Thierno Alassane Sall charge encore le président Macky Sall sur l’attribution des deux blocs pétroliers offshore, appelés Rufisque Offshore Profond et Ultra Deep Offshore. Dans une interview accordé à Mediapart exploitée par Senego, l’ancien ministre de l’énergie révèle pourquoi Macky Sall a choisi le groupe Total. Un choix qui, d’ailleurs, est à l’origine de sa démission. « Mais le président Macky Sall a décidé que Total se verrait attribuer les deux blocs. J’ai eu des discussions difficiles avec le premier ministre et lui. Je ne voyais pas comment on pouvait accepter qu’une compagnie demandeuse fixe son prix de manière unilatérale, sans quasiment faire évoluer ses propositions initiales, et fasse une offre aussi mauvaise », a-t-il dit.
Le leader du parti « République des Valeurs » estime que Macky Sall n’a pas donné la vraie explication sur le choix de Total. « Mais j’ai une autre explication au choix de Total : il y avait, au même moment, un autre contentieux à propos d’un dossier hautement plus explosif, dans lequel apparaissait le nom du frère de Macky Sall. Il s’agissait du « dossier Timis », du nom de l’homme d’affaires roumano-australien Frank Timis. Je pense que le président et le premier ministre ont précipité la signature du contrat avec Total pour créer un écran de fumée. Ils préféraient qu’un clash survienne à propos du dossier Total – ils savaient que je n’accepterais pas ce contrat parce qu’il était contraire aux intérêts du Sénégal – plutôt qu’au sujet de l’affaire Timis », révèle-t-il.
TAS est convaincu que la prédation des ressources du Sénégal est de plus en plus sophistiquée. « Les entreprises étrangères qui opèrent au Sénégal ont des filiales locales, mais qui sont en réalité immatriculées dans des paradis fiscaux. En tant que ministre de l’énergie, je ne connaissais pas la configuration réelle de l’actionnariat de ces filiales. Toutefois, selon plusieurs leaders d’opinion, des Sénégalais auraient des parts dans ces sociétés locales. Dans cette hypothèse, les bénéficiaires de telles sources de revenus pourraient constituer des dynasties, contrôler la vie politique, la presse, et ainsi faire main basse sur le pays », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter: « c’est le danger qui nous guette. On doit aujourd’hui s’interroger sur la provenance des moyens financiers considérables que les partis politiques déploient en ce moment même pour la campagne électorale : ils n’ont rien à voir avec ce que pouvaient mobiliser les acteurs politiques avant 2000 ».