La République du Sénégal est en train de rendre les honneurs militaires à feu Bruno Diatta. Décédé à son domicile, à Fann Résidence (Dakar), le 21 septembre dernier, le ministre chef du protocole de la Présidence de la République va recevoir des obsèques dignes de son rang. Explications !
C’est une histoire de décret, de morts et d’hommes. Un cadrage solennel de la République sur ceux qui méritent ses hommages militaires. Une décision prise en janvier 2012 et qui donne tout leur sens aux honneurs funèbres militaires rendus ce matin, à Bruno Edouard Diatta, devant les grilles du Palais de la République à Dakar. Où il a servi pendant 40 longues années, sans discontinuer. Le ministre chef du protocole de la Présidence de la République n’a pourtant jamais été sous les drapeaux. Et n’est pas non plus tombé aux champs d’honneur. Donc, pourquoi mérite-t-il des honneurs militaires ? Cette question, beaucoup se la posent, depuis l’annonce de la décision du Palais de lui rendre des hommages militaires.
Mais pour avoir une réponse claire et précise sur le bien-fondé de ces honneurs rendus à Bruno, il faut fouiller le décret n° 2012-99 du 16 janvier 2012, pris à l’époque, par le Président Wade, suite à une réflexion initiée par l’Etat-major général des Armées et qui a abouti à l’adoption d’une nouvelle instruction du Chef d’Etat-major général, relative au cérémonial militaire. Un décret abrogeant et remplaçant les articles 1, 2, 3 et 10 du décret n° 97-298 du 26 mars 1997, relatif aux honneurs funèbres militaires. Et qui a ajouté à la liste des bénéficiaires des honneurs militaires les personnels du Groupement national des sapeurs-pompiers, les ministres… et les dignitaires de l’Ordre national sur demande de la famille du défunt. Un ciblage clair, avec des conditions précises contenues dans la dizaine d’articles qui composent le décret.
Les détails du décret
«Article premier. – Les articles premier, 2 ,3 et 10 du décret n° 97-298 du 26 mars 1997 relatif aux honneurs funèbres militaires sont abrogés et remplacés par les dispositions suivantes : «Article premier nouveau : les honneurs militaires sont des manifestations officielles par lesquelles les Armées de Terre, de Mer, de l’Air, de la Gendarmerie nationale et du Groupement national des Sapeurs-Pompiers expriment leurs sentiments de respect à leurs chefs ou camarades décédés, aux hautes personnalités de l’Etat, aux dignitaires de l’Ordre National.» «Article 2 nouveau. – Les honneurs funèbres militaires sont rendus de droit aux personnalités désignés ci-après, lorsqu’elles sont décédées en fonction – le Président de la République, Chef des Armées ; – le Président du Sénat ; – le Premier de l’Assemblée nationale ; – le Premier Ministre ; – le Président du Conseil Economique et Social ; – le Ministre des Forces Armées ; – les autres membres du Gouvernement ; – le Président du Conseil Constitutionnel ; – le Président du Conseil d’Etat ; – le Président de la Cour de Cassation ; – le Médiateur de la République ; – le Grand Chancelier de l’Ordre National ; Ils sont rendus aux dignitaires de l’Ordre National sur la demande de la famille du défunt. » «Article 3 nouveau. – Les honneurs funèbres militaires sont rendus de droit aux officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes, sous-officiers, militaires du rang en activité de service au moment de leur décès. Les militaires des réserves, présents sous les drapeaux au moment de leur décès, sont traités comme les militaires de l’armée active de même rang.»
Macky Sall rendra un dernier hommage à Bruno
Mais comment rendre des honneurs militaires ? Où les rendre ? Le décret revient dans l’organisation du cérémonial avec forces détails, dans son Article 10 nouveau. «En cas de transfert du corps dans une garnison autre que celle du décès, un piquet d’honneur réduit est fourni au lieu de l’inhumation. Sa composition est fixée comme suit : – un officier, un sous-officier et dix (10) militaires du rang pour le décès d’un officier ; – un sous-officier et cinq (05) militaire du rang pour le décès d’un sous-officier ou d’un militaire du rang.» Si pour les ministres et autres dignitaires de l’Ordre national, le décret n’explique pas les conditions d’organisation des hommages militaires, pour le cas de Bruno Diatta, tout a été réglé comme du papier à musique. Selon le Soleil, qui en a eu la primeur, la cérémonie va démarrer à 11 heures et se tiendra face à l’entrée principale du Palais de la République. La dépouille du chef de protocole de la présidence de la République sera placée sur un commandant-car de l’Armée (véhicule transportant un corps sans vie) de la morgue de l’Hôpital Principal au Palais de la République. Des officiers de tous les corps des armées lui emboiteront le pas, accompagnés de la musique des Forces armées. Avant la prononciation de l’oraison funèbre par le président de la République qui sera déjà sur les lieux avant l’arrivée de la dépouille, le chef du gouvernement va décorer à titre posthume celui qu’on nomme « le serviteur de la Nation». Debout face à son cercueil, face à toutes les autorités républicaines du Sénégal, face à la famille éplorée, face à la Nation toute entière, le Président Macky Sall rendra un dernier hommage à celui qui, pendant 40 ans, a servi son pays. A 12 heures, après les adieux de la Nation à son illustre serviteur, la dépouille du ministre chef de protocole sera acheminée vers sa dernière demeure au cimetière catholique de Bel-Air. Où Bruno reposera aux côtés de son père, Pierre Edouard Diatta et de sa mère, Clotilde D’Erneville.