On peut tout dire de la prestation des Lions, mais p…, ce que nous sommes heureux de cette victoire obtenue à l’arrachée par une débandade aussi collective que joyeuse. Sur l’heure, on s’en f… et comme nous le dit notre cher ami Khatab, excellent footballeur dans notre lointaine jeunesse, on peut même se permettre cette folie de dresser une statue à Aliou Cissé et ses hommes.
Ce n’est pas tous les jours qu’on joue comme ses pieds et qu’on gagne à l’arrivée, surtout contre ces gars du Nord. Il doit s’être produit quelque chose de bien de chez nous pour expliquer cette victoire. «Daf si bokk», nous lance Khatab, supporter inconditionnel des Lions qui n’en a eu cure ce dimanche 15 janvier 2017 d’une équipe au football fluide. «Depuis 1896, la fluidité est absente de notre football… ».
Cela dit, la joie d’une victoire consommée d’entrée digérée, place au peigne fin de la critique froide de ce que nous avons suivi et qui tient piteusement de premier match des Lions contre les Aigles de Carthage, dimanche à Franceville, au Gabon et qui compte pour la première journée du groupe B de ce premier tour de la 31e édition de la Coupe d’Afrique des Nations.
Ce fut poussif et déconcertant
Certes, la victoire (0-2, Sadio Mané sp et Serigne Modou Kara Mbodj en première mi-temps) est au rendez-vous, comme la fin d’un signe indien marqué par 28 années de frustration infligée par Carthage ; on s’en délecte encore, mais ce que notre égo de footeux en a souffert, prenant de sacrés coups de chicotte, depuis la profondeur de nos bancs, chaises, fauteuils et canapés.
Rarement, pour ne pas dire jamais, suivre un match des Lions n’a été aussi pénible.
Aliou Cissé, comme nous autres Sénégalais, est heureux de n’avoir pas pris, lui, son équipe et notre fierté nationale, la gamelle après la huitaine de « jakkarloo » (face-à-face) avec notre «homme du match», notre vaillant portier et vigile infatigable de notre kër (maison) à mille entrées.
Dans notre offre d’entrées systématiques et systémique aux Tunisiens, il n’y a que leur malheureux gardien de but et capitaine, Aymen, Mathlouthi, qui n’a pas eu son «occase» pour scorer. Notre passoire sénégalaise si facile et si inattendue a dû déconcerter, décontenancer, et surprendre les Carthaginois qui ne s’attendaient sûrement pas à autant de bienfaits de la part des Lions estampillés première équipe africaine par la FIFA.
La faute ? Sûrement à tout le monde. Un naufrage technico-tactique collectif.
Cela commence peut-être par le choix d’une pointe en l’occurrence Mame Birame Diouf, à qui l’on a demandé de plus user ses crampons de «Gladiator» dans un rôle de premier défenseur que de défoncer et pilonner avec sa puissance une défense priant, la peur au ventre immanquablement, de ne pas se faire atomiser par notre attaque de feu.
L’ancien capitaine des Lions devenu sélectionneur national à la suite du gribouillage des pigistes étrangers, a, croyons-nous, raté l’occasion d’intégrer que la logique de tout entraîneur adversaire qui voit son équipe jouer devant une « favori » désigné, est de camper la prudence comme maître mot dans l’organisation et l’animation de son football. Attendant le passage de l’orage et la présentation de l’opportunité qu’offrent les dieux du football.
Notre attaque sclérosée par ce choix critiquable, notre milieu déliquescent nageant dans une marée d’Aigles attentifs et fins tricoteurs du ballon, notre barrage de Manantali aux forts de misère remplissant laborieusement ses termes de défense, notre Aliou Cissé et nous-même ne pouvions compter que la chance, la baraka de notre gardien de but et la grinta de nos deux génies, Diao Baldé Keïta et Sadio Mané, à qui l’on demandera tout de même d’apprendre davantage à conjuguer le football au normes internationales et pour l’heure continentale plutôt que de s’enflammer et de s’époumoner inutilement.
Pour tourner en dérision, disons que nous nous sommes retrouvés au final avec un pied de nez d’un superbe gag de classe sénégalaise au bout duquel les Aigles se sont cassés le bec après une pluie de nez-à-nez stériles. Nous confortant ainsi dans l’idée que nous devons notre inviolabilité plus aux djins du foot, qu’à ses dieux, à qui nous avons priés, tout au loin de la pénible soirée de ce dimanche 15 janvier, de ne jamais mettre un terme à l’injustice du foot dans cette partie.
Reste à espérer que le chanceux Aliou Cissé, nos poulains et nous mêmes aurons toujours ce même wërsëk (chance) pour garder inviolable notre cage et que dame protection naturelle nous amènera, tous, au bout du tunnel gabonais et africain avec nak, quand même un peu plus de foot au bout des godasses de nos joueurs pour notre fierté nationale et gloire africaine.