Après la mort atroce du jeune opposant Gambien Solo Sandeng, arrêté lors d’une marche où il réclamait, entre autres, des réformes électorales, la loi de l’omerta se fissure petit à petit. En effet, l’Enquête a pu recueillir des témoignages de sources internes à la National intelligence Agency, l’instrument de torture par excellence du dictateur gambien.
« Solo a été déshabillé et frappé par une équipe de tortionnaires sous la direction du ‘’Jungullar’’ Sulaymane Sambou, un jeune membre de l’équipe de tueurs directement sous les ordres de ‘’Oga’’(le surnom de Jammeh). Solo portait un caleçon de type boxer de couleur bleue. Il a été battu et torturé jusqu’au moment où il a perdu connaissance, obligeant Sheikh Oumar Jeng, le Directeur adjoint des opérations à la NIA de Tanjeh à appeler le docteur Lamine Sanyang de Brikama Berewuleng pour examiner le jeune opposant qui baignait dans une mare de sang.
Le corps complètement inanimé » relate la source de L’Enquête. Et de poursuivre : « Il était entre 4heures et 5heures du matin, et le médecin n’a pas tardé à confirmer ce que beaucoup d’entre nous craignaient. Solo Sandeng, dont le corps était complètement déchiré par les coups de fouet, est mort des suites de ses blessures contractées lors des séances de torture ».
Le corps fut enterré derrière les locaux de la NIA : « Quelques minutes plus tard, Sheikh Oumar Jeng est revenu dans la salle où le corps de Solo Sandeng était couché sur une natte, pour annoncer un ordre qui a pris de court tout le monde : ‘‘Boss nous a demandé de faire disparaître le corps de Solo Sandeng’’. Et puisqu’il n’était pas prudent d’amener un tel corps au cimetière, tout le monde était d’accord qu’il fallait l’enterrer derrière les locaux de la NIA de Tanjeh, près du mur de clôture », raconte une autre source de l’Enquête.