Sur les artères de Dakar comme de différentes villes, dans les marchés et au niveau des espaces publics, l’on remarque la présence de certaines personnes équipées de cafetière, de fourneau et de tasses à jeter. Ce sont des vendeurs de café Touba. Ils squattent les rues de la ville à la recherche d’un client potentiel ou souvent s’installent à un endroit précis pour le développement de leur activité : la vente du café local communément appelé « café Touba ». Et ça marche !
S’il y a un commerce qui se « fraye » un passage dans la capitale sénégalaise et dans différentes grandes villes du pays, au-delà de la capitale du mouridisme, c’est bien celui du « café Touba ». En effet, le « café Touba » est devenu, au fil de ces dernières années, un produit très prisé par la population sénégalaise. Aujourd’hui, les vendeurs de ce café local sont visibles dans tous les coins de rue. Une marmite ou gamelle solidement fixée sur un fourneau, des tasses accrochées, à une petite corde, une bouteille contenant du sucre, qui ornent leur décor, constituent les équipements de ces multiples vendeurs de café. La chaleur n’y fait rien, ces adeptes de ce petit métiers font des affaires.
« Il m’arrive de vendre jusqu’à une valeur de 3000 F Cfa par jour », précise Amadou trouvé près du rond-point du Jet d’eau. « Je faisais le tour de beaucoup de quartiers, mais aujourd’hui, je me suis installés ici pour continuer mon commerce. Avec l’âge, on n’a plus assez de force pour tout le temps squatter les rues de la capitale », affirme-t-il. Tout souriant, Amadou s’estime heureux : « J’arrive à tout écouler pendant la journée », reconnait-il. « C’est parce qu’il vend un café de qualité, le plus prisé de toute cette zone », affirme un client, tasse de café à la main.
« Avec le kilogramme de café acheté à 1500 F Cfa, il est facile de remplir pas moins de 5 cafetières. Et chacune d’elles peut rapporter jusqu’à 700 F Cfa de bénéfice », à 50 F Cfa la tasse, explique Ibrahima Fall, vendeur de café croisé non loin du rond-point Jet d’eau. Contrairement à Amadou, Ibrahima a choisi de circuler dans les rues des quartiers pour développer son activité de vente du café local. « En circulant, on a plus de chance de croiser des clients ». Car les gens, dit-il, ne sont parfois pas en mesure de se déplacer pour acheter une tasse de café. « Ils habitent dans certains endroits assez loin des routes principales. De ce fait, circuler à l’intérieur de ces rues nous est profitable ».
Interrogé sur les mesures d’hygiène prises pour garantir un café de bonne qualité à ses clients, Amadou affirme ne pas lésiner sur les moyens. « Je le prépare moi-même et je veille à ce que tout mes outils de travail soient propres. Je ne veux pas vendre aux gens quelque chose qui peut leur causer des problèmes sanitaires.»
Ce vendeur de café rencontré plus loin, en remontant vers Niarry Tally, est ambulant. Il préfère garder l’anonymat. « Je vends du café depuis l’an 2007 et j’habite Gueule-Tapée. J’ai un fournisseur, mais c’est moi qui me charge de la préparation ». Et, notre interlocuteur, trouvé assis sous un arbre, de continuer : « Il m’arrive de gagner entre 1000 et 2000 F Cfa mais aussi, j’aurai aimé avoir une place fixe car c’est dur tout le temps d’arpenter les rues. »
Abondant dans le sens de l’hygiène, notre interlocuteur déplore l’attitude de certains clients qui jettent des tasses dans les rues après en avoir bu le continu. « C’est un acte à bannir, les gens font ce qu’ils veulent. Et, derrière, ils se mettent à protester contre les services de nettoyage ». Et comme pour montrer son impuissance face à cette situation, il ajoute: « C’est dommage. Nous, ce qui nous intéresse, c’est notre café. Si les gens n’ont pas assez de retenue pour ne pas jeter les tasses par terre, on n’y peut rien. Autrement, il faudrait leur faire la remarque car c’est notre commerce qui en sera affecté ».
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