L’équipe de France championne du monde 2018 aurait pu ne pas être une équipe métissée, si l’affaire dite des quotas, référence à une discrimination ayant secoué le football français en 2010, n’avait pas été éventée, a souligné l’ancien défenseur des Bleus Lilian Thuram.
« Cette équipe de France », celle de 2018, qui compte une majorité de joueurs d’origine africaine, « aurait pu être différente », a observé le recordman (142) des sélections avec les Bleus.
« Il ne faut pas avoir la mémoire courte, fin 2010, la Fédération française de football (FFF) a bien failli instaurer des quotas contre des binationaux », a-t-il rappelé dans un entretien publié dans l’édition de lundi du quotidien L’Humanité.
Lillian Thuram rappelle que cette affaire « a été éventée grâce à Mohamed Belkacemi, conseiller technique national pour le football des quartiers, qui a enregistré une réunion évoquant ces mesures discriminatoires ».
« Il a été un lanceur d’alertes et nous devons remercier cette personne qui a osé dénoncer l’injustice », a indiqué l’ancien défenseur français, engagé en faveur de l’égalité avec sa Fondation contre le racisme.
Selon lui, « les gens doivent savoir que le bonheur qu’ils sont en train de vivre, ils le doivent à un homme qui a eu le courage de dire non ».
Le site Médiapart avait révélé en 2010 la teneur d’une réunion secrète à la Direction technique nationale du football français dont l’objectif était de limiter le nombre de joueurs français de type africain et nord-africain dans les structures françaises de formation.
Plusieurs dirigeants du football français avaient pris part à l’époque à cette réunion, parmi lesquels l’ancien sélectionneur des Bleus Laurent Blanc et l’ancien DTN français François Blaquart.
La FFF a diligenté une enquête interne et Blanc s’était finalement résolu à présenter ses excuses, après avoir longtemps nié les faits. Il reste que les sanctions ont été très faibles au vu de l’ampleur de l’affaire.
L’ancien DTN avait écopé d’un simple avertissement, tandis que le bras droit du président de la FFF, André Prévosto, avait écopé une mise à pied de six jours.
Quinze des 23 joueurs français ayant remporté la Coupe du monde 2018 avec la France sont d’origine africaine.
APS