CONFLIT – La Turquie a lancé mercredi une opération sans précédent en Syrie pour chasser le groupe Etat islamique et les milices kurdes, selon son président Recep Tayyip Erdogan.
« Nous sommes entrés dans la ville, du côté sud ». Il aura seulement fallu une poignée d’heures ce mardi pour que les rebelles syriens, soutenus par l’armée turque, reprennent possession de Jarablos, une localité entre les mains du groupe Etat islamique. Une première pour Ankara qui, après cinq ans et demi de conflit, ne s’était jamais autant immiscé sur les terres syriennes.
Le nom de l’opération, « Bouclier de l’Euphrate », laisse peu de doute sur les intentions de la Turquie. A savoir jouer « un rôle plus actif » dans la résolution de la guerre, dixit les autorités turques. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a pour sa part déclaré que l’offensive avait pour but de « mettre un terme » aux problèmes à la frontière turque. Une zone où, il y a encore quatre jours, un mariage a été endeuillé par un attentat. Au total, 54 personnes sont en effet mortes à Gaziantep.
Soutien américain
Des mesures qui concernent l’Etat islamique, comme ce mardi à Jarablos, mais également les milices kurdes. Ankara voit en effet avec anxiété toute tentative des Kurdes de Syrie de créer une unité territoriale autonome le long de sa frontière. Saleh Muslim, le coprésident du PYD, a vivement dénoncé l’opération sur Twitter: « La Turquie dans le bourbier syrien, sera vaincue comme Daech ».
Le double objectif de la Turquie passe mal aux Etats-Unis. Si Washington a apporté son soutien à l’opération « Bouclier de l’Euphrate » en matière de renseignements, de surveillance et de reconnaissance, elle considère en effet que la présence kurde ne pose pas de problème. Elle considère même que les Kurdes ont fait reculer les djihadistes sur le terrain en Syrie.
Méfiance à Damas
De son côté, Damas voit d’un mauvais oeil ce qu’elle considère comme des intrusions. « Quelle que soit la partie qui mène le combat contre le terrorisme sur le territoire syrien, elle doit le faire en coordination avec le gouvernement syrien et l’armée syrienne qui mène cette lutte depuis cinq ans », ont souligné mercredi les Affaires étrangères. Notamment parce que cette intervention rend encore plus complexe un conflit qui implique déjà plusieurs pays étrangers: les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Turquie du côté des rebelles, et la Russie et l’Iran du côté de Damas. Le régime de Bachar al-Assad ne contrôle plus qu’une partie du territoire, le reste étant aux mains des Kurdes, des djihadistes ou des rebelles.