L’érection d’un ministère en charge spécifiquement de l’économie numérique et des télécommunications répond à une attente forte des acteurs de l’écosystème pour la mise en place d’un dispositif institutionnel cohérent et intégré.
En effet, la mise en œuvre concrète des engagements de la Stratégie Sénégal Numérique 2025, référent principal de la politique du Sénégal en la matière, requiert une meilleure coordination et prise en main sous la houlette d’un département ministériel fort et interlocuteur principal de tous les acteurs.
La thèse centrale est de maintenir une position de pays leader innovant
Telle une vague déferlante, la transformation numérique envahit la planète et dans toutes les sphères d’activité ou presque. Les mutations rapides que provoque le 4.0, cette quatrième révolution industrielle, celle d’un monde nouveau, seront sans merci pour tous ceux qui n’auront pas su prendre le train à l’heure.
Cette transformation bouleverse les paradigmes de base des relations d’affaires et les secteurs industriels existants, tout en offrant un potentiel considérable d’enrichir la vie et d’élever le niveau de vie des usagers
Partout, elle pousse les administrations et industries entières à se réinventer ou… à mourir.
Le Président de la République a compris parfaitement cet enjeu qu’avec un ministère fort qui regroupe les différentes entités, qui centralise la prise de décision, le Sénégal peut impulser, de manière harmonieuse, l’utilisation de l’économie numérique comme levier de développement, de transformation de notre écosystème, de création d’emplois, d’inclusion, et surtout de développement humain durable.
Voilà un pas important franchi, et salué au demeurant par les différents acteurs, pour suivre le cap de la mutation de notre économie.
Dans la perspective de l’émergence numérique visée à l’horizon 2035 à travers le PSE, la locomotive institutionnelle doit avoir les amortisseurs solides pour bien amorcer le virage et « numériser le Sénégal ».
Le Chef de l’Etat a rappelé d’ailleurs à l’occasion du premier forum sur le numérique au Sénégal, tenu le 15 mars 2018 au Centre internationale de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD), son ambition de « numériser et de digitaliser le Sénégal, au profit de tous » et au nom de « l’exigence démocratique ».
La transformation digitale du service public doit être ainsi plus ressentie par les usagers.
C’est dans le même esprit qu’il faut certainement comprendre les transformations annoncées lors de son discours d’investiture en faisant part de son engagement « sans tarder », de mettre au point « des réformes en profondeur, visant à simplifier et rationaliser nos structures, réformer nos textes là où c’est nécessaire, et dématérialiser davantage nos procédures et formalités administratives ».
La célérité et l’efficacité recherchées dans les procédures de traitement des dossiers à l’ère du numérique invite, au delà des
téléprocédures comme la TeleDAc, à une véritable gouvernance numérique à travers notamment l’intégration et l’adoption des
téléservices dans tous les secteurs. Voilà à quoi le Chef de l’Etat engage son administration et les usagers!
Aussi, le projet de Parc de Technologies Numériques (PTN) à Diamniadio qui sera fonctionnel en 2020, l’acquisition du supercalculateur ainsi que l’institutionnalisation du Forum du Numérique et la mise en place d’un fonds de soutien au numérique, le FSN, doté d’une allocation budgétaire totale de quinze milliards FCFA (soit 3 milliards FCFA par an), contribuent-ils à cette mutation numérique.
Suivront certainement avec cette nouvelle architecture, la mise en place du tableau de bord de pilotage et la mise en œuvre des nombreuses réformes tant souhaitées pour hisser le Sénégal au firmament du digital.
Ousmane THIONGANE
Juriste
Spécialiste en commutation et humanités numérique [email protected]