Tribunal de Dakar: Les temps forts de l’audience d’Ousseynou Diop

L’affaire de l’étudiant Ousseynou Diop arrêté au cours de l’année 2015 pour apologie du terrorisme, a été devant la barre du tribunal correctionnel de Dakar ce mardi 8 janvier 2018. L’étudiant en Mathématiques-Physique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été soumis à une série de questions. PressAfrik vous livre les échanges entre le prévenu, les avocats et le juge.

C’est dans une salle près à craquer que l’étudiant Ousseynou Diop, poursuivi pour apologie du terrorisme a été jugé ce mardi. Parents, amis, étudiants, tous étaient venus le soutenir. Le juge de la chambre Correctionnel du tribunal de Dakar appelle le prévenu Ousseynou Diop à la barre vers les coups de 10h30, après avoir fini de vider plus d’une dizaine de procédures qui ont été toutes renvoyées au motif de la grève des greffiers.   

 Juge : Vous êtes poursuivis pour apologie du terrorisme, savez-vous ce que c’est cette notion ?  

Prévenu : Non, c’est un terme technique, je ne comprends pas bien ce terme.  

Juge : vous avez fait un commentaire sur facebook, pouvez-vous me rappeler ce  que vous avez écrit ?  

Prévenu : « je suis très content des attentats, vous n’avez encore rien vu ». Mais, je ne me réjouissais pas de ce qui s’était passé.  

Juge : le « Vous » dans votre commentaire s’adresse à qui?  

Prévenu : «Je m’adressais à ceux qui avaient caricaturé notre prophète, Mouhamed (Psl). J’ai commenté les évènements tout court. Je ne suis pas là pour appuyer ceux qui sont dans le terrorisme.  

Juge : Qui est Koulibaly, la personne que vous avez citée dans ton commentaire ?  

Prévenu : C’est celui qui avait dénoncé ce que Charlie Hebdo avait fait et qui a été tué après. Je ne connais pas, j’ai juste capté son nom par le post qu’il avait publié pour dénoncer ces évènements.  

Juge : Vous avez dit que vous ne vous réjouissez pas de ces événements, mais que voulez-vous soutenir alors ?  

Prévenu : Oui c’est ça que je voulais soutenir, c’est l’acte posé par les autres musulmans qui s’indignaient contre Charlie Hebdo  

Juge : C’est quoi le terrorisme  

Prévenu : Je ne sais pas, je n’ai jamais usé de ma curiosité pour aller chercher ce qu’il en était  

Juge : Est-ce qu’on vous a dit ce qui s’est passé lors des évènements ?  

Prévenu : Non, c’est après que j’ai su ce qui s’était passé, c’est le juge de la première chambre qui m’en avait informé.  

Procureur : Lui rappelant les propos utilisés dans le commentaire, il cite : «…Vous les Français, vous n’avez encore rien vu, vous êtes maudits, et d’autres attentats auront lieu le jour du match Nice-Lyon le 20 novembre 2015. C’est vous qui avez écrit ça non ?  

Prévenu : Ce ne sont pas mes mots. Je n’ai pas prédit des attentats. Ce que j’ai dit c’est juste un commentaire, et je le regrette au plus profond de moi. Le commentaire que j’ai posté n’a rien à avoir avec les évènements de Charlie Hebdo, je l’ai publié après les attentats de Strasbourg. 

« Les avocats de la défense prennent la parole. Me Assane Dioma Ndiaye questionne son client »

Avocat : Est-ce que vous avez pensé que votre commentaire allait avoir une telle ampleur et que ça pouvait avoir un impact sur les évènements ?  

Prévenu : Non, je ne savais pas, c’était juste pour répondre à une notification ?  

Avocat : Est-ce que ce message posté via ton compte facebook était adressé à tes amis uniquement ?  

Prévenu : Non, c’était juste pour répondre à une notification qui m’est venue d’une page publique.  

Me Ndèye Anta Mbaye, avocat de la défense prend la parole : «  Vous avez appelé un numéro de quelqu’un qui était au Burkina Fasso et vous lui avez envoyé de l’argent, qu’en est-t-il ?  

Prévenu : Ce numéro appartenait à mon grand frère qui était en ce moment au Burkina. En fait, mon père m’avait donné de l’argent pour que je le lui envoie et comme en ce moment, il y avait un problème avec le réseau Wari, je l’ai appelé pour le lui notifier. Et, c’est après qu’il m’a demandé de le lui envoyer via Western Union. 

« Les témoins appelés devant la barre »
Appelés à la barre, les deux témoins, son père Modou Amadou Diop et son grand frère Abdou Aziz Diop, ont tous deux soutenus que le prévenu n’est ni de loin ni de près mêlé à des affaires de terrorisme.  « C’est un garçon pieux, éduqué, un talibé Tidiane qui n’a jamais eu de problème avec qui que ce soit », déclarent-ils au juge.  

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