La polémique se poursuit en Chine après ce que des internautes chinois ont qualifié de « maltraitance à l’égard des touristes chinois en Suède ». En pleine nuit, la police a évacué du lobby d’un hôtel de Stockholm un groupe de touristes chinois, qui ont réagi en criant et filmant la scène. Survenu début septembre, l’événement a tourné à l’incident diplomatique le 17 septembre lorsque Pékin a accusé la Suède de non respect des règles internationales du tourisme.
De notre correspondant à Pékin,
Les faits remontent au 2 septembre dernier. Il est 1h45 du matin, un couple de touristes âgés et leur fils, lui aussi adulte, se présentent à un hôtel de Stockholm. Leur avion vient d’arriver et ils veulent se reposer. Problème : l’hôtel les informe que l’enregistrement ne commence qu’à 14h. Mais les trois voyageurs insistent, ils ne veulent pas prendre une chambre de nuit et attendront dans le lobby. Le ton monte, l’hôtel appelle la police, qui les évacue.
La scène se complique : une fois dans la rue, les trois touristes se débattent, se jettent à terre, se mettent à pleurer et à crier pendant que leur fils filme la scène. La vidéo a fait plus de 170 millions de clics sur le Twitter chinois Weibo.
L’affaire devient un incident diplomatique
Sur la vidéo, l’on entend des pleurs et des accusations de meurtre. Les images montrent qu’il n’est pas question de meurtre, mais plutôt de policières suédoises qui transportent les trois touristes dans la rue en les tenant par les mains et les pieds. La scène est un peu surjouée et certains internautes chinois l’ont fait remarquer en commentant la vidéo ironiquement : « Pourquoi crient-ils comme ça dans la rue ? C’est la honte », ou encore « on dirait une famille d’acteurs ». Les commentaires pleuvent, la Toile s’embrase.
Des internautes appellent pourtant au boycott d’Ikea en Chine. D’autres évoquent une « humiliation pour la Chine », sachant qu’en plus « nos touristes qui hurlaient à la mort en pleine nuit ont été éloignés du centre-ville par la police et déposés près d’un cimetière de Stockholm ».
L’incident arrive à son paroxysme le 17 septembre lorsque l’ambassade de Chine en Suède a dénoncé le non respect du protocole et des règles internationales du tourisme, et le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé la police de « brutalité ». L’affaire est devenue un incident diplomatique.
Vidéo postée le lendemain de la visite du dalaï-lama en Suède
La vidéo a été postée sur les réseaux chinois le 14 septembre, soit 12 jours après les faits, mais aussi le lendemain de la visite du dalaï-lama en Suède. La bête noire du régime chinois a notamment été reçue le 13 septembre par la mairie de Malmö, la troisième ville de Suède, ce qui ne plaît pas du tout aux autorités chinoises. Une coïncidence ?
Autre « coïncidence » : ce ne sont pas les touristes qui ont posté la vidéo le 14 septembre, mais le Huanqiu Shibao (Global Times), journal connu pour ses positions nationalistes. Au passage, cette affaire a coûté à un webmaster du ministère des Affaires étrangères son poste à Pékin. Il a fait une boulette en postant les récriminations de la diplomatie chinoise sur Twitter, mais en demandant des excuses non pas à la police suédoise, mais à la police suisse.
Une émission satirique suédoise relance la polémique
L’affaire est loin d’être close, surtout après une émission satirique de la télévision suédoise qui a relancé la polémique en se moquant visiblement de l’accent des touristes chinois. Alors que l’un d’entre eux dit « aidez-moi » en chinois, il semble dire « tuez-moi » en anglais.
De De plus, l’émission le fait après avoir montré une carte de la Chine sans Taïwan et sans le Tibet… et après aussi avoir diffusé un sketch imitant les annonces du ministère suédois du Tourisme qui rappellent aux touristes chinois qu’en Suède on mange avec des fourchettes et non pas des baguettes et que l’on ne fait pas ses besoins dans la rue.
Ce trait d’humour virulent a entrainé une nouvelle plainte de l’ambassade de Chine en Suède. Lundi 24 septembre, la télévision suédoise a fait ses excuses, mais elles ont été refusées par Pékin, car jugées non sincères.