La chanson est reprise depuis des décennies mais semble être tronquée année après année. Voici une réponse qui revient sur l’essence même de cette chanson mythique.
Procédons par chronologie :
1. Nous sommes dans un ménage polygamme
2. En ce jour de l’an, toutes les 2 épouses doivent faire à manger. Si elles sont plus de 2, ce sera la 1ere ET les autres
3. Le mari ne donne la dépense qu’à la 1ere
4. La ñaarel doit, elle, « se débrouiller » pour aussi faire à manger. C’est le fameux « reeru tamxarit » qu’elle collecte de maison en maison auprès des « aawo »
Vient l’heure du dîner :
5. La « ñaarel » attend que la « aawo » présente son plat au mari pour débarquer avec son bol, chantant en lançant de « gentils » pics à la co-épouse :
– bii taaj a bon (que ce dîner est mal servi!)
– bii taaj a bon
– (uteek) sama taaj bi (contrairement au mien)
– am, du ñambaar (toi on t’a donné à préparer)
– man ñaari malaam lama (alors que moi je suis à double tranchant)
– bii ci kaw (par ci « en se touchant la poitrine »)
– bii ci suuf (et par là « se touchant le bas ventre »)
Après, les « attaques » se font plus vives, souhaitant le pire à la co-épouse et le meilleur au mari
– waw yaay ji, ndax woor ngaam? (D’ailleurs, as-tu jeuné, vieille dame?)
– muni « deedeet » (Non, répondit-elle)
– waw yaay ji, ndax julli ngaam ? (D’ailleurs, as-tuprié, vieille dame?)
– muni « deedeet » (Non, repondit-elle)
– ca safara sa ! (En enfer !)
(Ici, le meilleur pour le mari)
– waw baay ji, ndax woor ngaam? (Et toi, père, as-tu jeuné ?)
– muni « waa waaw » (Oui, repondit-il)
– waw baay ji, ndax julli ngaam ? (As-tu prié ?)
– muni « waa waaw » (Oui, répondit-il)
– ca ajana ja ! (A toi le paradis !)
(Là, le mari remet un présent à la ñaarel)
Et c’est là où la « aawo » réplique en sous-estimant le cadeau
– bile sarax du duun le (quelle maigre pitance !)
– bile sarax du duun le
Oumar Sall