Il avait organisé son dernier Maouloud et choisi de quitter ce bas-monde sur la pointe des pieds, en avril dernier. Ce jour là, avant de partir Issa Sène avait répondu présent à la prière de l’aube. De retour chez lui, un malaise le privera à jamais de petit-déjeuner. Il ne pouvait pas partir sans prier : la seule évocation du nom du Prophète Mouhamad (Psl) faisait affluer ses larmes. Lui le bâtisseur de Nabil Couture avait compris que la modestie est plus élevée que l’orgueil et plus noble que la vanité. Il savait également que la simplicité est plus rare que la modestie. Ainsi a-t-il vécu. Il est parti avec des projets industriels pour le Sénégal, comme tous les grands hommes et visionnaires. Hélas, la mort fausse, très souvent sans prévenir. On ne peut que l’accepter. Pour cette première Tabaski sans lui, sa famille, ses parents et amis ont une pensée pieuse pour lui ; ceux qui étaient ses clients, également. Issa
avait créé des centaines d’emplois : suite à l’implantation de la maison-mère à Dakar, il avait exporté sa griffe dans la sous-région. Les tenues traditionnelles qu’il confectionnait étaient commandées même en Afrique centrale. Ses employés entendent perpétuer l’œuvre de leur maître, ses enfants son esprit, derrière leur aîné Papa Sène. Son père l’avait amené très tôt à Fass Touré, pour ses études coraniques et ses humanités, pour le préparer à la relève. « Issa Sène nous avait habillés de beaux tissus, Il nous laisse des valeurs ». Son sourire rassurant éclairait sa moustache et barbe, en forme O ; comme il aimait en rigoler avec ses amis d’enfance. Les centimètres, les ciseaux et machines de ses ateliers ont dû faire un pause, parce que quelqu’un n’était plus dans la ferveur de la Tabaski. Que la terre de Touba lui soit légère et que Dieu veille sur sa famille, pour la continuité de ses
ambitieux projets !
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