La Directrice de l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep), Socé Diop Dione, affirme que toutes les infrastructures en construction dans les universités publiques du Sénégal seront réceptionnées avant la prochaine rentrée académique, sauf celles de l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Dans cet entretien, elle avance que 60 % des chantiers abandonnés par l’ancien régime sont achevés par l’actuel gouvernement qui a dépensé plus de 60 milliards de FCfa.
Quelles sont les missions de l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics ?
L’Agence de construction des bâtiments et édifices publics a été créée pour juguler l’inefficacité et l’inefficience notées dans l’exécution des projets de construction. Elle est logée au sein du ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie. Donc, sa création répond à un besoin d’efficacité. Les autorités voulaient aussi, par la même occasion, avoir une grande efficacité dans l’utilisation des ressources financières et dans l’absorption des crédits.
Pouvez-vous nous faire le point sur les constructions dans les universités publiques ?
Je voudrais avant tout préciser que l’Agence est une structure transversale. Nous travaillons avec tous les ministères. Pour le ministère de la Formation professionnelle, nous avons deux types de projet. Il y a de nouvelles constructions et des projets qui étaient à l’abandon avant l’avènement de la deuxième alternance. Les crédits nécessaires ont été mis à notre disposition pour terminer ces projets. Il s’agit notamment du lycée de Fatick qui est en cours de finition. Nous avons aussi les lycées techniques de Tambacounda et de Kolda pour lesquels les travaux se poursuivent. Par contre, pour le Centre de formation professionnelle de Thiaroye, le contrat a été résilié, parce que l’entreprise n’avait pas pu terminer les travaux. Nous attendons que les crédits soient versés dans nos comptes pour poursuivre les travaux.
La même situation est notée à Kolda et à Tambacounda. Nous avons tenu une réunion avec le ministre de la Formation professionnelle qui doit nous verser les crédits pour achever les chantiers. Nous avons déployé une mission à Kolda et à Tambacounda. Les gros œuvres sont terminés à 100 %. Il ne reste que le carrelage, la peinture et l’étanchéité. La menuiserie a été posée. Mais, il y a eu des vols et des dégradations. Donc, nous devons tout reprendre.
L’Agence a démarré les chantiers du lycée de Sandiara dont les travaux sont en cours. Les gros œuvres sont très avancés. Nous avons presque un taux d’exécution de 40 %. En plus, nous avons 5 centres de formation professionnelle. Les trois sont terminés et réceptionnés. Il s’agit de ceux de Agnam, Sinthiou Babambé et Kaolack. En revanche, la procédure de résilience est en cours pour le Centre Diawara, parce que l’entreprise a été défaillante. S’agissant du Centre de Toucar, à Fatick, les travaux sont en cours. Ils ne sont pas terminés. Mais, nous allons faire la réception en avril 2017.
Vous avez aussi sous votre responsabilité des chantiers dans des universités publiques. Est-ce que le niveau d’exécution est satisfaisant ?
Nous avons hérité des chantiers dans l’enseignement supérieur. En réalité, ce sont des chantiers qui étaient abandonnés. Je peux citer ceux de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, notamment des infrastructures de la Faculté des Sciences et de la Faculté de Médecine. Ces travaux sont terminés à 100 % et les infrastructures réceptionnées. Nous y avons achevé trois cuisines/restaurants. A Saint-Louis, nous avons terminé la construction de la bibliothèque universitaire (Bu). Il en est de même pour le bloc d’hébergement. Il y a aussi la réalisation des Espaces numériques ouverts (Eno). Nous allons bientôt réceptionner l’Eno de Kolda où nous avons rencontré de petits problèmes. Nous avons fait des appels d’offres et attribué le marché sans que le site ne soit affecté. Nous avons constaté qu’il fallait faire des études préalables. Nous avons commis un laboratoire sol qui est parti. Tout cela engendre des travaux supplémentaires. L’Eno de Diourbel est en phase de finition. A Tambacounda, les travaux avancent. D’ici au mois juin, tous les Eno seront réceptionnés, sauf celui de Fatick.
Nous avons également terminé les travaux de « 4-4-44 » à Thiès. Idem pour l’auditorium et l’hôtel des rails qui sert de logements pour les étudiants. Nous avons aussi construit un bâtiment à l’École polytechnique de Thiès. C’est le premier bâtiment qui y a été érigé par le Sénégal.
Pour les antennes délocalisées de l’Université Gaston Berger à Louga et l’antenne de Ziguinchor à Kolda, les travaux sont très avancés. Nous avons, en outre, démarré le chantier de l’Université de Tambacounda qui est actuellement à l’arrêt, en attendant que les crédits soient versés dans le compte de l’Agence.
