L’OBS – Rien n’est plus stupide que de vouloir offrir une nuit de noces inoubliable à sa femme et ne pas réussir à maîtriser sa virilité. Une situation qui touche le plus souvent les hommes victimes d’un «takk xala» ou le sort de l’impuissance sexuelle fait pour ruiner le couple. Baye Cissé «Borom kéman», guide spirituel et disciple de Baye Niass, lève le voile sur quelques mystères de cette pratique ancestrale.
Le xala, c’est quoi ? C’est un sort lancé à un homme pour le rendre impuissant. Il se noue le plus souvent lors du mariage et vise à rendre impossible les relations intimes entre l’homme et sa femme dès la nuit de noces. «Il peut arriver que l’homme puisse se sentir viril et ne plus l’être une fois au lit», dit Baye Cissé.
Pourquoi le xala ? La principale motivation de ce sort est la jalousie. Une jalousie qui, dans la plupart des cas, découle d’un sentiment de trahison. Une femme abandonnée au seuil de l’autel par un petit-ami qui va en épouser une autre, aura toutes les raisons du monde de se venger de cette humiliation en atteignant la virilité du concerné. Il peut aussi arriver que des parents aient recours à ce système contre leur propre fils pour inciter une belle-fille détestée à partir. Baye Cissé: «En somme, c’est la jalousie et l’absence d’amour qui sont à la base des causes du xala».
Comment se noue le xala ? «La majeure partie de ceux qui pratiquent le xala, utilise une grenouille ou un porc épic», révèle le talibé de Baye Niass. De manière générale, selon ce dernier, tout animal fréquent durant la période d’hivernage, peut servir de base à ce travail mystique. Ces bêtes seraient plus efficaces pour s’attaquer à la virilité parce qu’adeptes de la froidure. Mais ce n’est pas tout. Pour rendre le xala effectif, il faut rapidement combiner une de ces bêtes à des éléments que Baye Cissé se gardera de révéler. Une fois le sort noué, il faut le placer quelque part à l’air libre ou près d’une source de fraîcheur comme un frigo, un canari ou dans la mer. Ce qui va contribuer à rendre les atouts masculins amorphes. Baye Cissé nous en révèle plus: «L’être humain a quatre étoiles que sont Naryoum, Mahiyou, Khawayou et Kalawiyou. L’étoile que l’on neutralise pour rendre un homme impuissant, est le Naryoum parce qu’elle préside aux parties épicuriennes». Cependant, il tient à préciser que tout travail mystique, surtout pour ce type, dépend aussi entièrement du genre d’homme qui en est la cible. D’où la proximité de la victime avec son contempteur.
Comment guérir du xala ? Comme toute chose surnaturelle, le xala peut se dénouer. Depuis le temps qu’il est consulté par des malades, Baye Cissé en a vu de toutes les couleurs. «Presque chaque jour, nous voyons des hommes victimes du sort de l’impuissance sexuelle. Il y en a qui restent jusqu’à 6 mois sans pouvoir satisfaire leur épouse. Mais, il n’y a pas de problème sans solution». En l’occurrence le Coran dont le guérisseur se sert pour soulager les malades. Là aussi, le Livre saint est la base. Il faut nécessairement avoir une idée de l’endroit dans lequel le sort a été placé pour le briser.
Que faire pour se prémunir du xala ? D’ores et déjà, le guérisseur prévient: «Nul ne peut échapper au xala ! Même moi qui suis marabout, je ne suis pas à épargné. Le seul qui peut nous sauver est Dieu, le Tout-Puissant». Cependant, on peut prendre certaines précautions pour repousser le mal ou l’empêcher de nous atteindre. Comme réciter 3 fois la sourate du Trône avant d’avoir des rapports intimes avec son épouse. Autrement, cela fait partie des traditions de conjurer le mauvais sort en s’habillant, pour l’homme, d’un morceau de percal (linceul) lors des premières relations sexuelles. Cependant, rappelle Baye Cissé, cette astuce ne peut marcher le malfaiteur a utilisé la technique de l’air libre pour monter son coup.
Le sort du verrouillage. Dans de rares cas, des hommes pensent qu’ils sont la cible du xala alors qu’il existe des femmes dites impénétrables. Elles sont la cible de démons qui les empêchent toutes relations sexuelles. L’homme peut alors rester un long moment sans arriver à grand-chose. «Nos ancêtres faisaient de longs séjours hors de chez eux pour sécuriser leurs femmes. Ils utilisaient des cordes de baobab, tressées en prières (Diatt en wolof), et en faisaient une ceinture pour leurs femmes. Après 41 jours après, les parties intimes de la femme sont verrouillées et seul le mari peut en être la clé», rappelle Baye Cissé. Ce sort est maintenant dévoyé par jalousie ou manque de confiance. Des parents peuvent ainsi le lancer contre leur fille pour préserver sa virginité et oublier de le défaire lors de la nuit de noce. Le mari peut penser, à tort, être victime de sort de l’impuissance sexuelle. A noter que selon le marabout, un des moyens les plus efficaces pour défaire ce sort du verrouillage est de passer le seuil d’un cimetière.
ABLAYE GADIAGA SARR (STAGIAIRE)
igfm