Washington (AFP) – Donald Trump a nommé vendredi à son cabinet trois tenants d’une ligne dure sur les questions de sécurité nationale et d’immigration tout en laissant filtrer des noms de personnalités plus consensuelles pour diriger la diplomatie américaine et rassurer les alliés de l’Amérique.
Le président élu des Etats-Unis a décidé de confier le ministère de la Justice au sénateur Jeff Sessions, 69 ans, partisan d’une extrême fermeté sur l’immigration illégale, un des grands thèmes de campagne du président élu qui a promis pendant la campagne d’expulser 11 millions de clandestins.
M. Sessions avait suscité aussi la controverse pour des propos racistes tenus il y a plusieurs décennies.
Autre poste très important, celui de conseiller à la sécurité nationale –actuellement occupé par Susan Rice– va revenir au général à la retraite Michael Flynn, 58 ans. Il avait dirigé le service des renseignements militaires (Defense Intelligence Agency) entre 2012 et 2014 et suscité la polémique pour des déclarations hostiles à l’islam. Il est également connu pour ses positions conciliantes à l’égard de la Russie.
Le milliardaire, élu le 8 novembre sur un programme populiste, a aussi annoncé que la CIA allait être pilotée par Mike Pompeo, 52 ans, qui représente le Kansas à la Chambre des représentants. Il avait été élu dans la vague d’arrivée au Congrès du Tea Party, l’aile ultra-conservatrice du parti républicain.
– Rassurer les alliés –
Ces nominations ont réjoui les républicains mais alarmé les démocrates, déjà vent debout contre la nomination à la Maison Blanche de Steve Bannon, patron du site d’information d’extrême droite Breitbart, qui sera haut conseiller en charge de la stratégie.
Outre Steve Bannon, Trump avait aussi nommé comme proche collaborateur le beaucoup plus consensuel Reince Priebus, actuel président du parti républicain au poste de secrétaire général de la Maison Blanche.
Mais en parallèle de ces nominations de partisans d’une ligne dure, Donald Trump laisse filtrer des noms de personnalités plus modérées pour diriger la diplomatie américaine.
Il devrait ainsi rencontrer pendant le week-end le républicain modéré Mitt Romney, perdant à la présidentielle contre Barack Obama en 2012. Et selon les médias américains, il envisagerait même d’en faire son secrétaire d’Etat, c’est-à-dire son ministre des Affaires étrangères.
Un tel rapprochement constituerait une surprise car Mitt Romney avait été le chef de file des opposants à Donald Trump et à sa ligne populiste pendant la primaire du parti républicain.
Le nom de l’ex-maire de New York Rudy Giuliani reste également évoqué pour le poste de secrétaire d’Etat.
Donald Trump, qui est resté enfermé depuis son élection à son domicile new-yorkais de la tour Trump, doit passer le week-end dans club de golf qui lui appartient à Bedminster, dans le New Jersey, à quelques dizaines de kilomètres de là. Il devrait y poursuivre les consultations pour la formation de son équipe.
Dans ce subtile jeu d’équilibre, le président élu cherche aussi à rassurer les alliés des Etats-Unis. Premier dirigeant à le rencontrer jeudi à New York, le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe a ainsi estimé que Donald Trump était une personnalité de “grande confiance”.
Des responsables démocrates s’insurgeaient cependant vendredi contre la nomination du trio Sessions-Pompeo-Flynn.
La nomination de M. Sessions “va donner des frissons aux avocats des droits civiques et des droits des immigrés” tandis que la nomination de M. Flynn “pourrait ravir (le président russe) Poutine et (le président turc) Erdogan”, a estimé l’ancien conseiller de Barack Obama, David Axelrod.
Natif du sud des Etats-Unis, Jeff Sessions, dont la nomination a été saluée par le sénateur ultra conservateur du Texas (et rival malheureux de Trump) Ted Cruz comme “une grande nouvelle”, a représenté l’Alabama au Sénat à partir de 1997.
Il s’y est illustré durant les présidences de George W. Bush et Barack Obama en s’opposant à plusieurs projets de régularisation de sans-papiers.
Le futur patron de la puissante CIA, Mike Pompeo, a fait partie de la commission d’enquête du Congrès américain –dominé par les républicains- sur l’attaque de la mission américaine à Benghazi en 2012, au cours de laquelle quatre Américains dont l’ambassadeur ont été tués.
Cette commission avait accusé l’ex- candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat, d’avoir minimisé la menace jihadiste en Libye.