La Ligue démocratique Ld est dans une zone de turbulences, qui risque de lui être fatal, comme cela a été le cas pour le Ps, l’Afp sous Macky Sall ou encore, AJ/PADS sous Wade.
Toutes ces formations ont connu des rebellions contre leur direction, suivies de scissions suite à la décision de leur leader de s’allier avec le parti au pouvoir.
Aujourd’hui, c’est au tour de la Ld, d’entrer dans l’œil du cyclone. Des membres de ce parti, frustrés par l’utilisation à des fins personnelles de leur formation politique, ont créé un mouvement dénommé Ld debout, dans le but de dégriser leur parti, qui aurait succombé aux délices enivrants du pouvoir.
Selon les animateurs de cette fronde « le parti a été compromis pour des intérêts crypto-personnels (…) Un discrédit total est jeté sur notre organisation qui d’instrument de lutte construit au prix de lourds sacrifices par des générations de militants, est devenu un moyen d’ascension sociale d’une minorité (…)»
Avant cette sortie des Jallarbistes, Khalifa Sall avait, lui aussi soutenu le même argumentaire quand Tanor Dieng avait, contre vents et marées, décidé d’arrimer la barque des socialistes à celle de l’Apr.
« On doit réorganiser, relancer, notre parti, nous ne sommes pas un parti de suppressif ou d’additif. Nous devons être une alternative », avait-il laissé entendre.
Finalement, qu’est-ce qui fait courir ces leaders de parti, les sinécures ou l’ambition de servir leur pays ? Pourquoi tiennent-ils tant à rouler pour le parti au pouvoir, quitte à saborder leur formation politique et à sacrifier les ambitions qui y éclosent ?
En tout cas, il est difficile de ne pas croire que ces alliances ont pour soubassement, sinécures et privilèges. Parce que, systématiquement, tous ceux qui se sont hasardés à ramer à contre-courant des désirs de leur patron, ont été conduits à l’échafaud, sans autre forme de procès.
Le tableau le plus illustratif en est la descente aux enfers des jeunes socialistes qui ont eu l’outrecuidance de s’opposer à la volonté de l’inamovible Ousmane Tanor Dieng, qui a scellé l’union du Ps et de l’Apr.
Tous ceux qui l’avaient défié ont eu, soit des déboires avec la Justice, Bamba Fall, Barth Dias ou encore Khalifa Sall soit ont été mis sous l’éteignoir comme Aissata Tall Sall, pour ne citer que celle-là.
Même si par ailleurs, les victimes d’aujourd’hui, ont été les procureurs d’hier, n’est-ce pas Khalifa Sall et Barthélémy Dias, pour parler de l’affaire Malick Noël Seck ?
C’est comme si les leaders avaient signé un pacte avec le parti au pouvoir. Pacte qui consistait à tenir en laisse, plutôt à bâillonner les ambitions des jeunes loups, en échange de sinécures.
«Moi, Moustapha Niasse (…), j’ai signé un accord avec Macky Sall. Et je dis ici, aucun ambitieux, aucun imbécile, aucun salopard, ne peut détruire ce qui me lie à Macky Sall », avait tonné le secrétaire général de l’Afp, le 22 janvier 2015, face aux huées des jeunes de son parti qui rejetaient sa décision de renoncer à une candidature de l’Afp pour soutenir celle de l’Apr.
N’y a-t-il pas comme un parfum d’indécence dans notre démocratie, quand on voit des partis vieux d’une vingtaine d’années, d’une quarantaine d’années et plus, s’aligner derrière un parti qui n’a même encore bouclé ses…dix années d’existence !
Et force nous est de constater aujourd’hui, que tous ces leaders de parti, qui justifiaient leur compagnonnage par leur volonté de faire de la transparence et de la bonne gouvernance leur cheval de bataille, ont tourné le dos à leurs convictions. Comme pour donner des gages de loyauté à la constante Apr ?
Une situation bien paradoxale, dont la réponse pourrait se trouver cependant dans l’ouvrage du journaliste Cheikh Yérim Seck, «Ces goulots qui étranglent la République», dans lequel il soutient que tous les partis ayant contribué à l’accession du président Macky Sall au pouvoir reçoivent chacun, 20 millions pour leur contribution à la défaite de Wade en 2012. Ceci explique-t-il cela ?
Où sont passés les conclusions des Assises nationales que les uns et les autres brandissaient fièrement, comme le viatique indispensable du bon démocrate au Sénégal ?
Si le « Neel mott » des souteneurs du régime au pouvoir peut s’expliquer au nom du « Takhthi ripp », il est en revanche, difficilement digérable, pour des générations de militants de ces partis de gauche, après des dizaines d’années de combats et de sacrifices, de se voir signifier de la sorte, la fin de leurs « illusions ».
Parce que, quoi qu’on puisse dire, ces hommes et ces femmes de qualité, ont donné leurs lettres de noblesse à la démocratie sénégalaise, avec constance et abnégation, en des moments où il ne faisait pas bon, alors pas du tout, être opposant au régime.
La rédaction