Un père italien demande à Apple de débloquer l’iPhone verrouillé de son fils de 13 ans, mort d’un cancer. Les données y sont chiffrées et il n’a aucun moyen de récupérer les photos et autres souvenirs qui y sont stockés.
Le chiffrement du contenu des iPhone est une nécessité absolue pour la protection de la vie privée et des données personnelles des individus, mais il peut aussi prendre une tournure tragique quand personne n’a le double des clés. Ainsi le journal suisse Le Matin rapporte qu’un père italien a écrit directement à Tim Cook pour demander au PDG d’Apple de l’aider à avoir accès au contenu de l’iPhone qu’il avait offert à son fils adoptif de 13 ans, décédé d’un cancer des os diagnostiqué en 2013.
« Ne m’enlevez pas la possibilité de garder des souvenirs de mon fils », a-t-il supplié. Mais quand bien même l’histoire est très douloureuse, il est très improbable qu’Apple accepte la demande qu’il a refusée au FBI dans une affaire de terrorisme. L’homme affirme donc être prêt à recourir aux services de la société israélienne Cellebrite qui a fourni des outils au FBI, et assure que cette dernière serait prête à essayer, gracieusement.
« Ayant perdu mon Dama, je vais lutter pour récupérer ses photos, pensées et écrits de ses deux derniers mois, prisonniers de appareil », promet le père endeuillé.
Il explique qu’il avait offert l’iPhone à son fils environ 9 mois avant sa mort, et que ce dernier qui « s’en servait tout le temps » avait autorisé son père à y avoir accès, en ajoutant son empreinte digitale à celles reconnues par le lecteur d’empreintes Touch ID d’Apple. Mais « malheureusement, cela ne fonctionne pas quand on éteint puis on rallume le téléphone », rappelle-t-il. En effet, lors de chaque redémarrage le téléphone demande d’abord à entrer le mot de passe, avant d’autoriser le déblocage par Touch ID. Si le téléphone était éteint, et si Dama était le seul à connaître le mot de passe, il devient impossible d’y avoir accès.
PAS DE TRANSMISSION DES DONNÉES APRÈS LA MORT CHEZ APPLE
Douloureuse, l’affaire soulève aussi la question délicate de la transmission des données personnelles en cas de décès. Pour le moment, l’encadrement juridique est largement inexistant, et chaque entreprise applique donc sa propre politique — c’est un point que le projet de loi numérique d’Axelle Lemaire aborde en aménageant un régime de testament numérique, qui pourra passer soit par des instructions générales laissées à l’exécuteur testamentaire, soit par des instructions spécifiques contractualisées avec chaque service.
« TOUS LES DROITS LIÉS À VOTRE IDENTIFIANT APPLE OU CONTENU DANS LE CADRE DE VOTRE COMPTE SERONT RÉSILIÉS AU MOMENT DE VOTRE DÉCÈS »
Dans ses conditions d’utilisation d’iCloud, sur lequel les données de l’enfant sont peut-être dupliquées, Apple prévient que « sauf obligation contraire imposée par la loi, vous acceptez que votre Compte est incessible et que tous les droits liés à votre identifiant Apple ou Contenu dans le cadre de votre Compte seront résiliés au moment de votre décès ». Estimant que les données que les morts avaient gardé privées doivent disparaître avec le mort, la firme n’autorise aucune transmission aux héritiers.
« Dès réception d’une copie d’un certificat de décès, votre Compte pourra être résilié et l’intégralité du Contenu de votre Compte pourra être supprimée. ». Point.
iclouddrive
Néanmoins, il semble qu’Apple n’applique son règlement à la lettre. Ainsi en début d’année, la chaîne canadienne CBC avait rapporté une affaire similaire, d’une veuve demandant à avoir accès aux données de son mari. Dans un premier temps, Apple avait refusé et exigé un ordre judiciaire. mais l’affaire s’était finalement résolue de gré à gré, après l’intervention d’une association. Apple n’avait toutefois pas voulu expliquer les raisons de son revirement, ni revenir sur sa politique qui interdit en principe tout transfert.
Moralité : donnez votre mot de passe à vos (très) proches si vous souhaitez qu’ils puissent accéder à vos données après votre mort. On ne sait jamais quand elle interviendra.
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