Il y a aussi le projet de 34 milliards de FCfa de la Banque mondiale…
C’est un grand projet sous forme de prêt remboursable. C’est un projet de 34 milliards de FCfa pour l’extension des universités et la construction de l’Isep de Thiès. Une enveloppe de 6 milliards de FCfa est destinée à l’extension de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Le même montant est alloué aux travaux d’extension de Thiès. La construction de l’Isep de Thiès s’élèvera à 7 milliards de FCfa. Pour l’Université de Bambey, il est prévu 5 milliards de FCfa. Les travaux d’extension de l’Université Assane Seck de Ziguinchor reviendront à 6 milliards de FCfa.
Concernant l’Université de Dakar, nous n’avons pas de réserves foncières pour construire de nouvelles infrastructures. C’est pour cela que nous avons programmé la réhabilitation des amphithéâtres. Le niveau de réalisation est satisfaisant pour les Universités de Bambey et Saint-Louis. Le planning est respecté. Nous tablons sur août 2017. Les clés seront remises aux bénéficiaires. Pour l’Université de Thiès, la fin des travaux est prévue pour décembre 2017, alors que pour l’Isep de la même localité, l’achèvement des travaux est programmé pour juin 2017.
Quelle est la situation sur le programme de réhabilitation à l’Ucad ?
Nous avons terminé trois amphithéâtres sur les cinq. La réhabilitation des amphis communs (Boilat, Jean Capelle, Mbaye Guèye) et celle de l’amphi 7 sont terminées. Ces derniers sont mis au service des étudiants. Toutefois, il reste l’auditorium pour lequel il ne reste que la pose des chaises. Nous avons commandé le revêtement au sol à l’extérieur. S’agissant des chantiers de la Faculté des Sciences juridiques et politiques, la première tranche et la seconde phase seront respectivement livrées en mars et en fin avril 2017. Pour l’Office du baccalauréat, nous avions des problèmes pour le déménagement. Les travaux seront terminés d’ici janvier prochain. Il en est de même pour le rectorat.
Dans les universités, vous gérez aussi la construction des logements. Est-ce que le rythme d’exécution est satisfaisant ?
Nous avons réalisé des logements d’une capacité de 1.444 lits à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 9 mois, alors que les travaux devraient durer 12 mois. Ces logements et la Cité des enseignants de Dakar ont été inaugurés par le président de la République. Les Cités des enseignants du supérieur de Bambey et de Ziguinchor sont achevées. Il ne reste que leur réception. Je suis très satisfaite des réalisations, parce que nous sommes à un taux de résiliation de 0,01 %. Nous avons également achevé plusieurs dizaines de projets abandonnés par l’ancien régime qui s’estiment à 60 %. Et ce, grâce au financement de l’État. Si je prends l’exemple de Thiès, nous avons investi 16 milliards de FCfa de 2012 à 2017, rien que pour les projets gérés par l’Agence. Je peux citer, entre autres, les chantiers à l’Université de Thiès, les Centres de services fiscaux et le stade Lat Dior. De façon globale, je peux confirmer que toutes les infrastructures des universités publiques seront réceptionnées sauf celles de l’Université de Ziguinchor. Tous les travaux seront terminés avant la prochaine ouverture.
Certains chantiers ont connu des retards. Qu’est-ce qui peut l’expliquer ?
En réalité, il n’y a pas beaucoup de retard dans les constructions. Les seuls retards sont liés aux versements des acomptes. Sur ce point, je condamne les entreprises parce que lors des soumissions, elles présentent des dossiers attestant une assise financière. C’est l’une des conditions qui détermine leur sélection. Par la suite, lorsqu’elles gagnent le marché, si elles commencent les chantiers, elles invoquent qu’elles attendent des acomptes. Elles n’ont pas de raison de le faire. Je suis contre cette attitude. Le problème qui se pose, c’est celui du moins disant. Si vous lancez un appel d’offres, le code des marchés veut qu’on l’attribue au moins disant. Je ne suis pas d’accord. Nous devons le revoir. Les marchés doivent être attribués au mieux disant. L’entreprise peut remplir les critères de qualification sans pourtant être capable d’exécuter les marchés. Je pense qu’il faut voir le passé de l’entreprise à la Direction centrale des marchés publics (Dcmp). Avec le moins disant, quelqu’un arrive et gagne le marché sans être capable de l’exécuter. Je suis pour l’attribution des marchés aux entreprises mieux disant