous collections pour le lui remettre. Les gens parlent d’escroquerie, mais la somme s’élève à un peu plus de 300 000 FCfa. Depuis sa conversion, elle suit les recommandations édictées par la religion musulmane. Tout ne peut être parfait automatiquement, mais on l’initie peu à peu. Les gens doivent la soutenir, au lieu de la vouer aux gémonies. Si elle était venue nous demander secours, en tant que chrétienne, nous l’aurions assistée, sans poser de questions, car la religion musulmane recommande d’aider son prochain.»
PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU
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