Vente de 67 parcelles : Mass Thiam visé par les enquêteurs pour avoir versé 5 milliards FCFA à Amadou Sall

Sous le règne de Macky Sall, le foncier est devenu le moyen le plus rapide et le moins épuisant pour s’enrichir. Avec la complicité de certains maires, de la Commission de Contrôle des Opérations Domaniales (CCOD), de plusieurs directeurs des impôts, de ministres de l’Urbanisme et des Finances, ainsi que de gouverneurs, préfets et sous-préfets, des proches des différents régimes se sont accaparé des terres publiques dans des conditions opaques pour en faire un business juteux.

Selon Yoor Yoor, des figures bien connues comme Farba Ngom, Tahirou Sarr et Macky Sall ont utilisé à leur profit le foncier de l’État sénégalais, accumulant des richesses colossales. Des domaines appartenant à l’État ont été cédés dans des conditions défiant toute transparence. N’avait-on pas entendu Mamadou Gueye, ex-directeur des Domaines, déclarer à la télévision Sen TV qu’il avait offert plusieurs terrains à des tiers ? Yoor Yoor rappelle qu’il s’est également attribué des parcelles, malgré ses dénégations grotesques.

Abdoulaye Wade, pour sa part, s’était octroyé de vastes espaces pour les redistribuer à ses proches, notamment en les délogeant de la zone pyrotechnique afin d’y ériger la Cité Keur Gorgui. D’après une enquête menée par Yoor Yoor, plusieurs membres de sa famille et de son entourage y ont reçu des parcelles sans avoir déboursé un franc. Le siège actuel du PDS y a même été implanté.

Le Stade Léopold Sédar Senghor, le CICES et d’autres lieux publics n’ont pas échappé à l’appétit vorace des prédateurs fonciers de Wade et Macky Sall. Ce dernier, à son tour, a distribué sans retenue des terres appartenant à l’État, souvent à des proches chargés de leur gestion. Comme l’a documenté Yoor Yoor, l’intégralité de la façade maritime est aujourd’hui entre les mains de proches des anciens régimes, en violation flagrante des lois foncières.

C’est dans ce contexte que le fils de l’ex-président, Amadou Sall, a été introduit dans le cercle fermé des businessmen du foncier. Sans métier clairement identifié, il a bénéficié de plusieurs hectares dans le cadre du lotissement de la BOA, qui fut, selon Yoor Yoor, une véritable « vache à lait » pour le régime déchu. Ce lotissement a permis à des individus comme Farba Ngom de s’enrichir discrètement.

Amadou Sall disposait autour de lui d’un réseau de courtiers et de fidèles dont la mission exclusive était de vendre des parcelles et de lui verser l’argent liquide, évitant ainsi toute traçabilité. Yoor Yoor affirme que plusieurs comptes bancaires appartenant à des proches étaient utilisés pour capter les virements, lesquels étaient ensuite reversés à Amadou Sall. Ces courtiers touchaient en retour des commissions de plusieurs millions de francs CFA.

La Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a retracé les flux financiers suspects transitant par ces comptes, qui finissaient par atterrir dans les coffres d’Amadou Sall. D’après les révélations obtenues par Yoor Yoor, des montants faramineux ont circulé sans aucune justification légale ou fiscale, nourrissant une véritable économie parallèle au sommet de l’État.

Au cœur de ce réseau figure Mass Thiam, décrit comme le courtier le plus percutant de la galaxie Sall. Ce jeune homme de moins de 30 ans aurait, à lui seul, vendu 67 parcelles allant de 200 m² à 500 m², pour un total de 5.732.000.000 FCFA. Connu pour circuler dans une Mercedes-Benz G63 AMG d’une valeur de 200 millions FCFA, il symbolise, selon Yoor Yoor, la nouvelle génération de « courtiers millionnaires » issus de la spéculation foncière.

Après une période d’absence hors du territoire, Mass Thiam est récemment rentré au pays, dans une discrétion absolue. Mais le Pool Judiciaire Financier (PJF), qui démantèle actuellement le réseau mis en place par Amadou Sall, l’aurait désormais dans son viseur. Yoor Yoor précise que des documents compromettants liés à ses transactions auraient été saisis dans le cadre d’une opération conjointe menée par le PJF et la CENTIF.

À Ouakam, les populations locales sont aujourd’hui dépossédées de leurs plages, devenues inaccessibles à cause de privatisations illégales par de nouveaux occupants. Yoor Yoor révèle que plusieurs plaintes de collectifs citoyens sont actuellement entre les mains de la justice, qui commence à s’intéresser aux complicités administratives et politiques ayant rendu ces privatisations possibles.

Le scandale du lotissement BOA, désormais entre les mains du PJF, pourrait bien être le point de départ d’une vaste opération de reddition des comptes sur les pratiques foncières du régime précédent. Si les faits sont établis, les ramifications de cette affaire risquent de secouer durablement l’ancien cercle présidentiel et ses hommes de confiance. Comme l’analyse Yoor Yoor, cette affaire illustre crûment le pillage organisé des ressources foncières publiques au Sénégal, transformées en instruments d’enrichissement privé.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici