Le mouvement « Y en a marre », aphone depuis le référendum, a décidé de mettre fin à sa léthargie en descendant dans la rue. Dès l’annonce de cette manifestation, les membres de l’Alliance pour la République, surtout la Cojer, comme piqués au vif, se sont mis à tirer à boulets rouges sur les jeunes rappeurs. On dirait à la fin que marquer une opposition quelle qu’elle soit face au régime est devenue un crime. La dernière sortie en date est celle du Secrétaire général à la Communication, Yakham Mbaye, qui pense devoir répondre dès qu’une pierre est jetée dans le jardin de Macky. Ainsi, il a fait dans le déballage en accusant le coordonnateur de « Y en a marre », Fadel Barro, et ses camarades d’être des maîtres chanteurs.
Vrai ou faux, le débat n’est pas là. Ce qu’il faut se demander c’est : ont-ils le droit de marcher ou pas ? La réponse est sans conteste affirmative puisqu’on est dans un Etat de droit. Le reste, c’est ces jeunes et les Sénégalais. S’ils jugent que la cause que défendent Thiat et Cie est légitime, ils les soutiendront naturellement. Dans le cas contraire, c’est leur crédibilité qui sera en jeu. Dans tous les cas, le pouvoir gagne. Car, si les citoyens répondent massivement, cela voudra dire que les signaux sont au rouge mais qu’il n’est pas trop tard pour rectifier le tir. Si les populations restent chez eux, eh bien, le régime pourra pousser un ouf de soulagement tout en redoublant de vigilance. Car, ceux qui votent ne font pas trop de bruit.
Alors, les tirs groupés, les insultes et le dénigrement n’ont aucune utilité pour Macky Sall et son gouvernement. Il faut laisser les gens exprimer leur frustration, sinon on n’est plus en démocratie. En espérant que le préfet aura le bon sens de ne pas interdire la marche, sous prétexte d’un risque de trouble à l’ordre public, une chanson qui commence à faire date, les attaques contre « Y en a marre » n’ont pas leur raison d’être et tendent à confirmer les dires de l’opposition qui estime que la peur a investi le camp du pouvoir.
