Je me suis résolu à m’adresser aux Sénégalais, en ma qualité de Premier ministre, pour donner la position du Gouvernement par rapport aux événements qui se profilent, je veux parler des prétendues « assises nationales » et éclairer l’opinion sur le bilan de nos actions.
Cette démarche est plus motivée par le respect que nous vouons à nos compatriotes, mais également par notre refus de verser dans la démagogie, le louvoiement ou une utilisation malsaine des difficultés actuelles des forces vives de notre pays pour une quelconque action politicienne.
Je voudrais d’emblée le dire, je ne m’explique pas ce manque de sérénité d’une frange de l’opposition, car notre loi fondamentale définit bien les frontières entre le président de la République, qui définit la politique de la nation, et le Gouvernement chargé de sa mise en oeuvre.
J’ai parlé de manque de sérénité car, s’il y a un bilan économique à assumer, c’est d’abord au Gouvernement de le faire. Le Gouvernement que je dirige est prêt à assumer sa part de responsabilité.
Il s’agit, dans ce contexte, de s’assumer clairement face aux Sénégalais et non de faire de leurs difficultés un fonds de commerce.
S’assumer clairement, oui, mais non vouloir tromper les Sénégalais en utilisant le manteau économique pour régler un différend politique, en attaquant au passage le Gouvernement sur les actions initiées pour améliorer les conditions de vie de nos braves populations.
Oui la conjoncture économique internationale est difficile, mais ce n’est pas parce que cette crise est d’abord mondiale que mon gouvernement va leur tourner le dos. Au contraire, nous avons l’expertise, la détermination et la volonté de répondre aux attentes légitimes des populations.
Mon Gouvernement, sous l’éclairage du président Abdoulaye Wade se veut un Gouvernement d’action, essayant toujours d’apporter des réponses concrètes aux préoccupations quotidiennes des populations.
Nous savons différencier le combat politicien et les enjeux économiques et sociaux.
Cette morosité économique mondiale s’est traduite, au niveau national, par des difficultés connues, mais entièrement prises en charge par le Gouvernement dès ses premières manifestations. Mesures qui ont, par la suite, inspirées de nombreux pays dont certains pays développés.
Nous avons compris que, malgré les difficultés, cette crise peut être une opportunité pour faire faire un saut qualitatif à notre économie, au lieu de s’apitoyer sur notre sort dans de grandes messes.
Comment comprendre ces attaques répétées, adressées injustement au chef de l’Etat élu, quotidiennement dénigré sur l’action du Gouvernement que je dirige ?
Tout le monde sait que les hausses successives des prix des denrées alimentaires qui se sont amplifiées à partir du mois de juillet 2007 sont la conséquence notamment de l’augmentation de la demande mondiale, de la contraction de l’offre, de l’utilisation des céréales pour faire du biocarburant, du coût du fret et de l’augmentation inconsidérée du prix du baril de pétrole.
En effet, notre pays ne peut être épargné par les mouvements en cours et qui sont des tendances lourdes de l’économie mondiale. Les mutations profondes qui s’opèrent dans la sphère des échanges de produits énergétiques et alimentaires au niveau international ont des conséquences sociales dans les pays du Nord comme du Sud.
Aujourd’hui, nous devons faire face aux multiples agressions et défis que nous imposent la mondialisation. La contraction de l’offre et les comportements spéculatifs exercent sur les productions agricoles une pression accrue pour la satisfaction, à la fois, des besoins alimentaires et industriels croissants.
Plusieurs défis à l’échelle planétaire nous indiquent chaque jour que l’agriculture conditionne notre existence.
La conjoncture internationale que j’ai évoquée plus haut a eu une incidence très forte sur les prix intérieurs du fait de notre dépendance quasi tyrannique par rapport à ces produits qui deviendraient encore plus inaccessibles aux populations sans les importantes subventions que nous consentons annuellement.
Les mesures prises à partir du mois de juillet 2007 pour atténuer l’impact de la hausse des prix internationaux sur les ménages ont concerné la suspension des droits de douane sur le blé, le riz et le lait ; la consolidation de la mesure de non recouvrement de la TVA sur le pain ; la suspension de la mesure de hausse sur l’huile, la subvention des prix de l’électricité et le maintien de la subvention sur le gaz butane.
A ces mesures s’ajoutent la subvention des prix du riz brisé, la baisse des impôts sur le revenu des salariés, l’octroi d’une allocation à chacune des deux intersyndicales pour la mise en place des centrales d’achat et la mise en oeuvre des magasins de référence. L’ensemble de ces mesures a coûté globalement plus de 150 milliards de FCfa.
Ces mesures, nous le savons, pourraient se révéler insuffisantes sur le long terme, particulièrement en ce qui concerne les denrées de première nécessité.
Malgré l’opposition de certains acteurs politiques, qui prétendent aujourd’hui défendre les populations, le chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de maintenir ces subventions, tout en veillant à les orienter vers les populations les plus vulnérables des villes et des campagnes.
Les Sénégalais pourront juger de tous les efforts consentis par le Gouvernement. Nous ne pouvons accepter les tentatives pour nous détourner de notre seul objectif qui est la satisfaction des besoins des Sénégalais.
Les exigences de l’heure, l’universalité de la crise et son impact sur les tissus économiques et sociaux encore fragiles des pays pauvres interdisent aux citoyens patriotes de se perdre en cérémonies protocolaires dont chaque débat servira de tribune à des orateurs en mal d’audience.
Mettons de côté les intérêts partisans et les ambitions inavouées et travaillons pour un Sénégal prospère. Le moment des élections viendra et les Sénégalais et eux seuls trancheront.