L’atmosphère est très électrique dans le Fouta. Alors qu’il a convoqué un conseil municipal ce samedi, le maire de Ourossogui a décidé d’organiser une campagne de baston de ses opposants. Dans sa volonté de terroriser les populations qui commencent à décrier sa gestion clanique de la mairie, Moussa Bocar Thiam a décidé de casser de l’opposant. Comme des journalistes venus s’enquérir de la situation à Ourossogui. Reportage.
Samedi 3 novembre, il est 16 heures. Nous sommes à Ourossogui, dans le fin fond du Fouta, au coeur de cette commune qui, ces derniers temps, a beaucoup fait parler d’elle, par sa saleté et la mauvaise gestion de ses ressources comme par la gueguerre de ses conseillers municipaux. Convoqué par Me Moussa Bocar Thiam, lui-même, le conseil municipal avait été prévu ce matin. Et, venus de partout et surtout de Dakar à 700Km d’ici, les conseillers se sont retrouvés face au même mur qui les bloque depuis plusieurs années déjà.
« En l’absence du quorum nécessaire » et face au « refus du gérant » -qui devait accueillir la réunion dans l’enceinte de son institution-, le conseil municipal a été annulé. « Le motif est que le gérant a dit que, sans la présence des gendarmes pour assurer la sécurité, il refusait d’organiser le conseil municipal dans ses locaux. » A déclaré une source ayant pris part à la rencontre. Face à cette situation qui empêche la tenue d’un débat ouvert, permettant de mieux comprendre les non-dits de Ourossogui, nous avons a décidé de recueillir les avis des populations prises dans ce piège de politiciens.
Après avoir fait le tour de la ville, nous nous sommes rendus à la maison des femmes de Ourossogui; un endroit construit et équipé par l’ancienne équipe municipale et fermée et abandonnée par la présente municipalité sans qu’aucune explication ne soit donnée aux populations. Et alors que nous commencions tout juste notre tournage, voilà que se présente le maire en personne. Au préalable, Kewoulo qui avait fait un papier sur la catastrophe écologique qui se déroule dans cette commune avait cherché à recueillir les propos de l’édile décrié de Ourossogui. Mais, Moussa Bocar Thiam avait refusé de répondre à nos questions. Cette fois-ci, il est là. En face de nous, entouré par une horde de voyous qui le scrute du regard dans le but de déceler dans ses yeux un ordre, un quitus à l’agression, tous prêts à en découdre avec l’invité de Kewoulo. Et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.
Alors que l’on s’attendait à ce qu’il demande la parole et fasse une déclaration devant notre caméra pour se défendre des accusations de « gestion clanique », de « malversation » etc., le maire s’est empressé de nous enjoindre d’arrêter de filmer. Aussitôt, l’invité de Kewoulo, Moussa Dia, est roué de coups par les partisans du maire. Le reporter de Kewoulo est encerclé. Malmené. Le maire intervient et demande la raison de la présence du journaliste à Ourossogui. Ce dernier lui tend sa carte de presse et lui dit être en reportage envoyé spéciale sa rédaction. Aussitôt, le premier magistrat de la ville s’en prend au reporter. Lui arrache sa caméra des mains et la fracasse contre le mur. Le reste du matériel subira le même sort.
Sorti de ce lynchage en bonne et due forme, le journaliste de Kewoulo se dirige vers la brigade de gendarmerie de Ourossogui. Il est rejoint la-bas par la presque totalité de la ville. Si Moussa Dia s’est retrouvé avec le bras cassé, pour certains c’est la gueule… pardon la bouche qui saigne. Et tout ce beau monde a décidé de porter plainte contre le maire qui, bénéficiant de son statut d’allié du pouvoir, se croit tout permis. Les opposants l’accusent d’avoir installé une gestion clanique à la tête de la mairie et de créer en permanence des situations de conflit pour ne pas répondre de sa gestion. En maille en partir avec ses adjoints, « c’est à son frère, Sileymane Thiam qu’il a confié la gestion de la mairie. Et ce dernier, qui fait la navette entre Dakar et Ourossogui, a décidé de se faire, de temps en temps, représenter par sa seconde femme. »
C’est pour vérifier ces accusations distillées par les populations que Kewoulo a dépêché un reporter sur place. Mais, vraissemblablement, ce maire atypique n’aime pas qu’on vienne mettre le nez dans la gestion des 400 millions de F CFA de budget annuel votés, tous les ans et depuis 4 ans, par les conseillers municipaux. Ces derniers, aujourd’hui, face au délabrement du cadre de vie à Ourossogui, se demandent où est allé tout cet argent.
Avec Kewoulo