Urgent-Du Nouveau sur le crash de l’ avion d’Ethiopian Airlines

A woman reacts as she waits for the updated flight information of Ethiopian Airlines Flight ET 302, where her fiance was onboard at the Jomo Kenyatta International Airport (JKIA) in Nairobi, Kenya March 10, 2019. REUTERS/Baz Ratner

Le Boeing 737 avait décollé dimanche matin d’Addis-Abeba et était à destination du Kenya. Tous les passagers ont péri dans l’accident, parmi lesquels huit Français.

Un Boeing 737 de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines, qui effectuait la liaison Addis Abeba (Ethiopie) – Nairobi (Kenya), s’est écrasé, dimanche 10 mars au matin, peu après son décollage. Les 157 personnes qui se trouvaient à bord, parmi lesquelles huit Français, ont péri dans l’accident.

Quelque 35 nationalités étaient représentées parmi les passagers et équipage à bord du vol ET302, qui s’est écrasé dans un champ à environ 60 kilomètres au sud-est d’Addis Abeba, près de la ville de Bishoftu.

Qui sont les victimes ?
Les victimes du crash étaient de 35 nationalités différentes, selon un comptage provisoire fourni par la compagnie. Celle-ci a notamment dénombré trente-deux Kényans, dix-huit Canadiens, neuf Ethiopiens, huit Italiens, huit Chinois, sept Britanniques, six Egyptiens, cinq Allemands, quatre Indiens.

De nombreuses personnes affiliées à l’ONU se trouvaient dans l’avion, l’accident s’étant produit à la veille de l’ouverture, à Nairobi, de la conférence annuelle du Programme des Nations unies pour l’environnement prévue entre les 11 et 15 mars, dont le siège est à Nairobi. « On s’attend à au moins une douzaine de victimes affiliées à l’ONU », a indiqué une source onusienne, précisant qu’il pouvait y avoir, en outre, des « interprètes pigistes » se rendant à la conférence. Dans un communiqué, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fait part de sa « tristesse profonde ».

D’autres informations concernant l’identité des passagers ont émergé. Un responsable de la fédération kényane de football, Hussein Swale, et un archéologue italien et conseiller à la culture de la région Sicile, Sebastiano Tusa, font partie des morts. Un député slovaque, Anton Hrnko, a perdu sa famille : « C’est avec une infinie tristesse que j’annonce que ma chère épouse, Blanka, mon fils Martin et ma fille Michala ont péri dans la tragédie aérienne à Addis Abeba ce matin », a-t-il écrit sur son compte Facebook.

A Nairobi, les familles et proches des passagers ont été regroupées dans un hôtel situé dans l’enceinte de l’aéroport international.

Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a présenté « ses profondes condoléances aux familles de ceux qui ont perdu leurs proches bien-aimés ». Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, a adressé « ses prières (…) à toutes les familles et aux proches de ceux qui étaient à bord ». La compagnie Boeing s’est déclarée « profondément attristée » d’apprendre la disparition des passagers.

Le président Emmanuel Macron a témoigné de « l’entière solidarité » de la France « au côté des peuples kényan et éthiopien » et a adressé ses condoléances aux proches des victimes.

Quelles sont les causes du crash ?
En s’écrasant, l’avion a creusé un impressionnant cratère, labourant la terre sur des dizaines de mètres de longueur. L’avion s’est, semble-t-il, désintégré à l’impact : on ne distinguait plus la forme de l’appareil, mais seulement des morceaux de carlingue éparpillés au sol, au milieu d’effets personnels. Sur place, des équipes de sauveteurs étaient affairées à la difficile tâche de récupérer les corps. Selon un témoin interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), « l’avion était déjà en feu lorsqu’il s’est écrasé au sol ».

Le vol ET302 avait décollé à 8 h 38 (6 h 38, heure de Paris) de l’aéroport international Bole d’Addis Abeba et il a disparu des contrôles radar six minutes plus tard. L’appareil était piloté par le capitaine Yared Getachew (8 000 heures de vol à son actif) et il avait fait l’objet d’une maintenance le 4 février. Il aurait dû atterrir à Nairobi vers 10 h 30 (8 h 30, heure de Paris). Les conditions météorologiques étaient bonnes dimanche matin à Addis Abeba.

Selon le PDG d’Ethiopian Airlines, Tewolde GebreMariam, le pilote a fait part de « difficultés » peu après le décollage et il a demandé à rentrer sur Addis. « Le pilote a mentionné qu’il avait des difficultés et qu’il voulait rentrer » et « il a eu l’autorisation » de faire demi-tour et de repartir vers Addis Abeba, a expliqué M. GebreMariam.

Qui va mener l’enquête ?
Des enquêteurs de l’Agence éthiopienne de l’aviation civile et des experts américains mèneront l’enquête de concert, a assuré le PDG d’Ethiopian Airlines. L’organisme fédéral américain chargé de la sécurité dans les transports (NTSB) a annoncé dimanche l’envoi d’une équipe d’inspecteurs chargés d’apporter leur aide. L’envoi d’experts du NTSB est habituel lorsqu’un accident concerne un avion fabriqué par le constructeur américain Boeing et/ou que des victimes sont de nationalité américaine. Huit Américains ont perdu la vie dans cet accident dimanche.

Par ailleurs, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête sur le crash. Cette décision a été prise en raison de « la présence de ressortissants français parmi les victimes », a précisé le parquet. Le ministère des affaires étrangères français a annoncé que « huit passagers de nationalité française sont décédés dans l’accident ».

Interrogations sur le Boing 737 MAX
Pour la deuxième fois en quelques mois, un Boeing 737 MAX s’est écrasé quelques minutes après son décollage, soulevant de nouvelles questions sur les débuts de cet appareil essentiel pour le constructeur américain.

La tragédie de dimanche survient en effet après celle de Lion Air fin octobre 2018. L’appareil moyen-courrier de la compagnie à bas coûts indonésienne s’était abîmé en mer de Java, tuant 189 personnes. Une des boîtes noires avait pointé des problèmes d’indicateur de vitesse, un coup dur pour cet avion, version modernisée du best-seller 737.

« Il s’agit du même avion. Comme pour Lion Air, l’accident se passe très peu de temps après le décollage et les pilotes ont émis des messages pour dire qu’ils étaient en difficulté puis il y a eu perte de l’avion. Il est difficile de dire que cela ne ressemble pas au premier accident », concède un expert aéronautique, qui a requis l’anonymat. « Il s’agit seulement de similarités, et la comparaison s’arrête là dans la mesure où nous n’avons pas d’information fiable à ce stade », a insisté, de son côté, Michel Merluzeau, directeur de Aerospace & Defence market Analysis.

« Il est trop tôt pour faire des commentaires pertinents », a également réagi Richard Aboulafia, expert aéronautique chez Teal Group, interrogé sur les circonstances de l’accident et les similarités entre les deux tragédies. Seules les données du vol et les conversations dans le cockpit contenues dans les deux boîtes noires de l’appareil pourront en effet donner des éléments tangibles sur les causes de l’accident : problèmes techniques, erreur de pilotage ou la combinaison de plusieurs facteurs.

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