Paris, 8 mars 2016 (AFP) – Vingt-sept millions d’euros de biens appartenant à l’ancien ministre sénégalais Karim Wade, condamné à six ans de prison pour enrichissement illicite, ont été à ce jour restitués à l’État du Sénégal, selon un représentant et des avocats du pays.
« Deux sociétés sénégalaises spécialisées dans les services aéroportuaires et six appartements dans un complexe immobilier de luxe appartenant à Karim Wade ont été confisqués », a détaillé mardi, lors d’une conférence de presse à Paris, Antoine Diome, agent judiciaire de l’État sénégalais. Leur propriété a été transférée à l’État.
Ces saisies représentent 27 millions d’euros d’après les calculs des experts mandatés par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI, juridiction spéciale), selon Antoine Diome.
Vingt-quatre comptes bancaires à Monaco, totalisant onze millions d’euros, ont été bloqués et d’autres biens immobiliers font l’objet d’une procédure de saisie, notamment deux appartements dans le XVIe arrondissement de Paris.
« Cela a failli être un braquage parfait », a relevé l’un des avocats français du Sénégal, Me William Bourdon, mettant en avant « l’habilité de Karim Wade et de ses mandataires à utiliser les instruments financiers les plus complexes ». « Nous avons bon espoir de remettre la main sur une bonne partie du magot », a-t-il ajouté.
Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais (2000-2012) Abdoulaye Wade, a été condamné en mars à six ans de prison et à plus de 210 millions d’euros d’amende par la CREI.
Il était accusé d’avoir illégalement acquis un patrimoine valorisé à 178 millions d’euros (sociétés au Sénégal et à l’étranger, comptes bancaires, propriétés immobilières, voitures…) lorsqu’il était conseiller puis ministre de son père, ce qu’il nie.
Les avocats de Karim Wade, détenu à Dakar, ont déposé plainte début février à Paris pour dénoncer sa « détention arbitraire ».
Ils s’appuient sur un avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, publié le 29 janvier, demandant au « Sénégal de prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation et la rendre conforme aux normes internationales des droits de l’Homme ». Un premier avis avait été rendu en ce sens en avril 2015 par le Groupe de travail.