Souvenir 28 février 1988-28 février 2017: l’arrestation de Wade, les élections, l’état d’urgence, le chaos

28 Février 1988-28 février 2017. Voilà vingt neuf ans (29) ans que se tenait au Sénégal, l’une des élections les plus mouvementées dans l’histoire politique. C’était l’élection présidentielle et législative.  Une élection qui a enregistré après la publication des résultats d’incidents très violents à la suite desquels, l’état d’urgence a été décrété, puis levé, Me Wade arrêté, puis jugé avant d’être reçu en audience par Abdou Diouf, président de la République d’alors. Jamais les Sénégalais n’oublieront de si tôt, les événements de 1988. Flash-Back…, a rappelé Igfm. 

A l’élection présidentielle, seuls quatre candidats étaient en lice. Il s’agissait d’Abdou Diouf, Président sortant, candidat du Parti socialiste (PS), membre de l’Internationale socialiste ; Abdoulaye Wade, leader du PDS, membre de l’Internationale libérale ; Babacar Niang, candidat du Parti pour la libération du peuple (PLP), et Landing Savané de And-Jëf. Aux législatives, le PS avait recueilli 71,34% des suffrages, et remporté 103 sièges sur 120. Le PDS avait obtenu 17 sièges avec 24,74% des voix. A l’élection présidentielle, Abdou Diouf a été réélu avec 73,2% des voix. Me Abdoulaye Wade avait obtenu 25,8% des voix, Babacar Niang, 0,75% et Landing Savané, 0,25%. Aucun des partis d’opposition n’était représenté à l’Assemblée nationale.

Cependant, avant la proclamation des résultats, il y a eu beaucoup d’agitations. Et de violentes manifestions s’en sont suivies, un peu partout à Thiès et à Dakar. Dans les établissements scolaires et universitaires. A la suite de ces incidents, l’Etat avait pris des mesures. Selon le quotidien «Le Soleil» du lundi 29 février 1988, on peut relever le communiqué du ministre de l’Intérieur, signé par André Sonko, interdisant les rassemblements sur la voie publique. On pouvait lire dans ce communiqué ce qui suit : «…pour prévenir tout désordre, les rassemblements sur la voie publique sont interdits et des instructions très fermes ont été données en ce sens aux agents de la force publique». Par Décret n°88.229 du 29 février 1988, l’état d’urgence a été proclamé sur toute l’étendue du territoire de la région de Dakar. Sur la même lancée, le ministre de l’Intérieur avait également signé un arrêté le 29 février 1988 dans lequel il était précisé que «la circulation des personnes et des véhicules sur les voies publiques à l’intérieur de la région de Dakar est interdite de 21h à 06h du matin pendant la période d’application de l’état d’urgence». Il faut noter en somme, que la période post-électorale de février 1988 a été marquée par des séries de casses et de heurts. Des voitures brûlées puis retournées, des magasins saccagés, des stations d’essence en proie aux flammes, tel était le décor du moment. Conséquence : Me Abdoulaye fut arrêté le 29 février 1988 et plus de 200 personnes ont été interpellées.

Procès de Me Wade

Le procès de Maître Wade a eu lieu le 11 mai 1988, après avoir été reporté une première fois. Le verdict a été lors de la dernière audience de la Cour de Sûreté de l’Etat du Sénégal statuant en dernier ressort sur le cas de Me Abdoulaye Wade et ses sept co-inculpés, arrêtés en fin février et début mars. Selon le compte-rendu du journaliste Abdallah Faye dans le Soleil du vendredi 13 mai 1988, «…hormis Boubacar Sall (ancien leader du PDS à Thiès, décédé (Ndlr)), considéré jusqu’alors comme le numéro 2 du Parti démocratique sénégalais, qui a écopé de 2 ans de prison ferme, Badara Camara et Assane Dia, condamnés à 6 mois ferme, le principal accusé, Me Abdoulaye Wade, a été condamné à un an avec sursis, tandis que Me Ousmane Ngom, Abdoulaye Faye et Joseph Ndong, ont été relaxés…». Il était reproché à feu Boubacar Sall d’avoir fait organiser une réunion électorale en dépit de l’interdiction des autorités administratives, d’avoir commandité une opération de jets de pierres par des enfants sur le cortège présidentiel et défié les autorités chargées du maintien de l’ordre. Quant à Me Abdoulaye Wade, le principal accusé, il a vu, selon la Cour, sa responsabilité pénale recherchée que pour les événements de la journée du 29 février 1988. Toutefois, au soir de l’Aïd- El-Fitr (fête de Korité) de la même année, l’ancien président de la République, Abdou Diouf, avait annoncé, toute une série de mesures : levée de l’état d’urgence, proposition à l’Assemblée nationale d’un projet de loi d’amnistie et appel lancé à Me Abdoulaye Wade pour une concertation sur les maux affligeant le pays. Promesses qui furent effectivement tenues. D’ailleurs, le Secrétaire général du Pds, Me Wade avait accueilli favorablement cette initiative. Ayant obtenu le feu vert du Bureau politique du Pds qui, à travers un communiqué en date du lundi 23 mai 1988, avançait comme raison «… répondre à l’appel du Chef de l’Etat en vue d’une concertation pour la recherche de solution aux problèmes économiques, politiques et sociaux graves ainsi qu’aux problèmes de la jeunesse qui hypothèquent l’avenir de notre pays..». Ainsi, Me Wade rencontra Abdou Diouf dans l’après-midi du jeudi 26 mai 1988.

Me Wade, à sa sortie d’audience au palais

«Nous avons pensé aux millions de Sénégalais qui, aujourd’hui, ont le regard tourné vers nous, nous avons mesuré notre responsabilité et croyez que nous avons travaillé d’une manière très sérieuse», tels ont été les propos de Me Abdoulaye Wade, rapportés par Le Soleil du vendredi 27 mai 1988, en réponse aux questions des journalistes nationaux et internationaux, à sa sortie d’audience avec le chef de l’Etat, le Président Abdou Diouf. Avaient assisté à l’audience, le ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la République, Jean Collin et Me Ousmane Ngom, président du groupe parlementaire Pds à l’Assemblée nationale et actuel ministre de l’Intérieur. Me Wade s’était engagé, à sa sortie d’audience, à l’organisation, dans 15 jours, d’une table ronde nationale à laquelle serait convoquée l’opposition. Selon la déclaration de Me Wade lue par Me Ousmane Ngom avant de répondre aux questions des journalistes, cette table ronde devait prendre la forme de commissions correspondant aux secteurs identifiés. A savoir la politique, la jeunesse, l’éducation, l’emploi, l’économique et le social.

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