Le chef de la diplomatie sénégalaise a fait une sortie musclée contre les détracteurs de la décision du Sénégal consistant à accorder un asile humanitaire à deux ex détenus de la prison américaine de Guantanamo.
Dans un communiqué largement diffusé par la presse, Mankeur Ndiaye remet les points sur les I à propos des deux anciens détenus libyens de la prison de Guantanamo. “Il y a trop de confusions et d’amalgames dans ce pays où l’on s’échine à inventer, à travestir et à pervertir le sens et la portée de décisions de haute portée diplomatique et humanitaire. On politise les choses les plus sérieuses pour des motivations inavouées. C’est très grave et très dangereux pour la vie politique nationale, la stabilité et la sécurité des Institutions”, fait remarquer le chef de la diplomatie sénégalaise. Très remonté contre les pourfendeurs de cette décision, Mankeur Ndiaye se désole que n’importe qui s’improvise en expert de tout et rien. “On a entendu des commentaires des plus ridicules aux plus saugrenus. Comment un gouvernement dont l’engagement dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent – et certains thuriféraires ont dit d’ailleurs qu’on en fait un peu trop – donc, comment un tel gouvernement peut-il se permettre d”importer’ des terroristes et de porter atteinte à la sécurité et à la tranquillité de ses citoyens? Et à quelles fins ?”, martèle le ministre qui rappelle que le Sénégal a agi dans un cadre purement humanitaire. Avant de préciser que 27 pays ont accueilli d’anciens prisonniers de Guantanamo. Pour que nul n’en ignore, le ministre poursuit: “Par ce geste humanitaire, le Sénégal contribue ainsi à la mise en oeuvre de la décision de fermeture de cette prison. Il s’est agi de répondre à une sollicitation d’ex-détenus africains et musulmans qui ont souhaité se réinstaller au Sénégal après leur élargissement. Leur cas a fait l’objet d’une minutieuse et approfondie étude par un Comité d’examen périodique créé par les Autorités américaines qui a finalement abouti à la conclusion qu’il n’y avait pas de raison de les garder en prison”. A ceux qui tenteraient de faire croire que le gouvernement du Sénégal est rétribué par l’Etat américain pour ce geste, Mankeur Ndiaye leur répond: “aucune contrepartie financière ou autre n’a été versée au Sénégal”. D’ailleurs, aucune réclamation n’a été faite dans ce sens, si l’on en croit le patron de la Diplomatie sénégalaise. Ils précisent en outre que “ces deux frères libyens ne sont pas en prison au Sénégal. Ils pourront rester vivre au Sénégal ou regagner leur patrie si les conditions le permettent demain et s’ils le souhaitent”. Après 14 ans de détention “préventive” au camp de américain de Guantanamo (Cuba), Omar Khalif Mohamed Abu Baker Majrur Omar (43 ou 44 ans) et Salem Abdul Salem Ghereby (55 ans), deux libyens arrêtés au Pakistan par les Etats-Unis suite aux attentats du 11 septembre 2001, ont été transférés au Sénégal, a annoncé le Pentagone lundi 04 avril. Les deux ex-prévenus n’ont jamais été inculpés encore moins jugés pour les fait de terrorisme que leur reprochaient le gouvernement américain. En raison de l’instabilité qui règne en Libye, il a été jugé inopportun de les rapatrier vers ce pays. Le Sénégal est le deuxième pays de l’Afrique subsaharienne à accueillir des présumés djihadistes. En janvier dernier, le Ghana a reçu deux Yéménites provenant de Guantanamo sauf qu’ils n’ont pas immédiatement été libérés. Par mesure de précaution, le gouvernement ghanéen les a envoyé en prison pour deux années supplémentaires.