La Sénégal a frôlé le bord du gouffre après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle de dimanche dernier, donnant Macky Sall vainqueur dès le premier tour avec 58,27%. Les heurts qui ont suivi ce verdict provisoire a causé de nombreux troubles qui risquaient de s’accentuer si ce n’était l’intervention du Khalife général des Mourides et la stratégie des forces de l’ordre.
L’appréhension a pesé un certain temps sur les Sénégalais après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle de dimanche dernier par la Commission nationale de recensement des votes.
La situation sur le terrain, avec de nombreuses manifestations à Thiès, à l’Université Cheikh Anta Diop, dans le sud du pays, ainsi que les déclarations d’Idrissa Seck et d’Ousmane Sonko, commençaient à leur donner raison, mais fort heureusement, la stabilité comme par miracle, a été retrouvée.
Ce nuage qui s’éclaircit a été la résultante de plusieurs facteurs. En effet, le premier acte a été la brutalité avec laquelle les forces de l’ordre ont procédé pour contenir les manifestations avec le déroulement d’un plan mûrement réfléchi notamment à l’université.
Car, à l’annonce de la victoire du président sortant avec 58,27%, les points stratégiques de la capitale sénégalaise, mais aussi des localités jugées sensibles telles que Ziguinchor, Thiès, étaient assiégées par la police et la gendarmerie. Ce qui a permis de contenir dès les premières heures, la manifestation des étudiants de l’Ucad, mais aussi, ceux des zones précitées.
Ce premier acte posé, c’est au tour de la justice d’entrer en scène après l’arrestation de nombreux jeunes présumés appartenir à l’opposition, notamment à la coalition «Idy 2019». D’ailleurs, certains d’entre eux ont été déférés et attendent leur jugement, tandis que les autres ont bénéficié de retours de parquet. Cette situation a semble-t-il, dissuadé leurs camarades de risquer d’être victimes de ce qu’Idrissa Seck a qualifié de persécution.
A ces stratégies du régime, s’ajoutent les sorties de membres de la société civile et d’observateurs internationaux qui ont coupé l’herbe sous le pied de l’opposition, en soutenant que le scrutin présidentiel s’est bien déroulé dans l’ensemble. Même si, ont-ils précisé, des dysfonctionnements ont été relevés, lesquels cependant, n’ont pas eu de véritables répercussions sur le vote.Mais, concomitamment à ces actions, le chef de la communauté mourides a aussi joué sa partition laquelle a été fondamentale dans le désamorçage de la bombe.
En recevant Idrissa Seck, le principal challenger de Macky Sall, Serigne Mountakha Mbacké lui a réaffirmé son attachement à la paix et à la stabilité. Idrissa Seck se réclamant Mouride ne pouvait se dérober à l’invite explicite du guide religieux.
D’ailleurs c’est devant le Khalife qu’il a annoncé qu’il abandonnait toute contestation violente.
Dans cette logique de préservation de la paix au Sénégal, Issa Sall du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) et Me Madické Niang leader de la coalition «Madické 2019» (arrivés respectivement 4e et 5e), ont lancé un appel envers leurs militants, leur signifiant qu’ils ne cautionnaient pas la violence.
Après cette nouvelle posture d’Idrissa Seck, et des autres candidats malheureux à la présidentielle, Ousmane Sonko a su se rattraper surtout après son discours radical tenu au soir du scrutin.
Dans une conférence de presse tenue vendredi, le chef de file de la coalition «Sonko Président» a lui aussi fumé le calumet de la paix, même si, a-t-il relevé, « il y a une victoire sans vainqueur » lors de cette présidentielle.