La situation héritée de la gestion précédente a conduit à assombrir une situation financière déjà peu reluisante, surtout en matière de gestion du personnel. Aboubacar Bèye a commencé par annuler toutes les nominations opérées par Cheikh Kanté les derniers jours avant son départ.
La menace sur le Pad ne vient pas que de l’engorgement et de la concurrence des autres ports ouest-africains. Il y a aussi et surtout, les problèmes de gestion de l’entreprise. Aboubacar Bèye a indiqué dans son courrier à ses « collègues » du port, que « les fondamentaux de notre entreprise à travers quelques indicateurs clés, affichent des signaux inquiétants. C’est ainsi que pour l’année 2016… les frais de gestion du personnel dépassent les 20 milliards de francs Cfa. La valeur ajoutée dégagée au cours de cet exercice est ainsi consommée à 77% par les frais de personnel ».
Il y a ensuite le mauvais cadeau de bienvenue que lui a offert son prédécesseur. Le nouveau Dg du Port a relevé qu’« entre la date du 11 septembre 2017, date du décret portant ma nomination au poste de Dg du Pad, et le 22 septembre 2017, il y a eu 388 nouveaux Cdi, 28 nouveaux Cdd». Le Dg entrant va indiquer « pour rappel, les effectifs Cdi du Pad sont passé de 880 en 2010 à 1763 en 2015, soit un doublement des effectifs Cdi en 5 ans».
Il faut croire qu’il n’a pas été convaincu de leur utilité au sein de la boîte, car le nouveau patron a annoncé avoir décidé, après en avoir informé tous les leaders syndicaux, « d’annuler tous les décisions intervenues dans la période du 11 septembre au 22 septembre 2017, et portant sur les recrutements/régularisations, nominations et reclassements. Une commission sera mise en place pour étudier les dossiers de régularisation sur un ensemble de critères qui seront prédéfinis et publiés à l’interne ».
Pour ce qui concerne la partie financière de cette entreprise, qui a une contribution significative sur l’économie de notre pays, selon le nouveau directeur Aboubacar Bèye, « la dette du port autonome de Dakar représente 200% de la valeur ajoutée » en 2016. En plus, « sur les trois dernières années, l’Excèdent brut d’exploitation (Ebe) ne cesse de se détériorer, passant de plus de 27 milliards de Frans Cfa en 2014 à 6 milliards en 2016 », d’où l’urgence d’agir.
Aboubacar Bèye souhaite, entre autres, « identifier des espaces autour du port du port pour des parkings d’attente et modulation du trafic, la modernisation de la voirie, l’instauration intégrale du fonctionnement à feu continu, la modernisation de l’outil de travail, la dématérialisation pour fédérer les acteurs autour d’une plateforme unique… ».
Le Quotidien